Depuis son évacuation sanitaire vers la France peu avant la présidentielle du 20 mars dernier, Hama Amadou, le président du MODEN FA Lumanaafrica demeure dans un silence de tombe. Pourtant, ce silence est si bruyant qu’à Niamey, sa cacophonie perturbe le sommeil des princes qui nous gouvernent. Dans la presse proche du pouvoir, on n’arrive pas à oublier le président Hama qui, visiblement, tente de se faire oublier. On spécule sur sa santé, on l’annonce définitivement parti de son pays pour ne plus jamais y remettre les pieds.
Bref, on s’inquiète, on veut décourager les militants et sympathisants de « l’enfant terrible de Youri ». Cela dénote d’une certaine anxiété du pouvoir malgré la victoire qu’elle semble avoir arrachée au soir d’un 20 mars. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire … et Le Monde d’Aujourd’hui ajoute sans sérénité pour parfaire ce dicton.
Ainsi, le président Issoufou et les siens craignent toujours la finesse politique et l’incontestable popularité de Hama Amadou. Ils savent que sa présence sur le territoire national suffirait à renverser le rapport de force. Mais la presse du régime, elle, sait que le seul nom de Hama Amadou en gros suffit pour vendre un journal, peu importe que ce qu’on raconte soit des ragots ou de la diffamation, « Hama » ça vend !
Sans être dans ses secrets, nous expliquons le silence du président Hama par la sagesse et le sens de l’intérêt général qui l’ont toujours caractérisé. Il vous souviendra que même malade, alité sur un lit d’hélicoptère médicalisé, sa dernière instruction avant de s’envoler pour Paris était : « je ne veux pas de troubles à Niamey, le 20 mars ». Un ordre respecté à la lettre aussi bien par son parti le MODEN FA Lumana que la COPA 2016, coalition qui soutenait sa candidature.
Or, à l’heure actuelle, un retour de Hama Amadou au pays augmentera la température du régime déjà suffisamment fébrile à la seule idée de le savoir libre de ses mouvements en France. Et à coup sûr, avec ou sans mandat de la justice, le pouvoir voudra procéder à son arrestation extra ou intra judiciaire. Ce qui sera probablement préjudiciable à la précaire accalmie sociopolitique du moment. Les stigmates du 14 novembre 2015, date du retour et de l’arrestation musclée de Hama Amadou, sont encore frais dans les esprits.
La fixation faite sur Hama Amadou et son parti politique ainsi que la peur bleue qui habite le Guri system à la seule évocationde son prénom prouve à quel point la réélection du président Issoufou souffre de légitimité. Même s’il a peur de la finesse politique de l’homme, c’est surtout, la masse et la foi militante de ses partisans qui semblent terrifierle PNDSTarayya et ses dirigeants qui ont pourtant tous les moyens de l’Etat à leur disposition. L’Homme craint la mort mais il ne peut y échapper. Guri System craint Hama Amadou de toute son âme mais il ne peut l’empêcher d’exister, de faire la politique et de rentrer au pays le moment venu. Mais alors ?