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Le Sahel N° du 16/6/2016

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Centenaire du Président Diori Hamani : Forger le destin d’une nation
Publié le vendredi 17 juin 2016   |  Le Sahel




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16 juin 1916 - 16 juin 2016: cela fait aujourd'hui un siècle (100 ans) jour pour jour, que le 1er Président du Niger, Diori Hamani, a vu le jour. Dans le cadre de la commémoration de ce centenaire, nous avons rencontré l'historien Mahamane Karimou dit Kalla, qui a bien voulu apporter sa contribution en tant qu'historien mais aussi et surtout en tant que militant du RDA dès son jeune âge.
Pour l'historien Mahamane Karimou dit Kalla, le Président Diori Hamani était un homme d'Etat qui a avantageusement utilisé la conjonction de trois facteurs, essentiels dans la vie de toute nation : le contexte (national et international), les opportunités du moment et les contraintes géographiques qui semblaient condamner son pays. C'est en cela que Diori apparaît, à tout observateur attentif, comme un homme providentiel, a-t-il indiqué avant d'ajouter qu'en effet, lorsque Diori Hamani entre dans l'arène politique nigérienne, la France affaiblie sur le plan militaire et économiquement ruinée par la deuxième guerre mondiale, s'est résolu à concéder des aménagements et améliorations, dont la loi Cadre et les dispositions administratives subséquentes, qui vont relativement libérer la scène politique et permettre aux colonies d'envoyer des représentants dans les institutions françaises, notamment au Parlement.
Dr Mahaman Karimou Kalla a poursuivi en disant que le ministre Adamou Mayaki a rapporté l'incident qui déterminera la carrière politique de Diori Hamani. En effet, à la veille des élections du 10 novembre 1946, Louis Gourgues, français d'origine, interpella les participants à la réunion en ces termes: ''Je me présente parce que je vois qu'il n'y a aucun autochtone capable; cependant, si vous trouvez des candidats, dites-le-moi franchement, je me retirerai et prendrai l'avion pour retourner à Zinder''. Et au nom des autochtones nigériens, confie l'historien, la réaction de Issoufou Saïdou Djermakoye fut directe et sans concession : ''Je pense, que le problème d'un pays doit être réglé par les ressortissants de ce pays''. Cette phrase aura une importance capitale dans l'histoire politique du Niger, car c'est suite à cela que les Nigériens décidèrent de désigner un candidat autochtone pour représenter le Niger au Palais Bourbon. C'est ainsi que, après d'intenses négociations, Diori Hamani, servi par un profil convenable, c'est-à-dire son bagage intellectuel, son charisme, sa patience et son sens inné de la négociation et du compromis politique, fut choisi, a affirmé l'historien.
Selon Mahamane Karimou, leur candidat identifié et désigné, les Nigériens entamèrent des discussions à l'issue desquelles le Parti Progressiste Nigérien (PPN) vit le jour le 12 mai 1946. Par la suite, le PPN deviendra, à l'issue du Congrès de Bamako tenu en octobre 1946, la Section Nigérienne du Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Concomitamment, les Nigériens se lancèrent dans l'organisation du parti et la mise en place de ses structures locales, régionales et nationales. Le PPN ayant réussi à regrouper sous sa bannière tous les cadres et intellectuels nigériens, Diori fut élu au Parlement Français, rapporte Dr Mahaman Karimou tout en précisant qu'avec une fortune diverse, il poursuivit sa carrière politique jusqu'au Référendum du 28 septembre 1958 qu'il mena avec le PPN-RDA pour le maintien dans la Communauté, l'indépendance du Niger le 03 août 1960.
L'historien rappelle que la tâche à accomplir par les tous nouveaux dirigeants du Niger était gigantesque. Réunir au sein d'une seule entité territoriale et politique des communautés plus ou moins indépendantes les unes des autres et dont certaines entretenaient des relations parfois violentes était, selon Dr Mahaman Karimou, une tâche titanesque, dans un pays qui ne dispose ni de façade maritime, ni de chemin de fer, ni de réseau fluvial navigable et dont l'assurance d'échanges internationaux réguliers est tributaire de la permanence de bonnes relations avec les pays dont les infrastructures lui permettent de s'ouvrir sur le monde.

