Le fameux carton de sucre pour sa moitié, attention dey, ça ne crée pas que de la joie dans les belles familles. Il peut irriter et être accompagné d’insultes, et même, de jets de pierres. Moussa, le principal protagoniste de l’histoire qui va suivre en a fait les frais. Il a payé un fort prix pour sa générosité. Récit…
Le fameux carton de sucre, présent du mec à sa nana, à l’entame du ramadan, ne fascine plus. Ce n’est pas là qu’une conclusion hasardeuse du Hérisson. Le constat est général et il est largement partagé. Tout de même, il ne manque pas ceux qui s’y accrochent. Les conservateurs de la pratique, Moussa en fait partie. Mais comme l’argent du pays est resté bloqué au port de Cotonou et que l’agent de la mairie avec lequel il a signé un contrat de prestation de services n’a eu son salaire que tardivement, alors notre jeune carreleur fut dans l’obligation d’attendre pratiquement la fin de la période de ramadan pour se décharger de son fardeau sentimental.
Ouf ! Enfin, Salamatou aura son sucre le soir du 28 juin 2016, soit 24 jours après l’apparition du croissant lunaire donnant le coup d’envoi du carême musulman. Pour l’événement, son événement du mardi 28 juin dernier, il voulait faire la surprise agréable à sa dulcinée qui pourtant n’en a jamais fait une exigence. Du moins ouvertement !
Pourtant, chez Salamatou, la simple civilité sentimentale, genre « l’argent de l’uniforme », ou « les sous pour la tresse mensuelle » ou même « alcirkarey noru » (prise en charge du petit déjeuner) est la chose la mieux partagée. Aussi a-t-elle attendu son sucre depuis belle lurette et a même guetté plus d’une fois les émissaires de son Moussa. Mais, en vain !
Et, chose plus dure et irritante pour elle, deux de ses voisines de son populaire Boukoki, « des moins pour rien », ont reçu, chacune son carton. Et, même, distribution et large diffusion en ont été faites. Ce fut l’effet d’un coup de poignard dans le dos de la jeune fille. Alors, le cœur de Salamatou s’est soulevé et elle a attendu de pied ferme la belle occasion pour soulager sa souffrance. Le moment tant attendu ne tarda pas à arriver. Lorsque le fameux carton de Moussa a atterrit le mardi 28 juin au domicile familial de Salamatou, il fut accueilli de la plus bonne manière, à la mesure de l’offense ressentie. Au cadeau de Moussa, la tante de Salamatou de répliquer en ces termes : « C’est une offense à notre illustre famille. A la fin du carême, à qui va-t-on partager du sucre ? Aux chiens ou aux moutons du quartier ? Même les animaux n’en voudront pas ».
Les émissaires sont donc réparties comme elles sont venues, c’est-à-dire avec leur fameux carton. Très rapidement la honte de Moussa lui parvint. La honte de sa belle famille également fit le tour du quartier Boukoki. Et, comme la honte court comme le feu, les deux hontes rivales diversement appréciées se répandirent dans les fadas de la capitale. Et les fiançailles entre les deux tourtereaux ?
Elle connut la fin d’une amourette sans âme, c’est-à-dire la rupture.
Après deux ans de roucoucou ! Et, dire qu’ils projetaient un mariage en septembre prochain. Ache dey, le fameux carton de sucre ne draine pas derrière lui que des youyous, il traine aussi des wowowo.