Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi dans la capitale nigérienne Niamey "contre" Boko Haram et "pour" soutenir l’armée durement touchée par les attaques de ce groupe jihadiste nigérian, a constaté un journaliste de l’AFP.
Aux cris de "A bas Boko Haram!", "Vive les FDS" (Forces de défense et de sécurité, ndlr), les manifestants ont sillonné plusieurs rues de la capitale, avant de tenir un meeting devant le Parlement.
Cette manifestation, qui a regroupé des acteurs de la société civile, des syndicalistes et des étudiants, est la deuxième du genre après celle organisée le 4 juin, au lendemain d’une offensive massive du groupe jihadiste Boko Haram contre la ville de Bosso. Cette attaque avait coûté la vie à 26 soldats nigériens et un nombre inconnu de civils.
"Je suis veuve de militaire, j’ai des enfants militaires et des neveux qui sont au front, donc je me sens concernée", a ainsi confié à l’AFP Mme Moussa Sala Rabi.
"Je n’ai pas d’armes, je n’ai pas d’argent à donner (aux victimes de Boko Haram, ndlr), tout ce que je peux faire, c’est le soutien de ce matin", a poursuivi cette sexagénaire.
Portant casquette et tee-shirt blanc, Tahar Sabra, un autre manifestant, "appelle la communauté internationale" à "venir au chevet du Niger". "Si vous voyez comment vivent les gens de Diffa (capitale régionale, sud-est), vraiment, c’est lamentable", a-t-il plaidé.
L’insurrection de Boko Haram, lancée en 2009 dans le nord-est du Nigeria, a fait plus de 20.000 morts et contraint plus de 2,6 millions d’habitants à fuir leur foyer.
La région nigérienne de Diffa abrite plus de 300.000 réfugiés et déplacés internes, dont des milliers vivent aux crochets de la population locale déjà très pauvre, selon l’ONU.
Pour contenir les attaques incessantes et les infiltrations, les autorités ont décrété l’Etat d’urgence, évacué les populations de certaines zones frontalières et fermé des marchés.
Les attaques et ces mesures pèsent lourdement sur l’économie locale, alors que Diffa était déjà confrontée à des crises alimentaires répétées.
En dépit d’un important déploiement militaire dans la zone, l’armée peine à contenir les assauts de Boko Haram.
Vendredi, les chefs d’Etat-majors des armées du Nigeria, du Tchad, du Niger et du Cameroun se sont réunis à Diffa "pour faire le point" sur les opérations militaires.
Après l’attaque de Bosso, Niamey a annoncé une contre-offensive, en coordination avec le Nigeria et le Cameroun, pour prendre "en tenaille" Boko Haram. L’opération, dont la date n’a pas encore été divulguée, se fera "à partir" du sud-est du Niger, sous le commandement de la Force multinationale mixte, avait expliqué Hassoumi Massaoudou, le ministre nigérien de la Défense.