Cette corrélation entre la situation géographique et les contraintes géopolitiques déterminera toute la stratégie du Président Diori dans ses rapports avec les autres nations du monde
Poursuivant ses explications, Dr Mahaman Karimou Kalla rapporte qu'une parfaite lecture des rapports de forces qui régissent les relations internationales a permis à Diori de comprendre très tôt que les Etats nouvellement indépendants d'Afrique de l'Ouest francophone, notamment des pays enclavés comme le sien, gagneraient à ériger des espaces de coopération et d'échange plus solides grâce à la mutualisation de leurs efforts, au renforcement de leur solidarité et à la complémentarité de leurs économies. C'est cette conviction qui amènera le Président Diori à inscrire son action dans la logique d'une intégration économique régionale, dont la finalité sera de transformer les faiblesses originelles des micros États en atouts majeurs dans leur combat pour le développement économique et l'épanouissement social des populations de la région, a-t-il indiqué. Cette conviction, devait-il souligner, prend en compte le fait que quatre des cinq ports maritimes qui desservent le Niger, à savoir Cotonou, Lomé, Abidjan et Alger appartiennent à des anciennes colonies françaises tandis que cinq des sept pays limitrophes sont francophones. Il a rappelé que ces cinq pays ont tous un même héritage colonial, une organisation administrative similaire, des cadres formés dans les mêmes écoles et universités et l'usage du français comme langue officielle, ajoutant qu'autant de traits communs ne peuvent laisser indifférent le Président d'un pays dont la principale équation à résoudre est de desserrer l'étau dans lequel l'enserre sa position géographique.
Le Président Diori, qui est convaincu que seule une intégration régionale basée sur une coopération solide et multiforme peut promouvoir le développement harmonieux des pays de la région et sauvegarder la paix, la concorde et l'entraide entre les communautés qui y vivent, s'investit personnellement dans cette action de sensibilisation, de mobilisation et de rapprochement des anciennes colonies françaises d'Afrique de l'Ouest. Dans son entendement, la consolidation des liens qui unissent les pays francophones de la sous région permettra non seulement de lever les préalables qui bloquent leur développement, de réduire les risques de conflits frontaliers mais aussi d'obtenir une intégration économique, sociale et culturelle qui englobe toutes les populations de la sous-région. Dès lors que la langue française peut être un trait d'union entre pays francophones, servir de creuset au sein duquel seraient harmonisées les positions, aplanies les divergences, apaisées les tensions, rationalisée l'interdépendance régionale, élaborées les stratégies et planifiées les différentes réalisations régionales, le Président nigérien y adhère totalement. C'est dans cette perspective, devait-il rappeler, que Diori et ses amis entreprennent de planifier la création de zones concentriques de développement économique et social qui transcendent les frontières de leurs États et qui tiennent compte des potentialités de chaque pays. Et c'est ainsi que, précisera notre historien, convaincus que la réussite de ces zones dépendra de leur capacité de mutualiser leurs ressources et de conjuguer leurs efforts, ils s'engagent dans la création d'une multitude d'organisations sous régionales et régionales dotées chacune d'une mission spécifique. Au nombre de ces organisations l'on peut citer : le Conseil de l'Entente, qui voit le jour, en 1959; l'Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM) créée le 26 juin 1961 ; la Commission du fleuve Niger, qui tint sa première réunion à Niamey le 2 mai 1962; l'Autorité du Liptako- Gourma ; la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest, CEAO, créée le 31 mai 1972 ; l'Organisation Commune Bénin Niger (OCBN) née le 23 novembre 1964 à Niamey ; l'Union Africaine et Malgache des Postes et Télécommunications (UAMPT) qui tint sa première réunion le 3 juillet 1968, etc. Cet engagement s'est poursuivi avec la création d'Universités et de grandes Ecoles toutes régionales, a-t-il indiqué.
