Dans le cadre de la découverte de la République Populaire de Chine initiée par le Centre de Presse Chine-Afrique, les 28 journalistes issus de 27 pays africains poursuivent leur voyage dans la Chine profonde. Le dernier voyage a été consacré à la Région Autonome du Tibet, plus connu sous le nom chinois de Xizang, et qui signifie ''Maison de Trésors de l'Ouest'', ou encore ''réservoir des ressources naturelles de l'Ouest''.
Située au Sud-ouest de la République Populaire de Chine, la Région Autonome du Tibet est l'une des cinq (5) régions autonomes que compte le pays. Avec ses 1 million 228 mille 400 kilomètres carrés, la région du Tibet figure parmi les zones les plus vastes de la Chine. Sur cet immense espace, habitent plus de 3 millions d'habitants dont la minorité tibétaine.
Le Tibet est principalement constitué d'un haut plateau, le plateau tibétain, entouré des trois côtés par les plus hauts massifs du monde, l'Himalaya au sud, le Karakoram à l'ouest et le massif du Kunlun au nord. Souvent appelé ''le Toit du Monde'', le Tibet a une altitude moyenne de 4. 200 mètres et son plus haut sommet, l'Everest, culmine à 8. 848 mètres. C'est une région où les principales communautés, bouddhistes, musulmans, chrétiens catholiques et autres groupes religieux vivent en parfaite cohésion, en toute quiétude. Même si le bouddhisme est la religion la plus répandue dans la région, la liberté de confession est très respectée.
Une découverte stressante et impressionnante
Depuis le début des activités de la 3ème promotion du séminaire de Centre de presse Chine-Afrique, les journalistes africains ont exprimé leur souhait de se rendre dans la Région Autonome pour découvrir cet environnement florissant composé de montagnes et de forêts alimentées par les bassins versants montagneux qui ravitaillent aussi les lacs et le fleuve de la région.
A l'annonce de la nouvelle par les responsables du Centre, tout le monde était ému. Méconnaissant la vie dans les zones d'altitude, nous étions pressés de découvrir l'extrême sud-ouest de la République Populaire de Chine pour des raisons professionnelles et historiques. En effet, quelques jours avant le départ, les choses ont commencé à se compliquer pour l'ensemble de journalistes. Au cours d'une rencontre préparatoire, nous avons été d'abord informés que le voyage est facultatif, car un voyage dans cette zone pourrait avoir des conséquences sur la santé des uns et des autres. Donc il nous a été clairement indiqué que les personnes qui souffrent des maux de tête, de pressions artérielles, de maladies cardiovasculaires, etc., doivent s'abstenir de faire le voyage pour ne pas être confrontées au problème lié au manque d'oxygène, ou à défaut demander l'avis du médecin. Il a aussi été conseillé de marcher doucement une fois sur le terrain, et d'éviter de fournir des efforts physiques. Ceux qui n'étaient sûrs de leur état de santé ont donc consulté le médecin afin de savoir s'ils peuvent ou non effectuer le voyage. Parmi les 28 journalistes, 3 ou 4 ont consulté le médecin, mais tous ont reçu la confirmation qu'ils peuvent se rendre dans la Région Autonome de Xizang ou Tibet, sans aucun risque.
Presque tous les journalistes ont volontairement accepté d'effectuer le voyage, à l'exception d'une journaliste. Il a été également conseillé à tout le monde de se procurer un déstressant qu'ils doivent commencer à prendre cinq (5) jours avant le départ.
Néanmoins, dès le premier jour du voyage, en entrant dans l'espace tibétain, nous avons commencé à sentir un certains étouffement, à mal respirer. De là nous avons vite déduit que c'est ici que les vraies choses commencent.
A notre arrivée à l'hôtel soit, environ un séjour de 2 heures sur le territoire de la Région Autonome de Tibet, le premier cas s'est manifesté : un des journalistes était sous oxygène. Quelques minutes après, un autre manquait également d'oxygène. Au cours des première et deuxième journées, l'équipe médicale mise à notre disposition avait constamment veillé, passant d'une chambre à une autre. Manque d'oxygène pour les autres, céphalées et vomissements pour d'autres. Deux (2) jours durant, l'équipe médicale était à pied d'œuvre pour assister les personnes malades. C'est un voyage mémorable pour toute l'équipe et une expérience en tant que journalistes professionnels. Il fallait pour nous effectuer ce voyage pour connaître les réalités qui caractérisent les zones d'altitude.
