Au Niger tout est à l’envers. Et les Nigériens regardent et ne comprennent pas. Même aux temps des régimes d’exception, la sécurité présidentielle n’a jamais été aussi renforcée au point de faire croire que nous ne sommes plus en démocratie avec un président élu, choisi donc par le peuple.
C’est le journal français Paris Match qui nous fait savoir que malgré l’armada qu’il garde dans son palais, Issoufou, le président réélu à plus de 92% n’en est pas pour autant rassuré et il serait allé pour cela chercher chez Hollande, en plus d’argent, « un renforcement de sa sécurité renforcée ». Le président a donc peur. On ne sait plus de qui ou de quoi, mais avec certains signes, c’est à craindre même qu’il dorme bien ces temps-ci.
Pour l’instant, les Nigériens n’ont pas encore eu écho de la lettre que la maléfique secte Boko Haram aurait envoyée pour menacer, auquel cas on pourrait comprendre ses précautions. Mais même là, est-il arrivé qu’il sous-estime sa garde prétorienne pour chercher chez un autre sa sécurité ? Ou est-ce juste un caprice d’ami pour s’enorgueillir d’être le seul président africain gardé par des soldats Blancs, venus directement de France ? Pour les Nigériens cette demande ne se justifie pas. C’est pour dire qu’on ne peut comprendre, la paranoïa surtout pour cet homme que l’on avait dit adoré par le peuple, presque plébiscité avec ce score fantastique de 92%. Les chefs traditionnels qui ont mangé bien la dernière fois chez lui un soir, n’ont pas manqué de rappeler à juste titre ce bel amour du peuple. En vérité, le régime sait qu’il est mal assis. Il sait les conditions tumultueuses dans lesquelles il s’est taillé cette victoire qui a déçu des partenaires et que l’écrasante majorité des Nigériens ne gobe pas aujourd’hui encore. Si ces peurs habitent le président, c’est sans doute parce qu’il sait que sa renaissance a fait du Niger un volcan sur lequel son régime trône, sachant en plus que par son agressivité, il s’est mis luimême en danger. Mais pourquoi avoir peur surtout quand on a réussi à anéantir son opposition condamnée au silence et à « isoler » tous ceux que l’on craint, militaires comme civils ?
Quand on a peur et qu’on ne peut plus le cacher, c’est que l’on a conscience qu’on ne gouverne pas dans la vérité et la justice, dans la tolérance et la grandeur. En martyrisant nombre de Nigériens, en les harcelant à un seuil moralement intolérable, c’est que l’on sait qu’on doit s’être fait beaucoup d’ennemis dans la république. Les peurs sont fondées. A juste titre. N’est-ce pas lecteur ?
Faut-il encore croire que le régime vit seul le secret de son destin pour tenter de le détourner pour s’éviter des déboires prédits ? Il y a du mystère dans ce repli du pouvoir qui soupçonne tout et s’effraie de tout ce qui bouge ou passe.
Aujourd’hui, le régime doit se rendre compte qu’il a été son propre ennemi. En croyant triompher en blessant et en faisant mal à d’autres, il se rend compte qu’il met sur son dos des millions de Nigériens. Il n’est certes pas tard, surtout quand on a de la foi, à revenir à l’esprit de tolérance surtout que le mois que nous traversons dans sa dernière semaine, lui offre la belle occasion de faire la paix avec le Niger et les Nigériens. Il revient au régime de choisir…