Il y a quelques semaines de cela, les membres du gouvernement de Brigi Rafini étaient en atelier dans le luxueux cadre du CARAIBE, un hôtel haut de gamme que très peu de Nigériens connaissent. C’est ce cadre qui a été cette fois-ci préféré au Parc du W où d’habitude Gandou Zakara réunissait ses gros messieurs. L’enjeu en vaut la taille car ce n’est pas toujours que l’on voit des ministres réunis en atelier. Organisé par le secrétariat général du gouvernement, le séminaire, disons l’atelier, a pour thème « La modernisation du travail de l’Etat ».
Pertinente préoccupation pour le sieur Gandou Zakara, mais aussi principale énigme qu’il aura à résoudre tout le long des cinq années à suivre. L’on se demande d’ailleurs la raison pour laquelle une telle initiative a attendu la seconde mandature du Président Issoufou pour voir le jour.
Que peut-on espérer d’une telle initiative ? Franchement, beaucoup de Nigériens ont apprécié la tenue de cet atelier pour diverses raisons. Les organisateurs ont beaucoup tablé sur la solidarité, la discrétion et l’efficacité qui doivent prévaloir dans la conduite des actions gouvernementales. Ils ont tellement martelé sur la solidarité et la discrétion qu’on a eu l’impression qu’en réalité quelque chose a toujours cloché dans ce sens. En effet, qu’on le dise ou pas, les Nigériens savent très bien que le cooptage des ministres effectué selon le jeu du partage a toujours donné naissance à une équipe gouvernementale éparse, souvent désunie à travers laquelle les uns et les autres se lancent des flèches. Combien de fois a-t-on enregistré des heurts et des invectives à un haut niveau pour blocage mené exprès sur tel ou tel dossier? Sur le point de la discrétion, le jeu en valait la chandelle aussi, surtout quand on voit les fuites flagrantes qui minent l’action du gouvernement. Regardez juste comment ces listes signées par de hautes personnalités ont atterri dans les mains des journalistes qui les ont balancées sur les ondes et dans les journaux. Des pratiques courantes qui ont eu lieu avec tous les régimes passés et qui sont restées discrètes et inconnues ont été mises à jour sous le règne du Gury system. Amateurisme criard, fuite en avant, irresponsabilité mais aussi triste réalité d’un régime qui ne contrôle plus son administration à plus de 80%, sinon plus. En tout cas, à Niamey, ce n’est un secret pour personne que l’essentiel de l’administration n’est pas avec le Gury system. Voilà l’une des raisons principales pour lesquelles les scandales et autres actes tordus posés par le gouvernement au plus haut niveau sont sus par le commun des mortels.
C’est donc de bonne guerre que cet objectif qui recherche la cohésion et la discrétion au sein de l’équipe gouvernementale soit le fer de lance de cet atelier organisé par le secrétariat du gouvernement. Pour notre part, nous donnons doublement raison à Gandou Zakara, l’initiateur principal de cette action. En effet, au regard de la vieillerie qui compose l’équipe gouvernementale, nous pensons qu’il est plus que nécessaire de parler de « modernisation ». Cependant, que de vouloir moderniser l’action gouvernementale, commençons par parler de modernisation des acteurs. S’il vous plait, il a été relevé au cours du premier gouvernement qu’il y avait des ministres qui ne pouvaient même pas mettre un ordinateur en marche. Pour la présente équipe, l’on ne serait pas surpris qu’une telle indélicatesse prévale On les connait pour les avoir vus à l’oeuvre depuis fort longtemps sur la scène politique nigérienne. Les mêmes, toujours les mêmes brebis galeuses qui retournent juste de veste pour s’accrocher à la mouvance en cours. Depuis très longtemps, depuis l’époque où l’internet, l’ordinateur et même le cellulaire n’étaient nés, ces ratatinés étaient aux affaires. Par conséquent, ils ignorent tout ou presque du numérique qui est en vogue à l’heure actuelle. Et, sachant très bien qu’ils n’ont aucun goût pour l’apprentissage, beaucoup n’ont pas pensé se recycler. Au fait, les magouilles pour se remplir les poches pourraient-elles les laisser à faire un choix de se remettre à l’école ? Pas du tout. Conséquence, pour la plupart ce sont des archaïques en déphasage avec les nouvelles initiatives et technologies qui nous gouvernent. Il est donc tout à fait normal que ces gens se remettent à l’école de l’apprentissage. Chapeau donc à Monsieur Gandou Zakara ; sauf que les termes de références devaient être révisés pour inclure la connaissance et l’usage des nouvelles technologies. Du reste, le peuple nigérien reste pantois quant à de telles pratiques qui viseraient à remettre à niveau des ratatinés qui ne peuvent désormais plus travailler sans des lunettes correctrices ou qui rechignent à poser un regard sur la lumière de l’ordinateur. C’est une fuite de capitaux qu’on aurait épargnée au peuple nigérien, juste en faisant des choix orthodoxes. En effet, dans toutes les formations politiques, il existe des jeunes cadres qui peuvent assurer de manière beaucoup plus efficace les taches à eux confiées. Ils sont compétents, imbus des derniers savoirs technologiques. Pourquoi ne pas les proposer au lieu de rassembler dans une équipe gouvernementale des vieillards ayant consommé la retraite depuis des années ? Le secrétariat général du gouvernement qui a senti la nécessité de corriger ses insuffisances est au parfum donc de ces réalités. Il doit prendre ses responsabilités et proposer à qui de droit de bien recruter ses ministres et autres cadres ; au lieu de réunir des vieillards qui, pour la plupart ont passé le temps dans leur chambre d’hôtel.
