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Dans le sud du Niger, les enfants continuent de mourir de malnutrition
Publié le vendredi 15 juillet 2016   |  AFP


Le
© AFP par ISSOUF SANOGO
Le Noma est une maladie polymicrobien, infection gangreneuse Souvent en raison de plusieurs facteurs, parmi lesquels la malnutrition


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Souffle court, yeux révulsés, masque à oxygène sur le nez: Hamissou, un bébé d'à peine six mois, gît, dans un état désespéré, sur la table de réanimation de l'hôpital de Mirriah, dans le sud du Niger, victime d'une malnutrition qui fait des ravages chez les enfants dans ce pays parmi les plus pauvres du monde.

Réanimé une première fois, il est retombé dans le coma. Si son état ne se stabilise pas rapidement, une pénurie de sang au cerveau risque de l'emporter, indique une source médicale.

Le diagnostic a révélé que le garçon souffrait de "malnutrition et déshydratation sévères" et de "problèmes de circulation sanguine".

- Brassard tricolore -

Ses parents, qui vivent dans un petit village satellite de la ville de Mirriah, l'ont emmené à l'hôpital en dernier ressort.

Hagarde, yeux remplis de larmes, Indo, une proche de Hamissou, soupire: "il était malade depuis des semaines et on a tenté de le guérir avec les moyens de bord".

"Ils lui ont d'abord administré des décoctions de plantes", déplore le Dr Fatoumata Diaouné, médecin à ALIMA, un projet nutritionnel et de santé, implanté à Mirriah, dans la région de Zinder, et financé par l'Union européenne.

Pendant que le petit Hamissou lutte contre la mort, dans les salles voisines, d'autres mamans, visiblement angoissées, agitent des petits éventails pour soulager de la chaleur leurs enfants squelettiques couchés sur des lits.

Tous souffrent de malnutrition sévère, fatale pour les enfants lorsque l'insuffisance de l'alimentation se greffe à des maladies telles que le paludisme, les diarrhées ou les pneumonies.

Plus loin, l'ambiance est plus joyeuse: assises sur les bancs en bois, une dizaine de mères arborent de larges sourires et s'apprêtent à quitter l'hôpital. Leurs enfants victimes de malnutrition viennent d'être déclarés "guéris".

Avant de retourner dans leurs villages, elles reçoivent un "périmètre brachial", un brassard tricolore qui leur permet de surveiller elles-mêmes l'état de leurs enfants et de vérifier s'ils ont trop maigri en contrôlant la grosseur de leur bras.

"Chaque semaine, elles doivent mesurer. Dès que ça dépasse le vert, elles doivent les ramener" à l'hôpital, explique un responsable d'ALIMA.

"On a bien compris: si ça tombe dans le rouge alors la malnutrition est encore là", résume, Koubra, une mère de 30 ans, qui caresse la tête de sa fille de 13 mois requinquée après une semaine de soins.

- Le taux de malnutrition grimpe -

Avec son million d'habitants, la région de Mirriah fait partie des zones du Niger où la malnutrition sévit sous une forme grave.

"On est en pleine pic de la malnutrition, on a jusqu'à une quarantaine d'admissions par jour", avance le Dr Fatoumata.

Le taux de décès atteint 5%, relève-t-elle. "Ici, ce sont plus de 25.000 enfants malnutris qui sont traités chaque année", glisse Sayadi Sani de l'ONG nigérienne Befen (Bien-être pour la femme et l'enfant).

En dépit des efforts déployés par les ONG et les autorités locales, le taux de malnutrition pour l'ensemble du pays continue de grimper: de 13,3% en 2013, il est passé à 14,8% en 2014 puis à 15% en 2015, soit le seuil d'urgence" fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dans ce pays aride, le deuxième plus pauvre du monde selon le classement du Programme des Nations unies pour le développement, la malnutrition chronique, qui compromet le développement physique et cognitif, touche les enfants de moins de 5 ans.

Entre janvier et avril, plus de 176.000 enfants, dont plus de 69.500 victimes de malnutrition sévère, ont déjà été traités dans ces structures spécialisées, selon les ONG.

Les maladies infectieuses, le manque d'eau potable et d'hygiène "contribuent significativement à la détérioration" du statut nutritionnel des enfants. Mais Rabi Sani, une assistante sociale de Mirriah, compte la persistance de "croyances ancestrales" parmi les facteurs qui favorisent la malnutrition en milieu rural.

"Les interdits alimentaires", poussent les mères à "priver" leurs bébés du lait maternelle après l'accouchement et aussi de certains aliments riches en vitamines", dénonce-t-elle.

Ces femmes "racontent que manger des oeufs rend leurs enfants sourds et muets" ou "que consommer de la viande fera d'eux des mendiants. Il aussi combattre ces croyances sordides !", tranche-t-elle.

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