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Barrage de Kandadji : Victime d’argent ou d’incurie politique ?
Publié le dimanche 17 juillet 2016   |  Le Courrier


Barrage
© Autre presse par DR
Barrage de Kandadji : Le lancement de l`avis de pré-qualification
Barrage de Kandadji : Le lancement de l`avis de pré-qualification prévu courant ce mois d`août.


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Le barrage de Kandadji est l’un des plus vieux rêves du Niger indépendant. Il aura fallu pratiquement un demi-siècle pour voir les partenaires extérieurs du Niger, notamment la Banque mondiale, convenir que Kandadji est un projet pertinent qu’il faut nécessairement réaliser. Pas uniquement pour le Niger. Car, au-delà des profits immédiats pour le Niger qui y tirera son indépendance énergétique et probablement son autosuffisance alimentaire, toutes choses qui expliquent son caractère vital pour notre pays, Kandadji est également un déterminant de l’écosystème sous-régional. Son importance n’est donc plus à démontrer.

Rien que sur les deux volets de l’énergie et de l’autosuffisance alimentaire, le Niger fait face, depuis des temps immémoriaux, à des crises dramatiques. Actuellement, le courant électrique fait défaut, marchant par intermittence pour alimenter une économie mise à rudes épreuves par une gestion calamiteuse des ressources et finances publiques. Au plan alimentaire, depuis cinq ans aujourd’hui, des millions de Nigériens ne doivent leur survie qu’à l’assistance spontanée et généreuse des organisations humanitaires internationales. Plus de deux millions de compatriotes sont actuellement, encore, en insécurité alimentaire. Et lorsqu’on sait que le nord-est du Nigéria traverse une famine des plus sérieuses, il faut bien craindre le pire avec l’afflux de populations supplémentaires vers le Niger. Cette désolation, le Niger aurait pu l’éviter avec la réalisation du barrage de Kandadji. Pendant de longues années, alors que le Niger de Diori Hamani, de Seyni Kountché et d’autres ont échoué à obtenir les financements nécessaires à sa réalisation, voilà que, en 2008, suite à de grandes batailles diplomatiques et financières, la totalité des financements étaient acquis. Un ouf de soulagement pour le Niger qui a, pour la première fois, entrevu les feux de l’espoir. L’espoir d’une vie meilleure pour ses fils qui ont vécu, dans des douleurs indescriptibles, les affres de la faim et de la soif. Le Niger tenait dans ses mains les clés de son destin. Et pourtant…

Pourtant, tout va voler en éclats. En 2010, lorsqu’il arrive au pouvoir à la faveur du coup d’Etat qui a mis fin à la folie politique de Mamadou Tandja et de son sordide tasartché, Salou Djibo va poser un acte grave dans la gestion de ce dossier sensible. Il cherche et trouve un maître d’ouvrage. Une obscure société russe du nom de ZVS qui a connu des déboires dans des pays comme l’Algérie où elle a été chassée avec un coup de pied dans le derrière. De fait, ZVS ne va rien faire de tout ce qui est attendu de sa part dans le contrat signé. Les autorités de la Transition le savent bien mais de toute évidence, leur souci est ailleurs. De fortes commissions ont été empochées dans cette affaire et ZVS a continué à bénéficier de décaissements réguliers alors qu’elle n’a posé aucun coup de pioche sur le terrain. L’argent devant servir à la réalisation du barrage s’est rapidement évaporé à coups de décaissements fantaisistes qui se sont poursuivis sous Mahamadou Issoufou, alimentant à la fois, dans un deal exécrable, les comptes bancaires de certains dignitaires du régime et de ZVS. En réalité, ce sont la gabegie et l’irresponsabilité politique qui ont coûté cher au barrage de Kandadji. Gabegie et irresponsabilité qui frisent le crime économique, tant le ministre de l’Equipement de l’époque, et même le Premier ministre Brigi Rafini ont régulièrement visité et constaté la consternation du site devant accueillir le barrage. Combien de fois Brigi Rafini a déclaré que les travaux allaient débuter dans des délais clairement définis ? Mahamadou Issoufou n’at-il déclaré aux populations nigériennes, lors de sa campagne politique dernière, que l’intégralité des fonds sont d’ores et déjà acquis ? Lors de la réunion de haut niveau, c’est certainement pour dénoncer la mauvaise foi de ce discours fantaisiste que le représentant de la BAD a déclaré que la totalité des financements étaient déjà acquis depuis 2008. Si, donc, Brigi Rafini a cru devoir dire, à l’intention de ses compatriotes, que « notre objectif, c’est le démarrage des premières turbines de la centrale électrique et l’opérationnalisation des aménagements à l’horizon 2020 », c’est qu’il connaît parfaitement la nature des causes qui ont presque hypothéqué la réalisation du barrage de Kandadji. Selon un technicien qui a requis l’anonymat, donnez-leur 50 ans, ils ne pourront pas réaliser Kandadji car telle n’est pas leur volonté. Où en est-on avec la mise en valeur de la vallée de l’Irhazer ? Le même Brigi, relançant un vieux dossier initié par Hama Amadou, a pourtant obtenu l’accord de principe d’Areva pour apporter les financements nécessaires.

Aujourd’hui, le site du barrage de Kandadji ressemble à un vaste cimetière anthropologique. Brigi Rafini, sans gêne, annonce que c’est un projet qui tient à coeur à Mahamadou Issoufou. Pourtant, il a trouvé, déjà acquis, la totalité des financements requis et… cinq ans pour le prouver. Et comme pour montrer que ses motivations sont ailleurs, c’est Gorou Banda, un projet non porteur car produisant en fin de compte de l’électricité qui va coûter trois fois plus cher aux consommateurs nigériens que Mahamadou Issoufou a construite. En lieu et place de Kandadji.
Laboukoye

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