Le Niger vit les heures les plus graves de son histoire. Arriérés de salaire qui commencent par s’entasser et ça n’a pas l’air de s’arrêter, misère rurale et urbaine, famine et malnutrition, pénurie d’eau, coupures intempestives d’électricité comme on n’en a jamais connu dans le pays, tout ceci sur fond de malaise social et d’un climat social agité avec des grèves dans presque tous les secteurs de la société. Mais il y a pire. Alors que le régime se targuait d’avoir assuré au milieu de foyers de tension la sécurité des Nigériens et du Niger, voilà que, comme la mendicité qui orne nos villes et la misère ambiante pour les fameux 3N, des événements douloureux que vit le Niger ces derniers temps viennent témoigner de notre fragilité, de notre vulnérabilité.
Et l’on a comme l’impression que la renaissance rime avec malheur, avec malédiction, avec tragédie. On ne sait plus combien de fois, le régime a mis en berne notre drapeau pour donner l’impression d’en souffrir alors que même la mort de 30 Nigériens ne peut pousser le premier des Nigériens à écourter une visite à l’Extérieur pour rentrer précipitamment afin de partager avec l’ensemble de ses compatriotes, les épreuves que la maléfique secte fait subir aux Nigériens, à son armée, à ces familles qui perdent leurs fils et qu’on oublie vite. La récurrence de ces types d’événements a fini par banaliser toute la portée symbolique de la mise en berne qui passe désormais inaperçue dans le peuple. D’ailleurs, l’on se demande, lorsque Diffa vit sous cette psychose de l’insécurité, quand ses populations errantes ne savent plus où donner de la tête, au nom de quelle autre urgence le magistrat suprême, se perd dans ces villégiatures onéreuses, loin des soupirs de son peuple anxieux. Diffa est sous le choc de ces drames qui se répètent, endeuillant des populations qui ont tout perdu : leur sourire, la paix de leur vie rustique, leurs terres, leurs espérances… Elles sont devenues des exilées sur leurs propres terres, harcelées par la satanique Boko Haram.
Ce régime croque-mort, ajouté à ce que par son laxisme la violence routière et la méningite ont fait coûter au pays en termes de pertes en vies humaines, est sans doute de loin, le plus comptable, dans notre histoire, du plus haut tas de cadavres humains. Il est quand même cynique quand on peut se rappeler qu’il avait eu l’audace, sans pudeur, d’en assumer certaines. D’autres aussi lui sont politiquement imputables par sa malgouvernance, pour avoir souvent laissé les hommes au front, sans les moyens de leur mission. Jamais le peuple nigérien n’a été aussi endeuillé que sous ce régime conduit par le désormais célèbre homme du 20 mars 2016 qui est en train d’échafauder une oligarchie, voire une monarchie.
Ce vilain bijou de son bilan macabre qui pend à ses vanités ne donne de lui que l’image d’un pouvoir vampirique qui boit le sang du peuple, enterrant chaque jour que Dieu fait, ici un civil, là deux soldats. Avec un tel régime, il est évident que l’on ne peut plus rien avoir à espérer. Quand on ne voit plus de l’argent à compter dans le pays, l’on a la malchance de ne compter que des morts et Dieu sait le nombre effrayant que font les additions. Avant-hier sept, il y a quelques jours vingt-six, d’autres jours beaucoup…, peut-être souvent des bilans arrangés sur lesquels on ne saura jamais la vérité.
Il est temps de s’arrêter pour réfléchir car, cette situation ne peut être du genre à jouer avec les esprits. L’heure est grave comme dirait l’autre. Il faut que dans l’urgence le régime chancelant des camarades se débarrasse de ses complexes et de ses vanités aussi, pour créer les conditions d’un apaisement, mieux d’une réelle réconciliation dans le pays. Ce sont des problèmes de ce genre qui, mal gérés, pourraient pourrir pour devenir ingérables demain. Les nombreux frustrés, pouvant dans les douleurs de leurs ressentiments, s’associer à l’ennemi pour former ou une rébellion organisée ou juste infiltrer la secte du mal pour tenter de régler leur compte à un pouvoir qui n’a pas su tenir compte d’eux dans la nation. Tous les problèmes du monde ont des profondeurs insoupçonnées de ce genre qui font que la fore, dans bien de cas, ne soit pas la solution appropriée. « Le feu n’éteint pas forcément toujours le feu… ». Il faut y réfléchir, pendant qu’il est encore temps !