Dakar (Sénégal) - Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé mercredi une stratégie de transformation de l’agriculture africaine pour un secteur agroalimentaire compétitif et inclusif, à même de créer de la richesse, d’améliorer les conditions de vie de ses populations et de sauvegarder l’environnement, annonce un communiqué de cette institution financière africaine parvenu vendredi à APA.
Intitulé « Nourrir l’Afrique : stratégie pour la transformation agricole de l’Afrique, 2016-2025 », le document a été approuvé à l’unanimité, mercredi 22 juin 2016, par les administrateurs du Groupe de la Banque réunis à Abidjan, en Côte d’Ivoire, souligne cette source.
Cette stratégie a fait l’objet d’un examen approfondi par les parties prenantes internationales, les organisations sectorielles et les partenaires, en sus de consultations régionales organisées à Rabat, Kinshasa, Lusaka, Dar-es-Salaam et Accra.
« La stratégie vise à éradiquer la faim et la pauvreté rurale en Afrique dans les dix ans à venir », souligne le communiqué. Pour ce faire, elle mise sur une transformation fondée sur un développement à grande échelle de l’agriculture en tant qu’activité commerciale à forte valeur ajoutée, stimulée par le secteur privé et soutenue par le secteur public, et qui recourt à des mécanismes de financement innovants.
Il s’agit, avance-t-on au niveau de la BAD, de la deuxième des cinq grandes priorités de la Banque, dites Top 5 qui constituent un plan d’action pour la mise en œuvre de sa Stratégie décennale 2013-2022.
«La stratégie de transformation définit 15 chaînes de valeur prioritaires pour des produits de base, en fonction de zones agro-écologiques précises, le but étant d’atteindre l’autosuffisance pour certains produits comme le riz, le blé, le poisson, l’huile de palme, l’horticulture et le manioc », souligne la BAD. Il est question aussi de gravir les échelons des chaines de valeur pour les produits principalement destinés à l’exportation comme le cacao, le café, le coton et les noix de cajou, d’assurer la sécurité alimentaire au Sahel grâce au sorgho, au mil et à l’élevage et d’exploiter le potentiel de la savane guinéenne pour la production de maïs, de soja et de bétail.
« Conduire ce programme de transformation au cours des 10 prochaines années exigerait de 315 à 400 milliards de dollars EU d’investissements, selon les calculs, avec un retour sur investissement annuel de 85 milliards de dollars EU dans l’hypothèse d’un financement intégral », note la BAD. Cette institution révèle qu’elle investira 24 milliards de dollars EU elle-même et mobilisera des financements supplémentaires au moyen de prises de participation (fonds propres et quasi-fonds propres) et d’instruments de crédit et de risque, afin de catalyser les investissements à grande échelle en provenance du secteur privé ainsi que les cofinancements des donateurs traditionnels et des nouveaux acteurs.
Le déficit de financement, évalué à 23 milliards de dollars EU, pourra être comblé grâce à l’utilisation d’outils innovants d’atténuation des risques, et à des financements mixtes en provenance de fonds souverains, de fonds de pension et de capitaux propres, de l’avis de Chiji Ojukwu, directeur du Département d’agriculture et d’industrie agroalimentaire de la Banque, qui présentait la stratégie au Conseil d’administration.
Le Conseil a félicité le personnel et l’équipe dirigeante pour cette stratégie bien conçue, soulignant la nécessité d’en suivre de près la mise en œuvre, en accordant une attention particulière aux aspects liés à l’inclusion, à la gestion des terres et à la mobilisation des ressources. Il a également appelé à tenir compte des petits États insulaires et des États fragiles, et à veiller à l’intégration des questions de politique ainsi qu’au dialogue avec le secteur privé et la société civile.
Pour sa part, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui présidait le Conseil, a souligné le soutien massif apporté au programme de transformation agricole de la Banque par les institutions partenaires telles que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (IFAD) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), ainsi que par le secteur privé et les gouvernements.