Les présidents Diori Hamani, Houphouët-Boigny, Hubert Maga et Maurice Yaméogo et leurs collègues, en insérant leurs actions dans cette logique régionale, acceptent de substituer au concept d'indépendance intégrale, celui de l'interdépendance qui implique, dans son essence, l'abandon de certaines parcelles de la souveraineté nationale au profit d'accords et de conventions relatifs à des préoccupations supranationales, a déclaré Dr Mahaman Karimou Kalla. Cependant, la réalisation d'un développement économique et social régional intégré et équilibré, grâce à la mise en place de structures sous régionales et régionales de coopération en vue de rendre effective la complémentarité, la solidarité et la solidité des liens entre les pays et les populations d'une même région, ne signifie nullement la remise en cause de la souveraineté des Etats membres. Car pour le Président Diori et ses amis: ''L'unité africaine que nous voulons n'a pas pour but de créer un parlement unique dans un seul gouvernement à l'échelle de toute l'Afrique... Ce sont là des utopies et ceux qui les propagent dans des esprits mal informés ne font que retarder parfois sciemment l'entente entre tous les pays africains...L'unité africaine que nous voulons ... c'est une association d'États qui se fixeraient des objectifs précis et à la mesure de leurs moyens'' [François Martin, 1990, tome 2, page 28]

Se basant sur les échecs des fédérations du Mali et de la République Arabe Unie (R.A.U), devait-il poursuivre, Diori, Houphouët et leurs amis , affirment que si l'entité politique africaine supranationale n'a pas pour socle des institutions sous régionales et régionales à même de lever les préalables, de résoudre les contraintes, de baliser le terrain et de préparer les populations et les administrations à travailler ensemble, l'intégration continentale sera un échec parce qu'éloignée des réalités locales, elle ne reposerait alors sur aucune base solide. En conséquence, ils soutiennent que la création d'une entité politique africaine unique doit être précédée par la mise en place d'organisations sous régionales et régionales performantes et qui évolueront progressivement et de proche en proche vers la création des États-Unis d'Afrique. Dans cet esprit, l'union africaine reposerait sur une association d'États souverains regroupés au sein d'organisations régionales à même de prendre en charge les préoccupations et les spécificités nationales et régionales. Cette démarche provoqua la colère des présidents Gamal Abdoul Nasser d'Egypte, Nkrumah du Ghana, Sékou Touré de Guinée, Ben Bella d'Algérie et Julius Nyéréré de Tanzanie. Tous fervents partisans de la création immédiate des États Unis d'Afrique, accusèrent Diori et ses amis modérés de freiner la création de l'unité africaine, d'œuvrer à la balkanisation de l'Afrique et d'abandonner la défense des intérêts des peuples africains au profit de l'impérialisme occidental. Ils leur reprochent ainsi de mener une politique anti-africaine au profit de regroupements sectaires. Ce qui amène le Président Sékou Touré à rire de ''l'aliénation politique et culturelle'' qui pousse les Houphouët, Diori et consorts ''à troquer le grand boubou et le bonnet contre la redingote et la queue de pie''.hamani diori
Mais, précise l'historien Dr Mahamane Karimou dit Kalla, l'affaire se complique lorsque les ''Modérés'', conduits par les États connus sous le vocable peu flatteur ''du pré carré'' français, entreprirent de faire de l'usage du français un véritable instrument de coopération, d'entraide et de solidarité entre tous les pays ayant cette langue en partage. La France, qui y perçoit un excellent moyen de maintenir ses anciennes colonies dans son giron, tout en les gardant à l'écart de l'influence du puissant Nigeria et des idées révolutionnaires du Docteur Nkrumah, ne décourage pas l'initiative, explique-t-il. Astucieusement, Paris évite d'en être la figure de proue et laisse aux Présidents Senghor, Bourguiba et Diori le soin de concrétiser l'idée. Mais qu'on ne s'y méprenne, pour le Président Diori, le choix du français comme langue de communication avec le reste du monde procède à la fois d'un choix stratégique et d'un choix pratique. Un choix de stratégie interne dans la mesure où il évite la brûlante question de la primauté d'une langue nationale sur les autres, tout en palliant la faible couverture linguistique des langues du pays. Un choix pratique parce que cela permet de saisir les opportunités qu'offre l'usage de l'une des cinq langues de travail des Nations Unies pour faciliter la communication avec le reste du monde et assurer une plus grande portée à la voix, aux points de vue et aux préoccupations du Niger. Pour atteindre ses objectifs, le maître mot de la politique étrangère du Président Diori et de son Gouvernement semble obéir à trois triptyques essentiels : se servir d'un outil linguistique pour raffermir les liens avec les anciennes colonies françaises d'Afrique, se rapprocher et tisser de solides liens avec les autres puissances francophones et s'ouvrir sur le monde, transcender les barrières de la coopération exclusive, a précisé Dr Mahamane Karimou dit Kalla.
