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«Les Togolais peuvent, avec une légitime fierté, s’enorgueillir d’avoir réussi à relever le défi de la mutation démocratique, et cela sans violence», déclare M. Hama Amadou
Publié le vendredi 4 octobre 2013   |  Le Sahel


Assemblée
© aNiamey.com par DR
Assemblée nationale de cote d’ivoire : séance solennelle d`ouverture de la 1ère session ordinaire 2013
Mercredi 24 avril 2013. Abidjan. Plateau, palais de l`assemblée nationale. Le président de l’assemblée nationale de CI, Guillaume Soro a présidé la première session ordinaire de l’année 2013 Photo(Hama Amadou, Le président de l’assemblée nigerienne)


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Le président de l’Assemblée nationale, SEM Hama Amadou, a assisté, mardi dernier à Lomé, à l’ouverture de la session budgétaire du parlement togolais. A cette occasion il a prononcé une allocution dont nous vous proposons l’intégralité ci-dessous.

Mesdames et Messieurs ;

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté d’être parmi vous aujourd’hui, afin de partager avec mes frères et sœurs parlementaires du Togo, ce moment solennel qui couronne un processus électoral que nombre de gens pensaient chargé de périls pour le Togo. Mais le peuple mature et responsable du Togo a su transcender les antagonismes qui le déchiraient, pour préserver à la fois la paix et l’image du pays.

Cette maturité d’esprit, unanimement reconnue au plan international, honore la classe politique tout entière et grandit le peuple togolais dans son ensemble. Elle est digne d’éloges dans notre contexte sociopolitique africain où les contradictions politiques débordent parfois du champ du débat démocratique serein pour envahir celui de l’intolérance et finir dans la violence aveugle, souvent source de pertes considérables en vies humaines, sinon cause de déplacement de populations entières condamnées à l’errance, dans leur quête incertaine d’un havre de paix où se réfugier.

Les Togolais peuvent donc, avec une légitime fierté, s’enorgueillir d’avoir réussi à relever le défi de la mutation démocratique et cela sans violence.

C’est cette conduite honorable qui nous permet aujourd’hui d’être réunis dans cet hémicycle, pour vous exprimer notre bonheur en assistant à la toute première session ordinaire du parlement élu et installé le 20 août dernier, sous la direction d’un homme d’expérience et de grande valeur, à qui vous me permettrez de renouveler mes félicitations et mes vœux de succès dans ses nouvelles fonctions.

Monsieur le Président, nos félicitations s’adressent aussi à l’ensemble de vos collègues élus qui, je n’en doute pas, sauront mériter la confiance placée en eux par le peuple togolais. Quant à toi, mon cher frère DRAMANI, ni moi ni personne d’autre dans cet hémicycle, ne peut douter un instant, avec toi à la tête de cette institution, qu’elle sera conduite, avec sagesse et professionnalisme, efficacité et rigueur.

Tes propos, tenus le 2 septembre dernier, juste après ta brillante élection au perchoir de cette Assemblée me donnent l’assurance qu’il en sera ainsi. En effet, tu as solennellement pris l’engagement devant tes collègues d’exercer les hautes fonctions qu’ils t’ont confiées avec sincérité, humilité et respect, tout en demeurant à l’écoute de chacune, de chacun et de tous.

Tu as exprimé à travers ces mots, le caractère que je te connais depuis près de 30 ans maintenant, et que ni ton long passage à la direction du protocole d’Etat, ni tes multiples nominations à la tête de plusieurs ministères n’ont altéré. Je sais aussi la fidélité et la loyauté qui te distinguent de tant d’hommes politiques de notre temps.

Honorables députés,

Je vous souhaite le succès et je souhaite que votre législature se déroule dans la paix et la compréhension mutuelle, comme dans la tolérance réciproque. Majorité et opposition constituent le trait distinctif de toute démocratie véritable. Le débat contradictoire est la règle entre ces deux composantes de tout parlement respectable, ce qui ne veut pas dire l’invective chargée d’offenses ou les attitudes extrémistes qui ne peuvent que donner une triste image de nos classes politiques africaines.

C’est pourquoi, le moment me semble-t-il venu de faire en sorte que le débat contradictoire sur notre continent devienne enfin constructif et cesse d’être le motif de ces vaines querelles qui n’ont d’autre effet que de dénaturer la politique et les fins nobles que cette dernière poursuit.

