C’est le plus grand dilemme des hommes politiques nigériens du moins, ceux de l’opposition. Comment se protéger des assauts multiples et impitoyables du parti au pouvoir tout en protégeant le cadre démocratique. Les tergiversations du MODEN FA à quitter la MRN, majorité, ont vraisemblablement été guidées par ce souci. Son président Hama Amadou l’a d’ailleurs dit haut et fort lors de son discours d’ouverture de la 1ère session ordinaire 2013 de l’Assemblée nationale. Profitant de la présence de Awa Guèye, 1ère Viceprésidente de l’Assemblée du Sénégal, Hama Amadou dira de ce pays ceci :« Madame, votre présence à nos côtés ce jour, suscite en nous, un sentiment de joie profonde. Car nous avons pour votre pays et pour le parlement sénégalais la plus haute estime. Les dernières élections qui se sont déroulées dans votre pays ainsi que la grande maturité politique démontrée en cette circonstance par le peuple sénégalais, ont forcé notre admiration. C’est donc un réel plaisir pour nous d’accueillir dans cet hémicycle, les représentants d’une nation, qui ont su démontrer au reste du monde, que l’Afrique aussi sait, et de façon exemplaire, pratiquer la démocratie, celle dont l’exercice responsable à travers l’expression de la souveraineté nationale, peut régler les tensions et les crises politiques, sans faire sombrer le pays, dans la guerre civile ou les déchirements sanglants. Pour la raison que voilà, je vous demanderai de bien vouloir transmettre à mon grand frère et ami de longue date, le Président de l’Assemblée du Sénégal, son excellence Moustapha Niasse, les sincères remerciements de l’Assemblée nationale du Niger au parlement sénégalais, pour cet exemple de tenue et de maturité dont ont fait preuve la classe politique et le peuple sénégalais, exemple qui nous édifie et s’offre en modèle au reste de l’Afrique. Rien d’étonnant du reste quand on sait que votre pays de tout temps a su construire sa stabilité et en garantir la pérennité dans le pluralisme le plus effectif, sans jamais tomber dans le piège de l’instabilité découlant de ces alliances de circonstances qui manquent à la fois de la vigueur des convictions et du sens élémentaire de l’intérêt national. Soyez remerciés pour le modèle qu’offre votre pays si humblement au continent africain tout entier. »
Ainsi, à travers ce jet de fleurs à la classe politique du Sénégal qui a su brillamment contenir les relents monarchiques d’Abdoulaye Wade sans interruption du processus démocratique, le président de l’Assemblée a attiré l’attention des hommes politiques nigériens qu’ils soient d’oppositions ou de la majorité.
Ce cas de figure, est-il seulement possible au Niger ?
C’est bien possible. Au Sénégal, il a juste fallu que la classe politique n’invite pas l’armée sur la scène politique. Ils se sont réunis en bloc pour défendre leur démocratie. Il a fallu aussi, que le président Wade joue sa partition en acceptant le verdict des urnes. Si cela avait été fait pendant le monstre Tazartché sans doute que nous ne serons pas là où nous sommes actuellement. Mais au lieu de cela, le chef de file de l’opposition de l’époque Mahamadou Issoufou, aujourd’hui, président de la république avait préféré appeler l’armée à ne plus obéir au président Tandja Mamadou. Une armée qui n’obéit pas finit toujours par prendre le pouvoir. C’est exactement ce qui s’est passé.
L’opposition actuelle est-elle décidée à ne pas commettre la même erreur ?
En tout cas, la nouvelle opposition semble comprendre qu’une énième interruption du processus électoral n’arrange personne. Ni elle-même, ni le pouvoir encore moins le pays. Et pour réussir à « sauver » le Niger du Guri system sans casse, la formule est toute trouvée. Convaincre les députés de l’impérieuse nécessité d’en finir avec le 2ème gouvernement de la 7ème république. Ensuite, introduire une motion de censure qui serait votée à la majorité absolue des députés (57). Dans ce cas le gouvernement s’écroulerait. La nouvelle majorité va de ce fait former son gouvernement qui serait en cohabitation avec le président de la république. Ce qui risquerait le président de la république à dissoudre l’Assemblée nationale pour organiser des élections législatives anticipées 45 jours au moins et 90 jours au plus après la dissolution du parlement. S’il arrivait à gagner ces élections, il aura remercié le gouvernement de cohabitation pour mettre en place son équipe à lui et qui aurait la charge d’organiser lesdites élections. Jusque-là, le jeu démocratique coule comme l’eau de roche. Mais c’est justement à ce niveau que les choses peuvent basculer. Et cela dépendra exclusivement du président de la république. Comme on le voit, l’avenir politique immédiat du Niger est suspendu aux décisions que le président de la république prendra dans les semaines et mois à venir. Son parti d’origine, le PNDS-Tarayya a réussi à pourrir suffisamment l’atmosphère politique du pays. Maintenant tout dépendra de la capacité du premier magistrat à s’affranchir véritablement de ses amis et alliés politiques pour ne voir que l’intérêt du Niger et seulement du Niger. Après tout, un gouvernement de cohabitation bien meilleur pour Issoufou Mahamadou que la situation actuelle dans laquelle ses proches ont délibérément plongé le pays hypothéquant jusqu’à sa cohésion sociale. L’orgueil et le militantisme pur et dur ont fait leur temps et montrer leurs limites, désormais, c’est une question de survie nationale qui ne dépend que de celui qui a juré sur le Saint Coran « de ne jamais trahir ou travestir les aspirations du peuple ; de respecter et défendre la forme républicaine de l’Etat ; …)