Le Président Diori y parviendra avec un certain succès, affirme-t-il, indiquant que s'il y a un domaine dans lequel la politique du PPN-RDA s'est exprimée avec maestria, c'est sans nul doute dans celui de l'utilisation de la langue française comme moyen de consolidation des liens entre pays ayant en commun l'usage du français. A ce titre, dira-t-il, quelques exemples suffisent à attester de la vitalité de cette politique de coopération basée sur l'usage de la même langue: le 26 mai 1970, le Niger et le Canada signent une convention de financement pour l'évaluation des indices de phosphates au Niger ; le 10 août 1970, la construction de la Route de l'Unité financée pour 3,5 milliards de francs CFA est annoncée par l'Agence Canadienne de Développement international (ACDI) ; le 16 décembre 1972, est inaugurée la Route de l'Unité, qui relie le département de Zinder au Lac Tchad, désenclave le département de Diffa et concrétise par un lien physique l'appartenance de cette région à l'ensemble nigérien ; Le 18 janvier 1973, intervient l'inauguration, à Gaya, de ''La flotte de l'espoir et de l'espérance''. Fruit d'une coopération exemplaire, ce projet financé par un prêt canadien et dirigé par la Société Nigérienne des Transports Fluviaux, devait permettre de relier le Niger à la mer.
Mais selon Dr Mahaman Karimou dit Kalla, il serait erroné de penser que la politique de renforcement des liens d'amitié, de coopération et d'entraide poursuivie par le Gouvernement nigérien est exclusive . Bien au contraire, précise-t-il, parallèlement à la consolidation des liens entre francophones, le Président Diori a constamment cherché à étendre la coopération de son pays à d'autres Etats. A titre d'illustration, rappelons que : le 22 mai 1962, le Niger signe avec les États-Unis une convention autorisant ce pays à étudier la réalisation d'un pont sur le fleuve Niger, pour relier les deux parties de la capitale et faciliter le transport des personnes et des biens entre le Niger et la Haute Volta (Burkina Faso) ; le 11 janvier 1963, le Niger et Israël signent un accord de coopération ; le 18 décembre 1967, est posée à Niamey la première pierre du pont sur le fleuve Niger qui sera inaugurée le 16 décembre 1972 et prendra le nom de Pont Kennedy; le 18 mars 1971, est posée la première pierre de la Société d'Exportation des Produits d'Arachides (SEPANI) de Magaria, construite avec un financement conjoint des USA et de la République Fédérale d'Allemagne (RFA). Son inauguration interviendra le 18 novembre 1972 ; le 19 mars 1971, le Niger et l'Allemagne Fédérale signent une convention portant sur l'extension du réseau d'eau et d'électricité de la ville de Zinder.
Se servir de tout ce qui peut consolider la paix, la compréhension, la coopération, la solidarité et l'entraide, semblait être la devise du Président Diori, a rappelé l'historien, tout en indiquant que c'est ainsi qu'une judicieuse mise en valeur de la fraternité islamique lui permettra d'utiliser l'appartenance à la même confession religieuse et culturelle pour proposer le renforcement des liens de coopération de solidarité et d'entraide au sein de la communauté islamique.
