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La Nigérienne de la semaine : Mademoiselle Hariettou MAGAH
Publié le mardi 21 juin 2016   |  Nigerdiaspora




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Nigerdiaspora, à travers sa rubrique, «La Nigérienne de la semaine» vous fait découvrir pour ce numéro, une femme spéciale, dynamique, visionnaire et entreprenante, Hariettou MAGAH, consultante en système d’information dans un cabinet conseil à Paris (France). Etant loin de son pays, Hariettou MAGAH a toujours dans l’esprit, son cher Niger, pour lequel elle réfléchie en permanence, sur comment apporter sa pierre à la construction nationale.
C’est dans cette démarche qu’ils ont trouvé, elle et ses amis, l’ingénieuse idée de la création d’une Association dénommée le «Collectif ZZ - Zorros de Zongo », dont la mission est de promouvoir l’entreprenariat au Niger, et au-delà dans toute l’Afrique.

Femme pleine d’expériences et d’idées novatrices pour un développement harmonieux de son pays, NigerDiaspora vous amène ainsi à la découverte de Hariettou MAGAH, La Nigérienne de la semaine, à travers cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder malgré ses multiples occupations.

Faites-vous découvrir à nos internautes ?
Je suis Hariettou MAGAH. J’appartiens à cette grande communauté qu’est la diaspora nigérienne. Je travaille en tant que consultante en système d’information dans un cabinet de conseil parisien. A côté de ça, étant bien entendu très attachée à mes racines, avec des amis, nous avons créé une association, le Collectif ZZ - Zorros de Zongo qui souhaite faire la promotion de l’entreprenariat au Niger et par extension en Afrique.

Je suis sûre que beaucoup de personnes riront et se demanderont « Zorros de Zongo » ? Alors, je vais anticiper : notre association porte ce nom parce que nous souhaitions mettre en avant le côté dynamique de Niamey, à travers son quartier d’affaires, le quartier Zongo. Et pourquoi Zorros ? Pour le côté justicier anonyme, car Zorro porte un masque. En somme, nous sommes des anonymes qui souhaitons apporter notre pierre à l’édifice de la construction du Niger et de l’Afrique.

Parlez-nous de votre parcours académique?
J’ai obtenu mon Bac Scientifique au Lycée La Fontaine à Niamey. Par la suite, j’ai intégré une classe préparatoire scientifique en région parisienne. Ma formation me destinait à intégrer une école d’ingénieurs mais j’ai choisi une voie différente et je suis entrée en école de commerce, Telecom Ecole de Management à Evry, en région parisienne toujours. Les écoles de commerce ou écoles de management pour être plus rigoureux, sont très orientées vers les technologies de l’information et de la communication et je me suis donc tournée vers une spécialisation très généraliste dans les systèmes d’information. Une fois diplômée, j’ai enchainé sur un deuxième master plutôt orienté vers la recherche à l’Université Paris Dauphine. Et je travaille maintenant depuis près de 4 ans en tant que consultante en système d’information.

Ce que je retiens de mon parcours, c’est qu’il est loin d’être linéaire. J’ai fait plusieurs choix d’orientation et de réorientation même. Comme on dit souvent, peu importe le chemin parcouru, l’essentiel c’est l’arrivée et surtout de se donner les moyens pour arriver à ce qu’on veut. Et je n’ai pas fini d’apprendre et d’affiner mon projet professionnel.

Quelle comparaison pouvez-vous faire entre l’extérieur et le pays d’un point de vue professionnel ?
Ce qui différencie l’extérieur et le pays : ce sont les opportunités professionnelles pérennes et un contexte « juste ». Être recruté pour ses compétences et pas parce qu’on connaît seulement quelqu’un. J’entends souvent des jeunes de mon âge se plaindre du système corrompu, de la difficulté de trouver un emploi au pays en adéquation avec ses compétences.

A l’étranger comme on dit, il y a certes des opportunités parce que beaucoup de sociétés sont implantées et que le contexte économique et politique rend favorable le climat des affaires : les investisseurs accourent et créent de la valeur et des emplois. Il y a aussi des points négatifs : des plafonds de verre qui limiteront toujours l’ascension professionnelle vers des postes de décideurs, de direction.

Au Niger, c’est un peu plus compliqué, on part de loin et tout est à faire. Il y a quelques grandes entreprises qui offrent de belles perspectives de carrière, pour le reste, c’est à nous les Nigériens de le créer : créer notre propre valeur, créer nos propres emplois, faire naître et grandir les opportunités qui se présentent.