Lhasa, la capitale régionale du Tibet et ses merveilles
La capitale de la Région Autonome de Tibet Lhasa a plus de 1.300 ans d'histoire. Elle couvre environ 30.000 km2 et dispose d'une population d'environ 830.000 habitants. La capitale régionale de Xizang est située à environ 4.064 km de Beijing, soit à environ 5 heures de vol. S'il s'agit d'emprunter la voie ferroviaire, il faut rouler pendant 48 heures. Il était surprenant pour beaucoup d'entre nous de constater qu'ici, le soleil se couche aux environs de 21 heures. C'est une entité riche en histoire, favorisant la promotion de la culture de la minorité tibétaine, à travers ses principaux sites et monuments historiques comme le palais Potala au cœur de la ville, le Temple Jokhang, la rue de Barkhor.
Le Palais Potala
Ce Palais a été construit au 7ème siècle par le roi de l'époque Songten Gampo. Le Palais Potala est situé à environ 3.700m d'altitude. C'est l'un des monuments historiques qui attirent des touristes nationaux et étrangers. Des siècles durant, ce palais construit selon une architecture traditionnelle, garde encore son originalité et son charme. A l'intérieur, sont conservés des objets de valeurs ancestrales.
Retenons que le Palais Potala a servi de résidence du 5ème au 10ème Dalaï Lama. Pour rappel, le Tibet a connu, dans son histoire, 14 Dalaï Lama, et le dernier est en exil en Inde depuis 1959.
A cause de sa beauté architecturale et son rôle historique, le Palais Potala reçoit plus de 5.000 visiteurs par jour. Mais actuellement, le nombre de visiteurs est réduit à 1.000 par jour, en raison des conditions climatiques insoutenables pendant l'hiver. Le prix d'accès est d'un Renminbi pour les populations locales, et 2.000 Renminbi pour les étrangers. Notons aussi que le Palais compte environ 2.000 pièces. A l'intérieur du palais, une partie, colorée en blanc, est réservée à l'administration, et la partie peinte en rouge est destinée aux pratiques religieuses. Au regard de sa valeur historique, le Palais Potala a été classé patrimoine mondial de l'UNESCO en 1994.
Le Temple Jokhang
Comme le Palais Potala, le Temple Jokhang a été aussi construit au 7ème siècle par le roi Songtsen Gampo. C'est un lieu de culte bouddhiste. Ce sont des milliers des fidèles religieux et de touristes qui visitent le Temple, tout au long de la journée. Le Temple dispose de divers compartiments permettant aux fidèles de se recueillir et d'effectuer des séries de prière. Autour du Temple, s'est installée une zone marchande où sont exposés divers produits des valeurs culturelles de l'entité. Ajoutons aussi que le Temple Jokhang a été également inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1994. Devant le Temple, c'est une multitude de fidèles qui passent tout leur temps en train de prier. Vêtus de tenues traditionnelles, on a l'impression qu'ils ont presque élu domicile autour du Temple qui est devenu un site de culte et de spiritualité.
Une région riche d'expériences en énergies éolienne et solaire
Concernant l'énergie, la région a des potentialités éoliennes et solaires. C'est pourquoi de moyens considérables ont été investis pour la production de l'énergie éolienne et solaire afin d'assurer le besoin de la Région en énergie indispensable au développement économique et social. Le centre de démonstration et de recherche d'énergie et le musée de science naturelle du Tibet font la fierté de la région dans le domaine de la recherche en énergie. Plusieurs produits sont exposés aux visiteurs et aux clients. Des sacs à dos solaires, des réfrigérateurs fonctionnant à partir de l'énergie solaire, des lampes, des panneaux solaires, des stations photovoltaïques, etc.
Le centre de prise en charge des enfants en difficultés familiales : Un cadre de vie agréable aux couches défavorisées.
Conformément à leurs missions régaliennes consistant à créer un cadre de vie agréable à toutes les populations, les autorités régionales, de concert au Gouvernement central, ont mis en place un centre de prise en charge des enfants en difficultés familiales, notamment les orphelins et les enfants issus des couches défavorisées. Ce centre, qui a vu le jour en 2013, est doté de toutes les commodités permettant de mettre les enfants dans les meilleures conditions de vie et de travail. Il compte 4.900 enfants, dont 260 garçons et 230 filles, et dispose de salles d'informatique, de musique, de formation en peinture, d'assistance psychologique, de lecture, et une garderie créée en cette année 2016.
