L’office du Niger est un périmètre de culture irriguée aménagée sur le delta intérieur du fleuve Niger à environ 250 Km en aval de Bamako.
Initié par les colons français dans les années 1930, pour la culture du coton au bénéfice des industries textiles françaises, l’ON connaîtra plusieurs mutations avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui : un véritable grenier pour le Mali et la sous-région.
L’Office du Niger a été créé le 5 janvier 1932. Il a fait l’objet d’une multitude de constructions, de restructurations et de réorganisations.
Après l’indépendance, l’office n’échappe pas à la politique de nationalisation prônée par le Président Modibo Keita et sera nationalisé le 19 mai 1961.
Durant les dix années qui ont suivi, l’Office disposait d’une culture aussi nombreuse que variée. Cependant, en 1971, la culture du coton a été abandonnée. Cela, dans le souci de mieux coordonner les efforts concernant cette filière prometteuse pour le Mali.
L’activité de l’Office du Niger n’engendra pourtant pas les résultats escomptés. Ce qui poussa les bailleurs de fonds en 1978 à tenir une table ronde en vue d’améliorer le rendement de l’Office. C’est alors qu’il connut une période de prospérité qui fera de lui, un exemple dans toute la sous-région.
La restructuration de 1994
Cette restructuration a abouti au transfert de certaines fonctions jusque là assurées par l’Office du Niger, à savoir : la réalisation des travaux, l’achat et la commercialisation du riz, l’approvisionnement en intrants et équipements, le crédit agricole, la gestion des infrastructures d’accueil et de formation, entre autres.
Les missions de l’Office ont été recentrées autour de la gestion des eaux, la maintenance des aménagements, la maîtrise d’ouvrage déléguée pour les études et le contrôle des travaux, l’entretien des infrastructures primaires, la gérance des terres et le conseil rural et l’assistance aux exploitants des terres aménagées en approvisionnement en intrants et en matériels agricoles.
Outre cette restructuration, en 2010, l’Office du Niger a connu une grande réorganisation. Ce qui a permis de mieux orienter les activités de l’Office, notamment par la création de cinq directions spécialisées qui sont : la direction de la planification et de la statistique, la direction de l’aménagement et de la gestion du foncier, la direction de la gestion de l’eau et de la maintenance du réseau hydraulique, la direction de l’appui au monde rural et la direction administrative et financière.
Les statistiques de l’année 2012
Au cours de cette année, le total de superficies aménagées a été de 109 034 hectares dont 301 villages. Les exploitations agricoles familiales ont atteint le nombre de 55 212 dont 3733 ont une femme comme chef d’exploitation. Sa population totale est de 389 904.
Les organisations paysannes ont connu un essor important. Elles ont été au nombre de 4327 dont 227 Coopératives, 286 GIE, 281 GIEF, 3 syndicats d’exploitants et 497 autres organisations paysannes de diverses formes dont 100 caisses.
Les équipements agricoles utilisés par la population paysanne sont des charrues, des charrettes, des motoculteurs, des tracteurs, des herses, des décortiqueuses, des batteuses, des mini-rizeries, des bœufs de labour et des ânes.
Productions agricoles
Durant la campagne agricole 2010/2011, 99 102 hectares ont été exploités, le rendement a été de 6,08 tonnes par hectares et la production totale a atteint 602 314 tonnes. Durant celle de 2011/2012, la superficie exploitée en saison a été de 90 988 hectares, le rendement de 6,24 par hectares et la production a atteint 567 225 tonnes. En contre saison, la superficie mise en valeur a été de 20661 hectares sur une prévision de 25 000 hectares. Le rendement de 5,18 tonnes par hectare et la production a atteint 106965,44 tonnes. Quant aux cultures maraichères, leur superficie a été de 7035 hectares.
Prévisions de la campagne agricole 2012/2013
La superficie prévue en saison est de 99 779 hectares dont 89 628 hectares en casier. Celle prévue en contre-saison est de 13 140 hectares. La production totale attendue est de 701 295 tonnes. Les besoins en engrais sont de 8469 tonnes de DAP, 22 581 tonnes d’urée et 2823 tonnes de NPKS.
A la date du 28 février 2012, la mise en valeur en saison (casier et hors casiers) est de 99 261 hectares soit 99,48 % de la prévision. La mise en valeur en contre-saison à la date du 1er mars 2013 est de 3243 hectares soit 24,54 % de la prévision. En maraichage, elle est de 7239,30 hectares avec près de 67 % d’échalote, 8,21 % de tomate, 6,11 % de patate douce. Des attaques de rongeurs ont été signalées sur les pépinières à Ké-Macina, M’Béwani Niono et Molodo.