Qu'est-ce qui vous a poussé vers votre orientation professionnelle actuelle ?
Pas par vocation, c’est sûr ! Comme je l’ai précédemment expliqué, mon parcours n’a pas été linéaire et j’ai dû avoir plusieurs remises en question et prendre en compte plusieurs paramètres. J’ai voulu être ingénieure et ensuite faire une spécialisation en management. J’ai préféré prendre un chemin plus court. J’ai découvert le métier que je rêvais de faire plus jeune, lors d’un stage : le métier d’ingénieur d’affaires. Et puis, je me suis dit : « Non, ce n’est pas pour moi, ce n’est pas comme je l’imaginais ». Et j’ai découvert le métier de consultant, qui était au final une voie plus naturelle de par ma formation.

C’est un métier « école » : la diversité des missions proposées, ainsi que la diversité des secteurs d’activité des clients où nous sommes amenés à intervenir rendent ce métier très attractif et permettent d’acquérir rapidement de nombreuses compétences. On est toujours en quête d’apprentissage, en quête de méthodologies de travail qui permettent de structurer sa pensée et de mener à bien n’importe quel projet.

Quels enseignements avez-vous tiré de votre séjour à l’extérieur ?
Le premier enseignement que je tire est la chance que j’ai eu de pouvoir faire de grandes formations en France grâce à mes parents et ma famille. Le deuxième enseignement est mon amour profond pour mon pays. Et parce que je l’aime, je ne veux pas rester passive, je ne veux pas rester dans le traditionnel « Kal Suru ». J’ai envie de réaliser des choses pour qu’on puisse être encore plus fier de notre pays.

J’ai eu l’occasion de découvrir d’autres pays d’Afrique et je me dis à chaque fois de manière très simple : « Les autres pays avancent, nous on dort ! »

J’ai également appris l’importance de se mélanger aux différentes cultures et diasporas présentes, on apprend beaucoup sur soi-même, sur les autres : on prend du recul pour mieux analyser. Les diasporas africaines présentes en France sont très dynamiques et la diaspora nigérienne a beaucoup à apprendre.

Mais la chose essentielle que je retiens, c’est qu’on parle beaucoup de développement et qu’on se focalise énormément sur des modèles occidentaux qui ne sont ni adaptés au Niger et encore moins à l’Afrique de manière générale. Que nous, membres de la diaspora, nous avons tendance à venir parfois avec des schémas pré-construits et que nous nous disons que cela doit obligatoirement marcher. C’est impossible que quoique ce soit puisse marcher si on ne tient pas compte de nos identités culturelles, de nos défauts qui font nos identités, de nos qualités et surtout de notre manière de fonctionner.

L’Afrique est de plus en plus sous les feux des projecteurs, ne nous laissons pas dicter ce que nous deviendrons demain.

Quel rôle le Niger a joué dans votre cursus scolaire et votre parcours professionnel ?
Le Niger, et en particulier ma culture nigérienne, a été un des moteurs qui m’ont permis d’avancer et il continue à l’être. Le Niger, ses défis passés et futurs, m’ont permis de garder la tête sur les épaules et surtout m’aident à me fixer des objectifs, parfois ambitieux dans la vie, mais au moins à garder une certaine ligne de conduite.

Comment s’est effectué ou se prépare votre retour au pays ?
J’y pense de plus en plus. Des projets sont en cours, on verra comment ils aboutiront…

Que pensez-vous de l’organisation des Nigériens à l’extérieur, aussi bien celle des étudiants, que celle d’autres personnes que vous avez sans doute côtoyées ?
J’ai vu beaucoup de choses intéressantes, des motivations d’organisation différentes mais existantes. C’est important de le souligner. Il y a une bonne dynamique de création de projets à destination du Niger qui est en marche actuellement. Cependant, je reproche les insuffisances déplorables des actions menées : on est souvent dans la donation, l’assistanat pur et dur et non dans la construction pérenne, l’impact et le changement. Nous devons bousculer les consciences : les nôtres et celles de nos concitoyens.

Pour ma part, j’ai choisi la voie de la promotion de l’entreprenariat à travers mon association Le Collectif ZZ- Zorros de Zongo. Notre principal objectif est de faire du social business sur la durée au Niger et en Afrique. Nous avons conscience du rôle que jouera l’entrepreneuriat dans le développement de chaque pays du continent.

Pour ce faire, notre action s’articule autour des objectifs suivants :
Porter des projets au Niger et en Afrique.
Créer un réseau dynamique :
Accompagner les entrepreneurs dans leur développement au Niger :
Valoriser l’image du Niger

En termes de projet, nous avons lancé la Plume des Zorros qui vise à mettre à la disposition de la jeunesse nigérienne, une plateforme afin de la sensibiliser aux innovations actuelles et à promouvoir un esprit entrepreneurial. Nous avons participé à la Journée Culturelle Nigérienne qui s’est tenue en mai 2015, en organisant et en animant la Conférence-Débat autour des Perspectives économiques au Niger.