Le centre qui est pris en charge par l'Etat, mais bénéficie aussi du soutien de personnes de bonne volonté. A notre passage, le plus jeune des enfants est âgé de moins d'une semaine.
Ce qui est rassurant, ici, c'est qu'on perçoit que les enfants se sentent en famille. En effet, ils sont entièrement pris en charge, et reçoivent les plus grands soins dont un enfant peut bénéficier dans sa famille.
Les petits sont répartis en famille, et chaque famille a à sa charge deux (2) enfants, une fille et un garçon, nous précise Mme Nonbu Droma, une des responsables du centre. Cela contribue, pour l'enfant, d'avoir une vie de famille normale. Mlle Klur Sang, est l'une des premiers bénéficiaires des bienfaits de ce centre. Elle nous a confié qu'elle est heureuse de vivre dans le centre. Elle poursuit ses études en 5ème année de Médecine à l'Université. Comme les autres étudiants, elle habite au campus universitaire, et rentre en famille pendant le weekend, les jours fériés, les jours de fête et les grandes vacances, a-t-elle dit. Quant à Mme Tendon, elle enseigne le Chinois, le Tibétain et l'Anglais aux élèves. Elle affirme qu'elle est vraiment émue d'encadrer ses élèves afin de contribuer à leur bien-être.
Centre de formation professionnelle et technique de Lhasa : un pôle de formation par excellence
Le gouvernement régional de Xizang s'est engagé à lutter contre la pauvreté et le chômage en vue de promouvoir la croissance économique de la région. C'est dans ce cadre que le centre de formation professionnelle et technique de Lhasa a été créé. Le gouvernement chinois attache beaucoup d'intérêt à l'éducation en milieu urbain comme en milieu rural et au niveau de la communauté minoritaire afin de créer un équilibre entre les villes et les campagnes, et entre les citoyens issus des principales communautés. Le centre a ouvert ses portes en septembre 2013. Il accueille aujourd'hui 4339 élèves. Les principaux domaines de formation sont entre autres le bâtiment, le transport logistique, l'hôtellerie, le tourisme, la plomberie, la construction bois et métallique.
Selon Mme Zhou Xing, les élèves vivent en internat. Il y a deux (2) procédures pour accéder au centre : par concours après la fin du cycle de collège, ou à travers une demande formulée par la communauté concernant les populations environnantes du centre. Des personnes adultes sont aussi formées dans ce centre en vue d'avoir une meilleure intégration sociale. Le système adapté par le Gouvernement chinois consiste à étoffer, au-delà de la région, l'ensemble du pays en main-d'œuvre en quantité et en qualité. Sur le terrain, le constat est appréciable, nous avons trouvé des élèves motivés entourés par des encadreurs expérimentés en travaux pratiques. Ici, chaque domaine d'activité dispose d'un atelier de travaux pratiques : transport logistique, hôtellerie ; bâtiment ; construction bois et métallique; plomberie, etc. Le plus important pour les encadreurs, c'est de former le maximum de professionnels pour mieux combattre la pauvreté et le chômage.
Le parc industriel de Zhizhao
C'est une plate-forme pastorale et agricole créée en 2014 et construite en 2015. Le parc industriel de Zhizhao est une initiative qui a permis de doter les marchés internes et externes en produits laitiers, en eau minérale, et en produits maraichers et vivriers. Environ 2.000 bovins sont internés au niveau de ce parc. Les animaux sont élevés dans un environnement sécurisé et entretenu par des cadres qualifiés. La collecte de lait se fait avec des machines modernes. Au regard du nombre de vaches à traire, on peut dire que le parc contribue à la production d'une quantité importante du lait.
Une fois traité de manière industrielle et contrôlé, le lait collecté est prêt à la consommation et déployé sur les marchés. Ce projet d'envergure a également permis de créer beaucoup d'emplois et de lutter contre le chômage.
S'agissant de l'aspect agricole, la réussite est très perceptible, malgré les conditions physiques difficiles pour entreprendre des activités agricoles. Mais grâce aux nouvelles techniques agricoles, tout a été mis en place. Sous des hangars hermétiquement fermés, il a été installé un système de climatisation adapté à chaque culture. Des produits vivriers aux produits maraîchers, la production est prometteuse. A côté du parc, un marché florissant a été installé et des camions de transport sont stationnés, prêts à acheminer les produits sur l'ensemble de la ville en vue d'alimenter le marché interne et ceux des autres localités environnantes.
