Un calme précaire règne sur le paysage politique nigérien. Chacun se demandant de quoi demain sera-t-il fait, tant du côté de la majorité que de l’opposition. La cohorte d’alliés de la Renaissance Acte II est plongée dans un silence assourdissant. La MRN, Mouvance pour la renaissance Niger est mourante et elle peine à avoir un héritier. L’opposition, dans son coin, se complait dans un sourire de satisfaction. Et le président Issoufou dans tout ça ?
Le climat politique nigérien, quoique calme, est révélateur d’un malaise profond voire d’un clash imminent. L’insatisfaction est dans tous les recoins de la société. Dans les arcanes du pouvoir, les partis alliés du PNDS-Tarayya, le parti au pouvoir, ruminent leur colère et désillusion. Ceux qui ont été humiliés lors de la formation du pléthorique gouvernement de 43 membres se demandent comment prendre leur revanche. A l’intérieur du PNDS-Tarayya aussi trois blocs se font une « guerre fratricide »souterraine.
Le premier est celui des « oubliés », ceux-là même qui ont fait la traversée du désert avec le parti rose, mais qui sont marginalisés depuis l’accession à la mangeoire nationale. Ils regrettent toutes ces années perdues à défendre un parti auquel ils avaient fermement cru mais qui s’avère aujourd’hui une piètre organisation de surcroît ingrate envers ses fidèles.
Le second est composé de tous ces militants purs et durs qui avaient cru profondément à l’idéologie socialiste et à la capacité du PNDS-Tarayya à gérer le Niger autrement mais qui voient l’amère pilule bloquée en travers de leur gorge. Le pays est presque à terre, son économie désarticulée, sa sécurité légendaire volée en éclat, l’entente de ses fils et filles torpillée, son éducation hypothéquée, sa santé publique assommée, bref, le Niger est rendu malade par ses gouvernants qui ne semblent plus avoir le remède à son mal. Dans ce groupe, on retrouve aussi bien ceux qui profitent pleinement du gâteau national, de part, les postes et autres marchés publics dont ils bénéficient que ceux qui sont laissés pour compte. Personnellement ils sont bien. Leur seul problème est la situation quasi-chaotique de leur pays qu’ils ont du mal à reconnaître après seulement un peu plus de 5 ans de gouvernance d’hommes et femmes qu’ils ont aidés à conquérir le pouvoir d’Etat. Ceux-là sont ce qu’on pourrait appeler « les quelques patriotes » ayant survécu de la bourgeoisie soudaine des socialistes nigériens. Ils ont mal mais se taisent aussi, convaincus de leur part de responsabilité dans la situation qu’ils réprouvent tant.
Le point commun à ces deux blocs est qu’ils sont tous mécontents mais demeurent silencieux parce qu’ils savent que toute prise de position contraire à la direction tracée par le président Issoufou engendrera inexorablement des représailles. Et en la matière, le camp présidentiel est sans pitié aucune. L’exemple de Hama Amadou est un cas d’école. Ce faisant, on déplore, on condamne et on critique mais seulement au fond de son coeur ou à la rigueur dans son salon feutré et insonorisé devant des gens « sûrs » parce que partageant la même vision des choses. Mais pas question d’une quelconque déclaration publique. Oui, en public, il faut toujours, même si c’est à contrecoeur, chanter des louanges imaginaires, glorifier une gouvernance désastreuse, le tout étant de se mettre à l’abri de la foudre présidentielle. Là, on attend patiemment que le rapport de force change de direction pour extérioriser ses pensées et dire les vérités auxquelles l’on a toujours cru. Et si le rapport de force ne devait jamais changer, alors, il faut vivre et mourir dans son hypocrisie. Pour l’instant, en tout cas, il est hors de question de se placer dans l’oeil du cyclone Renaissance. Et enfin, il y a le troisième groupe, qui réunit les inconditionnels non pas du PNDS-Tarayya mais du camarade Issoufou Mahamadou. Ceux-ci n’ont de vision et d’ambition que le président de la République. Peu importe que ça marche ou non, peu importe que le pays avance ou non, peu importe que le Niger qui, il maudit etc.) advienne que pourra. Pour cette catégorie, tant que les desideratas du Grand Camarade sont satisfaits plus rien, plus personne n’a d’importance. Eux ne se soucient nullement du pays et de son devenir. Leur raison d’exister est : servir Issoufou Mahamadou. Point barre. Ce sont eux qu’on pourrait appeler « les extrémistes roses ». D’eux, il ne faut rien espérer de bon pour le Niger.
Comme le président Issoufou, ils savent pertinemment que leur salut n’existe que dans la force. Alors, quoi qu’il en coûtera, quitte à tout laisser s’effondrer, il ne faudra jamais se hasarder à perdre la haute main sur la force, seul pilier de survie. En conséquence, l’économie nationale peut s’effondrer, le malvivre des populations peut se généraliser, l’insécurité peut s’aggraver dans des parties du pays, tant que Niamey et la présidence de la République resteront sous contrôle, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Ce qui est sûr, on ne peut pas gérer un Etat de la sorte et tôt ou tard, la machine finira par se gripper et bonjour les dégâts ! Que Dieu sauve le Niger !