Le président Diori a également poursuivi la mise en œuvre d'une coopération internationale multiforme en direction des pays asiatiques, a-t-il dit. En outre, a dit Dr Mahaman Karimou les positions radicales du Président nigérien contre la politique africaine de la Chine et de ses amis communistes auraient pu faire croire que la diplomatie nigérienne bouderait les pays d'Europe de l'Est. Ce qui, a-t-il souligné, s'avère être une grossière erreur car en dépit de l'opposition systématiquement a l'admission de la Chine ''rouge'' au Conseil de Sécurité, le Président Diori ne se priva pas de rechercher, avec les pays de l'Est, une coopération dynamique et respectueuse de la souveraineté des parties en présence. Et Mahamane Karimou de poursuivre : incontestablement, c'est dans les rapports de son pays avec le puissant voisin Nigérian que le génie politique du président Diori a illuminé le cœur de tous les Nigériens. En effet, ses efforts pour renforcer la coopération, la solidarité et l'entraide entre pays francophones n'ont jamais été déployés au détriment des relations avec le Nigeria. L'histoire retiendra qu'en dépit de toutes les menaces, il a obstinément refusé de se rallier à la Côte-D'ivoire, à la France et à d'autres pays francophones dans leur soutien au Biafra, a rappelé Dr Mahamane K.Kalla.
Le Président Diori déploie à partir de ces deux constats, devait-t-il poursuivre, une diplomatie de proximité qui se révélera payante à bien des égards. Premièrement elle lui permet d'exposer de vive voix, auprès d'autres pays, les préoccupations du Niger. Ensuite elle lui donne l'occasion de défendre personnellement et au plus haut niveau les projets soumis à financement par son gouvernement. Enfin elle lui donne l'opportunité d'expliquer le sens de son engagement politique, de justifier ses prises de positions sur l'échiquier international et d'apporter ainsi les éléments pour une appréciation plus objective de son action politique, a-t-il rapporté.

Sur le Plan national, il est difficile d'énumérer toutes les réalisations du régime Diori en l'espace d'une interview.
En effet, parallèlement à la création de l'État et l'acceptation de son autorité par toutes les communautés, groupements et ethnies le PPN-RDA, dont Diori était le Secrétaire Général, devait construire la nation nigérienne, ériger une administration à même d'assurer le fonctionnement régulier des institutions, mettre en place une économie moderne, construire des infrastructures socio-éducatives et désenclaver le jeune état, tout en soutenant les efforts des populations pour prendre en charge leur épanouissement économique social et culturel. Mais, dira Mahamane K.Kalla, c'est surtout sur le plan économique que l'œuvre de Diori et de ses camarades du PPN-RDA a été considérable. Pour soutenir les efforts d'industrialisation, contribuer à la promotion d'entreprises agricoles et industrielles, aider le milieu rural à s'équiper, à acquérir des semences de qualité et des intrants agricoles, le régime Diori, grâce à l'adhésion populaire, a créé la Banque de Développement de la République du Niger (BDRN).
Inaugurée le 4 décembre 1961, elle sera suivie en 1962 par une autre structure financière d'appui et d'intervention, dénommée Union Nigérienne de Crédit et de Coopération (UNCC) dont la mission sera d'appuyer les réalisations dans le milieu rural, de promouvoir les structures coopératives, d'encadrer la production agricole et d'améliorer la productivité et la gestion des projets de développement rural et des aménagements hydro-agricoles. La Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) créée en 1967 va compléter ce dispositif financier d'accompagnement, d'encadrement et de soutien du développement rural et urbain. Elle aura conjointement avec l'UNCC la tâche d'encourager les opérateurs économiques et les travailleurs urbains à s'investir dans l'amélioration qualitative et quantitative de la production agricole. Deux autres institutions financières : le Crédit du Niger et la Société Nigérienne d'Urbanisation et de Construction Immobilière (SONUCI) seront créées avec la BDRN dans le but de soutenir les fonctionnaires et autres agents de l'administration engagés dans la construction, l'acquisition ou l'équipement de logements, explique l'historien.