Que Dieu guide vos pas et vous aide à accomplir votre mission, pour le plus grand bien du Togo et de son peuple.

Mesdames et Messieurs,

C’est un plaisir, disais-je, d’être ici, avec nos frères et sœurs parlementaires togolais. C’est d’autant plus un plaisir, que je me sens au Togo comme au Niger, c’est-à-dire comme chez moi autant d’ailleurs que les milliers de mes compatriotes qui, depuis toujours, ont trouvé en ce pays, une hospitalité sans pareil, leur permettant de résider dans la plus parfaite quiétude et de travailler sans discrimination à la fois pour leur bonheur propre mais également pour le progrès de ce pays qu’ils aiment tant. Il en est de même, vous l’imaginez sans doute, pour la communauté togolaise vivant au Niger, en parfaite intelligence et harmonie avec leurs frères nigériens.

Jamais ils n’ont connu ni discrimination, ni stigmatisation d’aucune sorte. Au Niger, ils sont chez eux. Dire donc qu’un Nigérien est chez lui au Togo ou qu’un Togolais est chez lui au Niger est un pur euphémisme, nos deux communautés ayant fait très tôt le choix pertinent, bien avant nos Etats, de tisser, au travers de relations multiples, la toile naturelle d’une intégration sociale et économique africaine que nos administrations peinent aujourd’hui à formaliser.

Les relations entre nos deux pays transcendent donc, largement, les limites du simple mouvement migratoire saisonnier. Elles tendent plutôt à donner de façon concrète, son sens véritable à l’intégration africaine telle que nous la désirons au plus profond de nous-mêmes. C’est qu’au fond, ces relations tirent leur origine dans les profondeurs du subconscient de nos peuples qui leur font ressentir intimement la communauté de destin qu’ils ont toujours partagé à travers le temps.

Mais ce destin commun, pour le moment, est douloureusement marqué du sceau de la pauvreté, de la misère et de la faim, lorsqu’il ne s’agit pas encore de l’insécurité, fléau en passe de supplanter tous les autres, en termes de menaces contre la souveraineté et pire, contre la survie même de nos pays.

Les trafics d’armes et de drogues, la piraterie maritime, les enlèvements de touristes étrangers, les menaces djihadistes, sont autant de fléaux communs qui ruinent nos économies et détruisent la jeunesse africaine, détournant subtilement celle-ci par le moyen de subterfuges en tout genre, des combats légitimes qu’elle devrait mener pour mériter sa place au paradis de la vie. La jeunesse africaine a aujourd’hui plutôt besoin d’éducation et de formation, que de drogue ou de kalachnikov; elle a besoin de santé, d’épanouissement, de loisirs et non pas d’être embrigadée dans des causes aux accents apparemment nobles mais aux finalités sinon criminelles, du moins douteuses.

Pourtant les indicateurs relatifs à ces fléaux ne manquent pas d’inquiéter au plus haut point. A preuve, le volume du trafic de cocaïne transitant par l’Afrique de l’Ouest en provenance d’Amérique latine a passé de 18 tonnes en 2010 à quelque 25 tonnes aujourd’hui; ou encore des médicaments essentiels qui circulent en Afrique de l’Ouest dont 10% au moins de l’ensemble seraient des faux.

Ces fléaux grandissants sont une catastrophe supplémentaire pour nos Etats, déjà confrontés à des défis d’un autre âge; je dis bien d’un autre âge car, de quel autre défi un gouvernement pourrait-il se préoccuper lorsqu’il n’arrive même pas à garantir à ses administrés la satisfaction de ses besoins les plus primaires ? Besoins qui, sous d’autres cieux, ne figurent même pas ou si peu sur les tablettes d’actions du gouvernement.

Au contraire sur notre continent, si la question sécuritaire mérite une attention particulière et un soutien considérable, il reste que le droit à une alimentation décente et suffisante pour nombre de pays africains, constitue de façon absolue une priorité parmi les priorités, qui est loin, très loin d’être satisfaite. L’Afrique meurt de faim sur ses immenses terres arables. Tragique paradoxe !

Sur un tout autre plan, rendez-vous compte que, entre 800 000 et un million de personnes furent massacrées au Rwanda, en 1994. Eh bien, si ce génocide est considéré comme le summum de l’horreur par la communauté internationale et par les Africains, alors comment qualifier l’abomination que représentent ces millions d’enfants qui meurent, chaque année en Afrique, du fait de la pauvreté ?