Les prévisions d’aménagement au titre de la campagne 2012/2013 n’ont pas été atteintes à cause de l’arrêt de plusieurs chantiers dû à la situation du pays. Cependant, les travaux ont pu reprendre à Touraba, Siengo Extension, M’Béwani et Sabalibougou financé par la Banque Mondiale et l’Union Européenne.
Projets et programmes en cours
Le montant prévu pour le programme annuel d’entretien du 2013 du réseau hydraulique est 3 461 765 585 de F CFA dont 633 042 000 sera alloué au réseau primaire contre 1 158 361 400 en 2012. Pour le réseau secondaire, 1 724 708 000 F CFA contre 2 827 404 000 F CFA en 2012. Quant au réseau tertiaire évalué à 1 104 015 585 F CFA contre 1 045 300 840 F CFA en 2012.
Dans le cadre du programme gouvernemental d’aménagement de 103 000 hectares nouveaux sur la période de 2008/2012, un projet d’extension des superficies aménagées a été mis sur place dont 60000 hectares à l’Office du Niger.
Cinq programmes d’aménagement sont actuellement en cours. Il s’agit de celui du Millenium Challenge Account (MCA) sur une superficie de 16000 hectares, de celui de N-Sukala sur une superficie de 20000 hectares, de celui du sucrier de Markala, SOSUMAR, sur une superficie de 15000 hectares. Dans le cadre de l’UEMOA, un programme d’aménagement de 11000 hectares est en cours ainsi que MALIBYA aménage 100000 hectares. Outre ces programmes, deux travaux d’aménagement sont aussi en cours. Celui de Siengo extension sur une superficie de 1722 hectares et de l’Union Européenne en partenariat avec la Banque Mondiale sur une superficie de 2200 hectares à Sabalibougou.
Quatre travaux de réhabilitation, tous pilotés par les Pays-Bas sont en cours.
Le premier est situé dans la zone de Kogoni sur 7000 hectares, le deuxième à Kokry sur 1500 hectares, le troisième à Choualani Siribalacoro sur 350 hectares et le quatrième est situé sur la plaine Amont sur 300 hectares.
Des travaux d’extension de 2500 hectares à M’Béwani et d’autres travaux de réalisation du drain collecteur du kala supérieur est financé par l’UE. L’actualisation de l’étude du casier de Sossé Sibila sur 3050 hectares est pilotée par la coopération canadienne. Si pour la plupart des projets des fonds ont pu être mobilisés, ce n’est pas le cas pour celui de Ziraninikoro. Ce projet s’étend sur 390 hectares dans le casier de Kémacina.
Situation du foncier et le budget 2013
Le potentiel de superficie de la zone Office du Niger est de l’ordre de 2 458 506 hectares. Les attributions résiliées représentent 368771 hectares, celles à résilier 53020 hectares. La situation du foncier est actualisée chaque année au mois d’octobre.
Le budget 2013 prévu est de 28,099 milliards dont : 5,792 milliards pour les ressources internes, soit 20,62 % des prévisions des ressources, 1,430 milliards FCFA émanant de l’Etat, soit 5,09 % des prévisions des ressources, 20,876 milliards de FCFA par les partenaires techniques et financiers, soit 74,30 % des prévisions des ressources.
Ce budget a été construit entre autres sur les hypothèses suivantes : la diminution des concours de l’Etat (1,3 milliards contre 1,571 en 2013 et une dotation de 3,143 milliards en temps normal), et le retour à la normale en matière d’appuis des PTF.
Contraintes générales et difficultés actuelles
L’Office du Niger dans son activité est confronté à plusieurs difficultés que sont : l’insécurité de la zone, la mobilisation du compte Etat, la signature d’un arrêté portant « redevance des baux », des difficultés de recouvrement du crédit agricole, le faible niveau d’équipements des exploitations et des difficultés de recouvrement de la redevance des baux en exploitation.
Quant aux contraintes, elles sont entre autres, l’insuffisance de financements pour les aménagements et les réhabilitations, les difficultés de mobilisation des fonds entre l’Etat et les Partenaires Techniques et Financiers, l’absence d’unités industrielles de transformation et de conservation des produits maraîchers, des difficultés de fonctionnement des organisations paysannes, l’insuffisance du système de drainage et la prévalence des maladies liées à l’eau.
Concernant les perspectives à court terme, il y a la diversification (extension de la culture de pomme de terre, introduction de la culture du mais à plus grande échelle…), l’amélioration de la gestion de l’eau (renforcement des capacités de l’encadrement, meilleur entretien des ouvrages…), la relecture du décret de gérance et l’élaboration d’un contrat-plan.