Lorsqu’en 2013, le Secrétaire général du MNSD-Nassara, Albadé Abouba, flanqué d’autres membres du bureau politique national avait décidé de rejoindre la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN), il fut traité de tous les noms d’oiseaux. A l’époque, et pour justifier son choix, Albadé Abouba avait avancé le fait que le bureau politique du MNSD ait voté à l’unanimité la résolution de regagner le camp présidentiel lors d’une réunion tenue le 27 juillet 2013. Et c’est le 12 août qu’une autre réunion toujours de l’exécutif du parti a entériné le volte-face que le Secrétaire général a refusé de gober.
Après un déchirement sans précédent dans l’histoire de cette formation politique, le camp de Albadé finit par jeter l’éponge en créant à la veille des élections un autre parti politique : le mouvement patriotique pour la République (MPR-Jamhuria). Exactement 3 ans et 1 jour après le début de ces évènements, voilà qu’à l’issue d’une réunion consacrée à « la participation du parti à la gestion du pouvoir d’Etat à travers un gouvernement d’union nationale » le MNSD-Nassara publie un communiqué déclarant « répondre favorablement à l’appel du Président de la République ; responsabiliser le Président du Parti pour engager toutes démarches utiles et nécessaires pour concrétiser cette décision du Bureau Politique National en ne tenant compte que des intérêts supérieurs de notre pays et de notre parti. » la messe est dite. A croire que le parti de Tandja Mamadou à « compris très tard », ce que Albadé Abouba a « compris très tôt » pour emprunter l’expression d’un Slameur béninois. Ainsi, après trois années de retard, c’est seulement maintenant que la direction du grand baobab marche dans les pas de ceux qui étaient qualifiés de « frondeurs », de « groupuscule d’individus », de « mouches », « d’intestins fragiles » et de bien d’autres qualificatifs peu honorables.
Le malaise créé par ce choix du MNSD est si grand que des contradictions apparaissent çà et là. Un confrère avait publié que le chef de file de l’opposition Hama Amadou aurait envoyé Sala Habi auprès du président Issoufou pour tenter une réconciliation et que cela ferait partie des motivations du MNSD à rejoindre la MRN. Après la décision, le Secrétaire général du parti, Abdoulkadri Tidjani, invité d’une télévision privée de Niamey dit qu’ils « auraient souhaité que d’autres partis de l’opposition répondent aussi à l’appel du président de la République ». Ces insinuations visent indubitablement le MODEN FA de Hama Amadou. Alors si tant est qu’il est souhaitable que Lumana abandonne aussi l’opposition, pourquoi quitter parce qu’il aurait entamé des démarches à cette fin ? La vérité, est que le parti de Seïni Omar a souverainement décidé de retourner sa veste, et il n’a de compte à rendre, à personne autre que ses militants et sympathisants. L’autre vérité, c’est aussi que le parti a été victime d’une crise et d’un déchirement inutiles. Si dès août 2013, le consensus avait été obtenu pour aller grossir les rangs du Guri system, beaucoup de maux et de déchirures auraient pu être évités. Hélas ! Aujourd’hui, séparément, les anciens frères du MNSD vont devoir cohabiter et défendre la même cause. Ils sont tous plus fragiles que s’ils étaient restés unis. L’un jouera le spectateur si jamais le redoutable PNDS-Tarayya déroule son rouleau compresseur destructeur contre l’autre. Ce faisant, le parti de Tandja Mamadou a perdu de sa superbe et difficile de lui prédire un avenir rayonnant. Mais si l’autrefois le plus grand parti politique du Niger est tombé si bas, c’est bien à cause de Tandja Mamadou lui-même. Lui à qui le MNSD a tout donné mais dont la récompense a été une descente aux enfers avec le monstre Tazartché ou la refondation de la République. Celle-ci n’est point refondée, mais à l’inverse, le MNSD lui, s’en est trouvé… refondu !