Après trois (3) jours de visites à Lhasa, le 10 juillet 2016, nous avons quitté la capitale provinciale pour nous rendre à la municipalité de Nyingchi ou Linzhi, à plus de 600 km. Nous avons effectué environ 10 heures de route entre montagnes, plateaux, forêts et vallées avant d'arriver à la destination. Ce qui est surtout impressionnant, c'est l'état de la route est bitumée. Et tout au long de notre trajet, des travaux de construction de routes, de ponts et de tunnels s'opèrent avec des moyens logistiques appropriés. Ce sont des moyens logistiques, matériels et humains conséquents qui sont mobilisés pour construire ces routes modernes et faciliter le trafic aux populations malgré l'état du terrain accidenté, parsemés ça et là par des obstacles naturels.
Notons que Linzhi offre un environnement propice aux populations locales et touristes. Contrairement à Lhasa, ici les uns et les autres ont retrouvé le sourire, parce que le climat est plus acceptable. L'altitude est de 3.100 mètres en moyenne.
La ville de Lulang
Lulang est située à 88 km de Linzhi entre les montagnes, les forêts et les vallées, sur la route nationale 378, à environ 4.000 mètres d'altitude. La préfecture de Linzhi a un climat doux et humide. Elle a bénéficié, en 2012, d'une école primaire qui comprend des salles de musique et de cours, une bibliothèque, un terrain de sports, une piste d'athlétisme et des dortoirs pour les élèves. Le corps enseignant est composé de 16 encadreurs dont cinq (5) femmes. Ils sont 300 élèves inscrits au cours de l'année académique écoulée.
Du point de vue infrastructures, les autorités ont adopté un projet de construction de structures modernes. C'est le cas de projet de construction de logements de 71.266 m2 dont 16.000m2 seront construits au cours de la première phase.
A quelques encablures de Linzhi, dans une vallée, se trouve Le village de Zha Xi Gang. Ce village reçoit des touristes qui viennent de l'intérieur de la Chine et d'ailleurs pour apprécier la beauté de cet environnement riche en ressources naturelles, observer le décor retracé par le nuage se dispersant entre les montagnes, et les petits animaux sauvages qui circulent dans la forêt.
Les habitants du village se sont organisés pour tirer profit du tourisme. Certaines familles ont installé des petits hôtels familiaux. M. Bai Ma a indiqué qu'ils reçoivent plus de 3.000 touristes par an. Selon lui, c'est en été qu'il y a une plus grande affluence des visiteurs. La chambre d'hôtel coûte 100 yuans en été, tandis qu'en hiver, le prix est de 40 yuans, compte tenu de la faible affluence de visiteurs. M. Bai Ma et sa famille tirent leur épingle de jeu à travers cette entreprise familiale en faisant déguster aux visiteurs les plats du terroir.
L'Institut de recherche écologique et biologique de Xizang.
Cet Institut a été créé en 1985 pour faire face, entre autres, au phénomène de désertification et investir pour la restauration de l'écosystème à travers le reboisement. Ainsi, les responsables du centre ont accentué leurs activités en sensibilisant les populations locales sur les avantages de reboisement du territoire pour mieux vivre. L'institut a mené un travail remarquable qui a donné vie à l'environnement. Aujourd'hui, la localité est devenue une vaste forêt avec plus de 3.000 variétés d'arbres. En certains endroits, les montagnes sont à 7.784 m d'altitude, entièrement couvertes d'arbres, d'arbustes, et de petits animaux sauvages. On rencontre des arbres fruitiers et des arbres à partir desquels on extrait de l'huile. L'institut est aussi doté d'une station de recherche installée sur le plateau.
L'Université Agronomique et Vétérinaire de Tibet
A l''issue de notre séjour à Linzhi, nous avons consacré notre dernière étape de visite terrain à ce riche joyau qui constitue un axe de formation des jeunes agronomes et vétérinaires de la Région. L'université, qui est construite sur un vaste domaine, est dotée de toutes les commodités, de l'administration au campus universitaire et aux espaces de loisirs. Elle compte 5.500 étudiants, et dispose d'un centre d'expérimentation. L'Université dispose d'une bibliothèque de 440.000 livres et de 1,2 millions de documents en ligne. Quant au centre d'expérimentation, c'est une référence en matière de recherche agronomique et vétérinaire.
Par Laouali Souleymane, envoyé Spécial(onep)