Pour promouvoir les cultures vivrières, lutter contre les crises alimentaires et la spéculation vivrière, assurer aux populations l'accès aux denrées alimentaires et aux produits de premières nécessités, soutenir l'industrie embryonnaire qui se met en place, accroître la richesse nationale, encourager et soutenir la production nationale, organiser et protéger les petits producteurs et assurer aux exploitants locaux l'écoulement régulier de leurs productions à des prix plus avantageux que ceux proposés par les courtiers, devait préciser Dr Mahaman Karimou Kalla, le régime du Président Diori a créé plusieurs structures. A titre d'illustration, l'on peut citer entre autres, l'Office des Produits Vivriers du Niger (O.P.V.N), l'Office du Lait du Niger (OLANI), la Société Nigérienne de Primeurs (SONIPRIM), la Société Nigérienne d'Exploitation des Ressources Animales (SONERAN), la Société Nationale de Commerce et de Production du Niger (COPRO-NIGER), la Société Nigérienne d'Arachide (SONARA) créée en 1962, la Société des Produits Chimiques du Niger (SPCN), l'Usine d'Egrenage de Coton de Maradi, la Confiserie et l'Abattoir Frigorifique de Niamey ; la Société de parfumerie du Niger créée en 1962 (SOPANI), la Société Nigérienne de Plastique (SONIPLA). Par ailleurs il est créé le 18 septembre 1962, l'Office National des Produits Pharmaceutiques et Chimiques (ONPPC), la Centrale d'Achat et de Distribution, cet Office qui a le monopole de la fourniture des produits pharmaceutiques et chimiques, de l'approvisionnement des pharmacies privées, de la fabrication et du conditionnement sur place des produits de grande consommation comme l'aspirine, la chloroquine et dérivés, les différents types de sérums et d'alcool, certains détergents, etc., est sensé garantir aux travailleurs et aux populations les plus démunis, l'accès aux produits pharmaceutiques, a-t-il dit. En 1963, sont successivement créées la Société Nationale des Grands Travaux du Niger (S.N.G.T.N.) dont les activités embrassent aussi bien le terrassement, la réalisation de revêtement bitumeux, l'hydraulique, les routes, les travaux hydro agricoles que le bâtiment. La MINOTERIE de Tillabéry, la Brasserie du Niger (BRADUNI), la Société Nigérienne de Céramique (SONICERAM) et la Cimenterie de Malbaza. Ensuite, voient successivement le jour la Société Nigérienne de Fabrication Mécanique (SONIFAME, 30 avril 1965 ), la Société Minière de l'Aïr (SOMAÏR, 1er février 1968); la Société des textiles du Niger (NITEX, 30 mars 1968) la Société Niger Peinture (20 mars 1970); l'usine des cuirs et peaux de Maradi (SONITAM, 18 décembre 1971) et la Société d'Exploitation des Produits d'Arachide, (SEPANI, 6 novembre 1972).
En dépit de la faiblesse de ses moyens financiers et matériels, devait expliquer Dr Mahaman Karimou Kalla, le Président Diori a poursuivi ses efforts pour améliorer et étendre le réseau électrique national, consolider et accroître les infrastructures routières et les moyens de télécommunication. C'est dans ce sens qu'il sollicite et obtient, du Gouvernement Fédéral du Nigeria, la connexion de la Société Nigérienne d'Electricité (NIGELEC), héritière de l'ancienne SAFELEC au réseau électrique du Barrage de Kandji. Parallèlement à l'interpénétration économique, sociale et culturelle des différentes régions du pays, la consolidation de l'unité nationale, l'approvisionnement en hydrocarbures, l'écoulement des produits commerciaux, la desserte des principales villes du Niger en direction du Nigeria, de la Côte d'Ivoire, du Ghana, de la Haute Volta (Burkina Faso), du Togo et du Dahomey (Bénin), vers lesquels l'exode saisonnier draine l'essentiel du flux migratoire nigérien, vont jouer un rôle déterminant dans la volonté du régime Diori de construire des infrastructures qui permettent de désenclaver le pays. La construction, par le Canada, de la Route de l'Unité qui relie Niamey à Nguigmi, et la construction du Pont Kennedy par les Etats-Unis ont été les réalisations les plus importantes du PPN dans la lutte contre l'isolement des régions les plus éloignées du territoire et l'enclavement du pays. La Société Nationale des Transports Nigériens (SNTN) et la Société Nigérienne des Transports Fluviaux seront chargées de matérialiser cette volonté de désenclaver le pays et d'accroître la fluidité des circuits commerciaux, a-t-il indiqué.

