La campagne agropastorale 2016-2017 a été officiellement lancée le lundi 6 juin 2016 par le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, M. Abouba Albadé. Il est en effet une tradition établie que chaque année, le ministre en charge du secteur rural procède au lancement de la campagne agricole et pastorale. Cette année, c’est le village de Mokko, le chef-lieu de la commune rurale de Mokko dans la région de Dosso, qui a abrité la cérémonie. Zone agro pastorale par excellence, la localité choisie est déjà entrée de plain-pied dans la saison des pluies pour avoir enregistré ses premières pluies. Les populations, à 60%, ont effectué les premiers semis.
Depuis Mokko, le ministre Abouba s’est adressé aux producteurs ruraux pour leur dire haut et fort que l’Etat est décidé, une fois de plus, à déployer ce qui est en son pouvoir, pour les accompagner. Une façon pour lui de leur annoncer que le Niger d’aujourd’hui veut un système agricole et pastoral viable, robuste au diapason du monde moderne. L’agriculture et l’élevage qui sont les mamelles de l’économie nigérienne, restent et demeurent trop tributaires des aléas et du dérèglement climatiques, a laissé entendre le ministre d’Etat Abouba Albadé dans son message. Il a rappelé les différentes actions et activités menées depuis cinq ans, ainsi que les avancées réalisées en matière de sécurité alimentaire au Niger. Au plan international, notre pays a organisé, en 2012, la première édition du comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire de l’UEMOA ; il a en outre réalisé, avec trois ans d’avance en 2012, la cible de l’OMD de réduire au moins de moitié, en 2015, la proportion des personnes souffrant de sous-alimentation. Il s’agit d’une prouesse que la FAO a reconnue et saluée en 2013 au cours de son assemblée générale. Cette reconnaissance s’est concrétisée par un témoignage officiel de satisfaction décerné au Niger lors de l’exposition universelle Milan 2015, a dit le ministre d’Etat.
Après avoir souligné le caractère mitigé de la campagne agricole précédente, le ministre d’Etat a indiqué que le Gouvernement a pris des mesures aussi bien en faveur des populations des zones où le déficit a été déclaré, que pour résorber le déficit fourrager. L’opération vente de vivres à prix modérés et d’aliments bétail sur l’ensemble du territoire a été lancée.
Pour cette campagne 2016-2017, des plans de réponse intégrant des dispositions ont été déjà élaborés pour accompagner les paysans en vue de sécuriser les cultures et booster conséquemment la production. C’est ainsi que 3905 tonnes de semences améliorées sont acheminées dans les communes, 16000 tonnes d’engrais sont disponibles et 61000 tonnes sont bientôt attendues, a annoncé le ministre d’Etat. S’agissant de la protection des végétaux et de la lutte contre les ennemis des cultures, le Gouvernement, à travers la CAIMA, dispose de plus de 645. 500 sachets de fongicides, 120.300 litres de pesticides assez pour couvrir 155.000 ha et de plus de 600 tracteurs. Le Centre National de Lutte Anti acridienne a un stock disponible de plus 125 700litres. A cela s’ajoute la formation de 20 inspecteurs phytosanitaires et 78 inspecteurs semenciers pour assurer les contrôles. Pour le secteur de l’élevage, c’est 13000 tonnes d’aliments bétail qui sont acquises par l’Etat et 78 broyeurs à même de traiter 14.300 tonnes de fourrage. L’Etat va mettre l’accent sur le développement de la culture fourragère à travers l’emblavement de 1000 ha de ‘’bourgou’’ et 1500 ha de doliques. La mise en valeur de ces périmètres permettra de produire environ 87000 tonnes de fourrage. A cela viendront s’ajouter le projet pilote de culture de la luzerne, la mise en œuvre de la campagne annuelle de vaccination, ainsi que la surveillance épidémiologique des épizooties majeures et la réalisation de la campagne zoo-sanitaire et des maladies pseudo-hydro-telluriques.
Le ministre d’Etat a fait remarquer que l’importance des investissements prouve toute la détermination du Gouvernement à traduire en actes concrets la volonté du Président de la République de relancer durablement la production céréalière et animale au Niger. Pour y arriver, le ministre d’Etat M. Abouba Albadé a indiqué avoir engagé tous les cadres de son département ministériel à s’investir pleinement pour apporter aux producteurs les appuis/conseils nécessaires pour assurer une efficacité des actions. Le ministre d’Etat a rappelé que l’objectif de tous les investissements est de mettre l’agriculture nigérienne en phase avec l’évolution des temps modernes, précisant que l’agriculture nigérienne étant tributaire des dérèglements climatiques, ne saurait rester en marge du progrès si on veut réaliser, un tant soit peu, la souveraineté alimentaire au Niger et relever le défi de la ‘’Faim Zéro en 2020’’. M. Abouba Albadé pense à un système agricole robuste, mais a prévenu que son avènement exige que ‘’ nous résolvions les écueils découlant du changement climatique’’.