Nous avons également lancé une communauté l’AlumNi qui se veut indépendante du Collectif (contraction entre « alumni » et Niger) afin de réunir tous les anciens élèves des lycées nigériens et de l’Université de Niamey, constituant la diaspora nigérienne et ceux rentrés au pays. Ses objectifs sont simples:

Capitaliser sur la communauté pour partager de l’information: des offres d’emploi, des articles sur des innovations utiles pour le Niger
Dynamiser la diaspora nigérienne en créant des rencontres et en la représentant au sein des autres diasporas africaines
Lancer des missions de retour d’expérience sur les différents métiers exercés par la communauté auprès de la jeunesse en formation
Soutenir des initiatives entrepreneuriales au Niger
Accompagner les nouveaux arrivants au sein de cette diaspora£

Au regard de l’expérience qui est la vôtre, avez-vous des suggestions à faire en vue de l’amélioration du cadre de vie des Nigériens à l’extérieur ?
Comme je le disais auparavant, les Nigériens de la diaspora s’organisent mais pas encore pour des actions pérennes. Il est temps de voir de véritables projets de développement émerger et que ces projets soient conçus en adéquation avec les besoins de notre pays. Il faut insuffler dans ces organisations, une flexibilité et une certaine souplesse qui leur donnera plus d’agilité pour agir. Nous avons tendance à nous emprisonner dans des schémas hiérarchiques verticaux et tout de suite mettre en avant les problématiques relatives au financement.

Il faut faire vivre nos communautés grâce à un fort réseau professionnel et qu’on ne reste pas que dans la festivité. Il nous faut apprendre à échanger et à partager nos idées, et surtout à travailler ensemble. Tout le monde peut avoir une idée, mais encore plus important, notre idée ne nous appartient pas car au même moment dans le monde composé de quelques 7 milliards d’habitants, plusieurs personnes ont la même idée.

Selon vous, quelles sont les pistes pouvant faciliter l’insertion ou la réinsertion des Nigériens de la diaspora dans leur pays ?
Si c’est dans le cadre d’un retour définitif, déjà il y a un réel effort à faire de la diaspora : de l’adaptation ! Il faut se réintégrer et c’est loin d’être évident, je le conçois.

Dans tout autre cadre, c’est de penser à la jeunesse qui est l’avenir du pays ! A travers la communauté AlumNi, nous avons lancé avec quelques membres et l’ARNF, un projet de missions de retour d’expérience. L’objectif est que chaque nigérien puisse mettre à contribution son expérience et son parcours professionnels afin de permettre aux jeunes nigériens de s’orienter pour leurs formations. En somme, il s’agit de vaincre les préjugés qui ont la vie dure, décloisonner les filières de formation et surtout informer sur les métiers en devenir.

Selon vous, quelles sont les pistes pouvant faciliter l’insertion ou la réinsertion des Nigériens de la diaspora dans leur pays ?
Si c’est dans le cadre d’un retour définitif, déjà il y a un réel effort à faire de la diaspora : de l’adaptation ! Il faut se réintégrer et c’est loin d’être évident, je le conçois.

Dans tout autre cadre, c’est de penser à la jeunesse qui est l’avenir du pays ! A travers la communauté AlumNi, nous avons lancé avec quelques membres et l’ARNF, un projet de missions de retour d’expérience. L’objectif est que chaque nigérien puisse mettre à contribution son expérience et son parcours professionnels afin de permettre aux jeunes nigériens de s’orienter pour leurs formations. En somme, il s’agit de vaincre les préjugés qui ont la vie dure, décloisonner les filières de formation et surtout informer sur les métiers en devenir.

Il y a une citation que je trouve très inspirante et qui selon moi devrait être une ligne de conduite pour tous :” La meilleure façon de rencontrer des opportunités c’est d’en être une nous-même”.
Pour ceux qui sont intéressés par le Collectif ZZ- Zorros de Zongo ou encore par la communauté AlumNi, n’hésitez pas à prendre contact avec notre association. https://collectifzz.com/about/
Votre mot de la fin ?
Je conclurai cet entretien en citant Idé Oumarou qui fut secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (UA actuelle) :“ Voilà donc le Niger : un pays dur, mais attachant, dont la stérilité apparente n’est que la fine écorce des potentialités, nombreuses, mais qui se réserve de toute générosité tant qu’on n’y mettra pas le prix, c’est-à-dire de l’effort soutenu, des moyens et de la foi.”

Merci

Mademoiselle Hariettou MAGAH hariettou hariettou.zz@gmail.com

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