Dans le domaine des infrastructures socio-éducatives aussi, d'importants moyens ont été déployés par le régime du Président Diori
Dr Mahaman Karimou Kalla de rappeler que pour accroître le taux de scolarisation, multiplier les établissements secondaires, initier un vaste programme d'alphabétisation des adultes, améliorer le fonctionnement et l'efficacité des circonscriptions médicales et élargir la couverture sanitaire du pays. A titre de rappel, en 1958, le territoire du Niger ne disposait que de deux hôpitaux, pour 3 millions 240 mille personnes. L'Annuaire Statistique Nigérien de 1991 révèle que de 1898 à 1960, le Niger ne disposait que de trente 3 médecins, 2 pharmaciens, 1 dentiste, 5 sages-femmes 273 infirmiers certifiés. Un simple rapprochement des données permet de constater qu'il n'y avait dans ce pays qu'un médecin pour 98 000 habitants, un pharmacien pour 1 million 620 000, un infirmier certifié pour 11 878 habitants, 1 sage-femme pour 240 000 femmes. Ces chiffres démontrent avec éloquence le manque de personnel médical, l'inexistence d'une couverture sanitaire nationale et les difficultés d'accès aux soins médicaux les plus élémentaires, a-t-il souligné.
La préoccupation était la même dans le secteur de l'éducation, devait-il poursuivre, et il a donné pour preuve qu'en 1958, à la proclamation de la République du Niger, l'enseignement primaire ne comptait que 136 établissements de 345 classes. Parallèlement, l'enseignement secondaire comptait 2 établissements et 17 classes. En 1960, année de l'accession du Niger à l'indépendance, les chiffres sont respectivement de 192 établissements et 509 classes dans le primaire, contre 8 établissements et 34 classes dans le secondaire. Il ajoute que l'annuaire statistique de 1991 donne les chiffres de 1965 à 1967. Avec un taux de scolarisation d'environ 2% à l'époque, le pays ne disposait, dans l'enseignement primaire, que de 368 enseignants répartis comme suit : public : 325 ; privé : 43. Le nombre d'élèves s'élevait 13895 dont 12864 dans le secteur public et 1031 dans le privé. En 1960, avec un taux de scolarisation dépassant à peine les 3,5 %, le Niger ne comptait au titre de cet enseignement que 65 écoles, 570 enseignants, 546 classes et 22 172 élèves. Dans le secondaire, le bilan n'était guère plus reluisant. En 1958, l'enseignement secondaire comptait 13 enseignants et 546 élèves. En 1960, ces chiffres sont respectivement de 34 enseignants et 1040 élèves. A la même période, les établissements d'enseignement secondaire, qui étaient au nombre de trois: le Collège de Niamey, le Cours Normal de Tahoua et le Centre d'Apprentissage de Maradi, disposaient au total de 12 classes, 12 enseignants, 277 élèves. Dans l'enseignement supérieur la situation est encore plus dramatique. En effet, le Niger qui n'avait ni université, ni institut, ni grande école, était contraint d'envoyer ses quelques rares étudiants dans les universités françaises, l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et plus récemment à l'Université d'Abidjan, a rappelé l'historien.