Zabeirou Moussa(onep)
D’importants appuis mobilisés par l’Etat pour accompagner les paysans
La campagne 2016 bat son plein. Selon le directeur général-adjoint de l’Agriculture, M. Abdou Oumani Attou, ‘’au total, à la date du 31 mai 2016, 4.236 villages ont effectué les semis sur les 12.200 villages agricoles, soit 35% contre 12% en 2015. Le cumul pluviométrique le plus important est enregistré à Guilladjé dans le département de Falmey avec 135 mm en quatre jours’’. Selon le directeur général adjoint Abdou Oumani Attou, pour le mil, le stade dominant est la levée, mais au niveau de 8 villages du département de Falmey, on a observé un stade de tallage avancé.
Concernant la situation phytosanitaire, M. Abdou Oumani Attou affirme qu’elle est calme d’une manière générale, même si on note une apparition de sautériaux dans le département de Falmey avec 11 individus par mètre carré. Cent quatre-vingt (180) hectares ont été déclarés infestés, mais 80 hectares ont déjà été traités, indique M. Abdou Oumani Attou qui a rappelé que ‘’la campagne agro-pastorale 2015-2016 n'a pas répondu aux attentes des producteurs… Au total 4. 605 sur 12.200 villages agricoles avaient été déclarés déficitaires, soit 37,74%. Le degré de déficit varie de 50 à 100%. La population des villages déficitaires est de 5.005.663 habitants, soit 717.095 ménages agricoles répartis dans les huit régions et les 266 communes du pays’’. C’est notamment pour éviter ces contreperformances de la campagne passée que le Ministère de l’Agriculture a préparé celle en cours en envisageant cette année des mesures pour appuyer les producteurs dans les zones déficitaires’’.
S’agissant des semences, le directeur général-adjoint Abdou Oumani Attou assure que ‘’les besoins totaux pour la campagne agricole d'hivernage 2016 s'élèvent à 10 845 tonnes en semences de qualité des variétés améliorées et locales adaptées de mil, sorgho, maïs et niébé. Cette quantité va assurer la couverture en semis de 1.084.503 hectares, représentant 14,46% de la moyenne des superficies totales exploitées (7.500.000 ha), au profit de 725.163 ménages, répartis dans les 266 communes. Elle représente également 57,84% de l'objectif de l'Initiative 3N. Le coût total prévisionnel de ces semences est de 9 milliards 169 millions 987 mille 500 FCFA, et devrait provenir de l'Etat et de ses Partenaires Techniques et Financiers. Le financement est acquis pour 3.410 tonnes dont 3.000 tonnes de l'Etat, 330 tonnes de la PAO et 80 tonnes du PPAAO. Le gap à rechercher est de 7.435,305 tonnes, soit un équivalent monétaire de 6 milliards 286 millions 743 mille 695 FCFA’’.
Concernant les engrais et autres intrants, le directeur général-adjoint Abdou Oumani Attou affirme que ‘’les besoins en engrais s'élèvent à 61 325 tonnes pour les engrais minéraux (urée, NPK et DAP) et 1.590 tonnes de compost, tandis que les disponibles sont respectivement de 16 385,65 et 19,65 tonnes. Sur une prévision d'achat de 37.000 tonnes d'engrais minéraux, 11 000 tonnes sont acquises au cours de l'année 2016. Il reste à combler un gap de 34 000 tonnes pour une valeur de 17 milliards de FCFA. Trois adjudications de 4000 tonnes d'urée et 1000 tonnes de 15-15-15 sont déjà obtenues.
Quant aux besoins en fongicides de traitement des semences (374.777 sachets) sont largement couverts, car 645 523 sachets disponibles’’. Pour le matériel agricole, c’est-à-dire les charrettes, houes asines, décortiqueuses, batteuses, pulvérisateurs, il est prévu d'en acheter pour un montant de 621 millions 250 mille FCFA afin de couvrir les besoins des producteurs’’, précise-t-il.
Quid de la lutte contre les ennemis de cultures? Sur ce point tout aussi important, le Directeur général Abdou Oumani Attou est très concis : ‘’120.322 litres de pesticides sont disponibles pour une capacité d'intervention de 155.838 hectares, dont 86.207 litres dans le magasin central et 34.115 litres au niveau des régions. Un marché est en cours pour l'acquisition de 43.600 litres, pour porter la capacité d'intervention globale à 200.000 hectares de cultures pluviales et irriguées. Le dispositif de lutte biologique contre la chenille mineuse de l'épi de mil sera maintenu et renforcé. Pour le cas spécifique du criquet pèlerin, la surveillance et la lutte préventives seront de mise. En effet, le Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA) dispose de 125 750 litres pour une capacité d'intervention de 125 750 hectares. Cependant, pour mener à bien cette surveillance, le Centre aura besoin de 874 357 500 FCFA’’.
Mais, ce n’est pas tout. Le Ministère a d’autres atouts dans sa hotte. D’abord, le contrôle et la certification des semences en vue d’une meilleure productivité; ensuite, la réhabilitation et la confortation de 2.500 hectares de périmètres irrigués et, enfin, le renforcement des capacités des agents d’encadrement et d’appui-conseil aux producteurs, etc. Tout cela a un coût. Le Ministère de l’Agriculture est donc à pied d’œuvre pour le financement complet de ces opérations.