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Pourquoi il n’y a pas d’idéologie dans la politique au Niger ?
Publié le lundi 22 aout 2016   |  tamtaminfo


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© Autre presse par DR
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C’est une question qui mérite d’être posée après plus d’un quart de siècle de démocratie au Niger, l’idéologie n’avait jamais été au cœur de la politique ou ni le cheval de bataille de nos hommes politiques. Aussi, jamais le besoin de l’idéologie ne se fait sentir comme aujourd’hui afin de donner un sens à la politique dans notre pays, et t cela pour le salut de la démocratie nigérienne en plein naufrage causé par des alliances contre nature. Pourquoi tant de frilosité à l’endroit de l’idéologie que les partis politiques avaient pourtant inscrit dans leurs textes ?
A l’instar de plusieurs pays africains, le Niger connut une conférence nationale en 1991, un an après celle de la Baule où le Président de la République Française de l’époque insista sur le multipartisme et le conditionnement de l’aide publique à l’ouverture démocratique.
Cette conférence Nationale souveraine censée repenser les maux du pays à travers la promotion du multipartisme qui en principe offrait plus de possibilités de choix aux citoyens nigériens à travers les nombreux partis crées qui normalement portaient des projets de société différents les uns des autres. Le parti unique devenu entre-temps MNSD Nassara fut isolé par les forces politiques émergentes de l’époque car contracter une alliance avec celui-ci était très mal perçu.
Ainsi, ce parti était considéré comme l’Alpha et l’Omega des maux du Niger et surtout qu’il regorgeait en son sein des militants perçus comme les plus grands collaborateurs du régime d’exception et à ce titre le leader de ce parti Tanja MAMADOU était stigmatisé et assimilé à ce qu’il y’ a de plus rétrograde.
Toute alliance avec le MNSD de Tanja MAMADOU était considérée comme incestueuse, il était question dans le discours dominant de l’époque de « dé-mnsd-tisé » le Niger. Le MNSD qui par ailleurs, possédait un appareil très bien implanté dans les quatre coins du Niger pour avoir été l’appareil de mobilisation des populations pour une adhésion aux actions du régime d’exception.
Les chants des sirènes ou les promesses très alléchantes aux populations avec une logique de rupture avaient permis à l’Alliance des Forces pour le Changement (AFC) qui était un regroupement de plusieurs partis politiques de prendre le pouvoir à la suite des premières élections libres et transparentes dans un contexte de multipartisme au Niger. Cependant, cette alliance ne résista pas au temps et bientôt le divorce fut prononcé entre les deux grands partis qui constituaient cette alliance à la vue des divergences devenues irréconciliables.
Ainsi, ISSOUFOU Mahamadou Premier Ministre de l’époque se retourna vers le MNSD sans trop de calcul pour reformer une nouvelle majorité afin de rendre certains coups à MAHAMANE Ousmane Président de la CDS, qui était également le Président de la République. Le PNDS venait par cette alliance jadis considérée comme incestueuse, briser le tabou, le pacte peut être non écrit qui liait les partis nées à la veille de la Conférence Nationale et qui voulait écarter définitivement le MNSD de la gestion du pays à travers un règne qui ne devrait jamais échapper à la nouvelle alliance.
Depuis lors, il n’y avait plus eu un sens ou une seule logique rationnelle dans toutes les alliances contractées entre les partis politiques au Niger et à la lisière de cette première alliance on peut aisément se rendre compte que le premier pêché capital des partis politiques au Niger était de se lancer dans des alliances sur une base incohérente avec une forte dose de revanche. Comme c’est le cas de l’alliance contre le MNSD ou contre la CDS par la suite.
En effet, la rupture promise au lendemain de la conférence nationale n’était fondée que sur la base d’un sentiment d’aversion sans commune mesure à l’endroit du MNSD. Il n’existait pas réellement une idéologie qui unissait les partis de l’AFC qui comptait en son sein malgré tout le discours de rupture, l’ANDP constitué d’anciens grands animateurs du parti unique, ni un véritable projet de société dont une alliance avec le MNSD constituait une entrave majeur à sa mise en œuvre.
Et en se jetant les jeux fermés dans les bras du MNSD par ailleurs voué aux gémonies, le PNDS de ISSOUFOU Mahamadou avait prouvé à suffisance qu’il n’existait pas un idéal dans la politique au Niger. Plus tard, après le divorce du PNDS avec le MNSD, c’était autour de la CDS de se jeter dans les bras du MNSD qui reprendra la gestion du pays pour dix années. En 2011, lorsque le LUMANA de HAMA Amadou quittait avec fracas l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN) pour faire élire ISSOUFOU Mahamadou, cette alliance était aussi motivée plus par le sentiment de se venger de son ancien ami, Seini OUMAROU devenu candidat du MNSD.