En effet, ce sont environ 8 millions d’enfants victimes de la pauvreté de leurs parents qui perdent chaque année la vie sur notre Continent, faisant ainsi de la pauvreté, la première cause de mortalité en Afrique, bien plus que toutes les guerres et les catastrophes naturelles réunies.

Mesdames et Messieurs,

Cette situation que nos consciences ne peuvent endurer plus longtemps nous interpelle tous. Il ne s’agit pas juste d’en parler afin de se donner bonne conscience, mais d’engager au plus vite, dans chacun de nos pays les actions les plus aptes à faire refluer la pauvreté hors de notre continent.

N’est-ce pas, la dignité du peuple africain tout entier qui se trouve ainsi bafouée, bafouée surtout à chaque fois qu’il lui faut tendre la main pour quémander le pain de la survie auprès des nations mieux organisées et plus enclines au travail ? N’est-ce pas simplement scandaleux pour un pays que d’avoir à compter sur les autres pour vivre, au lieu de compter d’abord sur l’effort de ses propres citoyens ?

Ce ne sont pourtant pas, les moyens et les ressources qui manquent, pour mettre définitivement un terme à ces scènes douloureuses et humiliantes, qui font les choux gras d’une certaine presse internationale, plus prompte à mettre en exergue les maux qui dévalorisent notre continent, que les images de l’Afrique en marche, qui réussit.

Nous pouvons inverser cette tendance d’autant que la pauvreté n’est ni irréversible ni incurable. Car la pauvreté est d’abord un état d’esprit. Elle résulte d’une mentalité bridée par le complexe de surcroit défaitiste et fataliste. Nous la cultivons et l’entretenons, par notre handicap à inventer la voie de notre émancipation intellectuelle et notre incapacité à hisser l’orgueil africain à la hauteur de celui des autres peuples du monde.

En vérité c’est sur la base de croyances d’une époque révolue qui alimentent encore notre inclination à l’indolence et le fol espoir dans la générosité et la mansuétude des autres à notre égard, que nous n’éprouvons aucune honte à tendre la main chaque fois que nous sommes victimes des catastrophes récurrentes, découlant de notre faiblesse dirait-on, délibérément entretenue.

Nous pouvons inverser cette tendance dans la mesure où il est de notoriété publique que notre espace Ouest-africain regorge d’immenses ressources naturelles, une main-d’œuvre qui ne demande qu’à être employée et des compétences indiscutables pour libérer nos pays de l’indigence et d’une assistance internationale conçue pour maintenir l’Afrique dans les cercles de l’enfer.

Avons-nous d’ailleurs un autre choix que de nous investir dans cette voie, lorsqu’on sait que la population ouest-africaine croît à une vitesse qui n’a de comparaison nulle part ailleurs dans le monde. C’est tenant compte de ces impératifs qui nous laissent très peu de marge de manœuvre, que je voudrais vous communiquer la conviction d’un militant engagé de l’intégration africaine. Car, il faut arrêter de se voiler la face : c’est ensemble, dans une synergie d’actions réfléchies et concertées que l’Afrique multiple d’aujourd’hui pourrait juguler ces maux.

La lutte contre l’insécurité transfrontalière, la pauvreté et la faim, l’amélioration continue de l’accès aux soins de santé, à l’eau et à l’éducation, sont de gros défis que nos Etats, pris individuellement, auront toujours du mal à conduire avec efficacité. Les représentants du peuple que nous sommes, peuvent et doivent booster cette dynamique sous-régionale, en occupant leur place, toute leur place dans l’espace diplomatique. Nous avons pour cela l’avantage de notre proximité avec les populations ainsi que la capacité d’influer sur le cours des décisions politiques à travers l’élaboration et le vote des lois.

Pourquoi ne pas adopter au niveau du parlement de la CEDEAO une feuille de route qui fixerait clairement des objectifs et des échéances clairs pour la réalisation de l’intégration de notre sous-espace? Les députés de la CEDEAO ne seront-ils pas plus à même d’engager la communauté dans des projets d’envergure s’ils sont élus et non désignés comme ils le sont actuellement ?

Mesdames et Messieurs,
C’est sur ces réflexions que je voudrais terminer en souhaitant plein succès à l’Assemblée nationale togolaise dans ses travaux.
Je vous remercie de votre aimable attention.

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