Mode d'organisation de la conjugalité le plus ancien et le plus universel, le mariage a ses pratiques, ses règles selon les sociétés, les religions, les traditions. À Niamey, les cérémonies des mariages sont organisées surtout les week-ends. Celle consacrant le mariage de Mahamane et Nana, a eu lieu également un samedi, précisément le 16 avril dernier. La cérémonie religieuse, ou Fatiha, consacrant leur union a eu lieu dans la matinée, au domicile des parents de la jeune mariée au quartier Bobiel de Niamey. À 8 heures déjà, la devanture de la maison des parents de la jeune mariée était pleine de monde. Mais, la cérémonie proprement dite ne devrait commencer qu’à l’arrivée des représentants du jeune marié, appelés justement, selon la tradition, ‘’les parents du jeune marié’’.
En attendant, des élèves d’une école coranique et leurs maitres récitent des prières, à haute voix, sur une intonation dont ils ont l’art. Ce qu’on appelle dans le jargon du ‘’Zikr’’.
Les invités continuaient à affluer. Les hommes occupaient les chaises installées à la devanture de la maison sous un grand hangar fait de bâche. Les femmes s’installaient à l’intérieur de la maison. Les uns et les autres se saluent, causent… Vers 8 heures 30 minutes, les représentants du jeune marié font leur entrée sous le hangar. La cérémonie peut commencer. Ils remettent des colis de cola, de dattes, et une somme d’argent aux représentants de la jeune mariée. Quelques mots sont échangés. Le griot qui, est à côté d’eux, racle sa gorge, et lance à travers un haut-parleur: ‘’Ecoutez, on va ‘‘sceller’’ le mariage de Mahamane et Nana. La dot a été entièrement payée, sans dette ! Nana est désormais la femme de Mahamane!’’.
Cette phrase est répétée plusieurs fois par le griot. Des murmures fusent de la foule des invités. L’assistance est ainsi témoin de l’union légitime, par le lien du mariage, entre Mahamane et Nana. Pour la suite du cérémonial, des noix de cola et des dates sont distribuées aux invités, auxquels il est demandé de se joindre aux marabouts pour réciter des versets du Saint Coran, afin d’implorer la bénédiction d’Allah sur l’union entre Mahamane et Nana, et aussi les enfants qui en seront issus… Mahamane et Nana sont désormais mari et femme, au nom de la religion et de la tradition. Plus tard, l’union sera déclarée au service de l’état civil, pour le besoin des formalités administratives.
À l’intérieur de la maison des parents de la jeune mariée, les femmes qui ont eu également leur part de cola et de dattes, se joignent aux hommes dans la prière, souhaitent aussi au couple heureux ménage. La plupart des femmes, jeunes et moins jeunes, portent des habits faits avec le même genre de pagne. Ce qu’on appelle ‘’uniforme de mariage’’.
Après la cérémonie religieuse, les invités se saluent, rendent grâce à Allah. Certains d’entre eux rentrent, d’autres restent chez la jeune mariée ou se retrouvent chez le jeune marié. Les nouveaux mariés et leurs parents sont félicités, conseillés. Certains amis, les cousins ou cousines profitent de l’occasion pour taquiner ‘’Ango’’, le jeune marié ou ‘’Amarya’’, la jeune mariée, comme le permet la tradition. Des cadeaux en espèces ou en nature leur sont offerts. En milieu de journée, le déjeuner est servi. Tout le long de la journée, l’animation règne aussi bien dans la famille de la jeune mariée que chez le jeune marié.
La nuit tombante, les amis du jeune marié s’organisent, et se rendent en cortège dans la famille de la jeune mariée. Au bout de quelques minutes d’échanges, les amis du jeune marié sacrifient à une formalité qui relève de la coutume en payant ‘’un droit’’ aux femmes qui les laissent amener la jeune mariée. Puis le cortège nuptial s’ébranle bruyamment pour le domicile de Mahamane au quartier ‘’Francophonie’’ de Niamey. La jeune mariée rejoint le jeune marié au domicile conjugal. C’est la nuit des noces.
Ainsi prend fin cette journée marquant le début d’une nouvelle vie pour Mahamane et Nana, liés par le mariage selon la religion et la tradition.