Sur le plan culturel aussi les réalisations du régime Diori ont été notables à plus d'un titre, devait-t-il ajouter, expliquant qu'à l'instar des autres partis uniques de l'époque, le PPN-RDA a toujours considéré la culture comme le moyen le plus sûr pour rallier les différentes communautés nationales à sa politique, renforcer le brassage des populations, consolider l'unité nationale, cultiver, entretenir et élever à un haut degré la fibre patriotique. En conséquence, la culture, perçue ici comme le vecteur du message fédérateur du parti ne peut se dissocier de ce dernier. Il est donc compréhensible que les structures, chargées de mettre en application l'irréversible imbrication de la jeunesse dans les organes du parti, relèvent et reçoivent leurs instructions de l'organe décisionnel du parti, a-t-il dit. Le PPN-RDA ne dérogea pas à la règle. C'est ainsi que de 1960 à 1972, le Secrétariat Général de la Jeunesse, directement rattaché au Bureau Politique National du Parti, servait de trait d'union entre la Jeunesse du PPN-RDA et le régime, a-t-il dit. Gardien de l'orthodoxie du Parti, devait indiquer l'historien, il était chargé de l'organisation, la sensibilisation, la mobilisation, la formation idéologique et l'encadrement politique de la jeunesse. C'est aussi au Secrétariat National de la Jeunesse qu'incombait la mission de relayer, auprès des jeunes Nigériens, les mots d'ordre du parti, de défendre les idéaux de ce dernier et d'annihiler les actions subversives et autres tentatives de déstabilisation du régime. Structure nationale relayée par des entités décentralisées dans les chefs-lieux de départements et dans les arrondissements, le Secrétariat National de la Jeunesse avait aussi la mission de promouvoir la création artistique, d'asseoir une saine émulation entre jeunes de toutes les régions du pays, de réhabiliter et d'assurer l'épanouissement des valeurs culturelles fondamentales des différentes communautés nigériennes, de faciliter le brassage des jeunes et de développer chez chaque Nigérien l'esprit de tolérance, de partage, de solidarité et de respect de l'autre, a-t-il souligné.
Enfin, la Semaine Nationale de la Jeunesse, qui était organisé chaque année, alternativement dans les différents chefs-lieux des régions, se matérialisait par de véritables compétitions culturelles et artistiques qui regroupaient les jeunes Nigériens de toutes les contrées du pays. Destinée à renforcer la cohésion nationale, à accélérer le brassage inter ethnique et à consolider le respect des spécificités locales et régionales, la Semaine Nationale de la Jeunesse du PPN-RDA avait aussi pour but de consolider le dialogue inter ethnique et d'accroître la compréhension et la solidarité entre Nigériens, a affirmé Dr Mahaman Karimou. Haut lieu de convivialité, de saine émulation et de connaissance des valeurs socioculturelles de la société nigérienne, la Semaine Nationale de la Jeunesse devait également être un espace culturel au sein duquel les valeurs culturelles des différentes communautés nigériennes, sans distinction de race, d'origine, de fortune et de confession, se fécondent mutuellement et s'épanouissent tout en fortifiant la volonté d'agir ensemble, de regarder dans la même direction et d'appartenir à la même communauté de destin, a-t-il rappelé.

Dynamisme dans le domaine des Arts et de la Culture
Dans les domaines des arts, le cinéma va profiter de la passion et du dynamisme de jeunes cinéastes autodidactes comme Oumarou Ganda, Moustapha Alassane et Djingarey Maïga, pour connaître un certain rayonnement, grâce à des films comme Saïtane et Wazou Polygame d'Oumarou Ganda, FVVA, de Moustapha Alassane, Nuages Noirs, Miroir noir et Aubes noires de Djingarey Maïga. Nonobstant cet essor du cinéma nigérien, devait-il poursuivre, c'est sans aucun doute dans le domaine des ballets et du théâtre que le PPN-RDA a accompli son œuvre la plus achevée. En effet, la saine émulation qu'il a réussie à instaurer et à préserver entre les ensembles instrumentaux et les groupes de ballets des différentes régions du pays a permis la création de ballets et de chants considérés aujourd'hui comme des chefs-d'œuvre de la culture nigérienne. Sur le plan purement théâtral, les Troupes de Zinder, de Maradi, de Filingué, de Niamey et d'Agadez, ont constamment mis à profit la Semaine de la Jeunesse pour véhiculer des messages moralisateurs ou entreprendre des critiques objectives du favoritisme, des malversations et des inconduites des responsables politico-administratifs.
Evoquant la politique des travaux communautaires, l'historien a indiqué qu'à l'époque du régime de Diori Hamani, il y avait les travaux d'intérêt national qu'on appelait investissement humain, comme cela se faisait dans les pays socialistes. Les dirigeants du PPN-RDA, dont certains étaient au départ de sensibilité communiste, avaient demandé à la population de prendre en charge la réalisation

Onep

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