Aucune idéologie n’a conduit à cette dernière alliance entre ces deux ogres de la politique nigérienne étant donné que ISSOUFOU Mahamadou se réclame socialiste et HAMA Amadou adepte du libéralisme.
Ainsi, 25 ans après la conférence nationale, ce qui avait motivé la première alliance à savoir l’absence de logique et les raisons subjectives ayant conduit à la première recomposition de la scène politique nigérienne en 1995, continuent à être les principes des alliances à ce jour où c’est le tour du PNDS de s’allier à nouveau avec le MNSD pour consolider son pouvoir . On peut remarquer que le Niger n’a jamais été « dé-mnsd-tisé », de plus, le pouvoir avait toujours réellement tourné tantôt autour du MNSD ou tantôt autour de ses anciens caciques qui ont créé d’autres partis mais en gardant le même état d’esprit du MNSD.
Ensuite, l’autre raison du manque d’idéologie en politique au Niger est le manque d’éducation des militants des partis politiques. Les partis politiques qui ont une obligation d’éduquer leurs militants par des formations afin que ces derniers soient imprégnés de l’idéologie de leur parti. Cependant, aucun appareil des partis politiques ne se livre à cet exercice Cela peut être expliqué par le fait que les leaders préfèrent fuir le terrain de l’idéologie qui peut les mettre facilement à nue car susceptible de révéler au grand jour des contradictions permanentes avec ces idéologies qu’ils pourraient prôner.
Déjà le fait le fait de contracter à tout vent des alliances juste pour parvenir au pouvoir pourrait soulever une première contradiction chez les militants. Aussi, le mode de vie des responsables de certains partis politiques ne pourrait que heurter les militants qui n’hésiteront pas à leur tourner le dos parce qu’ils n’appliqueraient jamais l’exemple qu’ils prêcheraient si bien. L’on a vu durant les deux mandats du Président Tanja MAMADOU, le MNSD n’e s’était jamais intéressé à l’éducation et la formation de ses militants dans l’idéologie du parti qui demeure inconnue pour la grande majorité des militants de ce parti.
Quant au PNDS de ISSOUFOU Mahamadou qui se réclame socialisme, nulle part, le socialisme n’est expliqué aux militants. Au PNDS les nouveaux militants qui adhèrent au lieu de les imprégner du concept que représente le socialisme par un séminaire post adhésion afin qu’ils comprennent l’idéologie à laquelle ils venaient d’adhérer, les responsables des structures d’accueil du PNDS se contentaient de les habiller en boubou à l’effigie du parti simplement.
De même les autres partis politiques comme LUMANA de HAMA Amadou ou la CDS de Mahamane OUSMANE ne se donnent même pas la peine d’expliquer à leurs militants le libéralisme ou la sociale démocratie qu’ils prétendent embrasser. En général tous les partis politiques au Niger préfèrent transformer leurs militants en fanatiques qui adorent le chef du parti au lieu d’avoir des militants éveillés et très engagés à défendre l’idéologie du parti à la place des hommes.
En outre, l’analphabétisme de la grande majorité de la population nigérienne est un terreau favorable à ces partis politiques qui ne veulent pas entendre parler d’idéologie depuis la conférence nationale. Ces partis ayant tous participé à la gestion du pays avaient comme par un consensus réussi à maintenir le peuple dans l’ignorance totale. Dès lors les militants ne cherchent pas à connaitre les programmes ou projets de société des partis qui pourtant permettraient aux populations de savoir si les ambitions de ces partis à leur endroit sont réalistes et réalisables.
Aussi, pour ces partis politiques une population analphabète est très simple à diriger comme un troupeau de moutons, cela parait très simple à comprendre avec toutes ces alliances incohérentes et toutes ces mesures impopulaires adoptées par les différents gouvernements sans que la population ne bronche excepté des cas très rares. Cette population de par son ignorance a tendance à prendre tout ce que les gouvernements imposaient comme une fatalité , méconnaissant sa force qui pouvait faire toujours reculer bien de gouvernements sur pas mal de questions jugées sensibles à ses yeux.
Enfin, cette classe politique avec des leaders inamovibles depuis plus de vingt ans n’est pas propice au développement d’idéologies dans la politique au Niger puisqu’ils avaient tous bâtit leurs réputations sur le culte de la personnalité et surtout sur des mythes très contestables. Le principal obstacle pour une vie politique fondée sur des idéologies est cette classe politique qui avait émergé à la suite de la conférence nationale et par la suite avait abaissé le niveau de la politique par sa fringale du pouvoir. C’est pourquoi dans un élan de sauver la démocratie nigérienne, la nouvelle génération a l’obligation de ne pas continuer dans cette direction qui avait permis à la génération de la conférence nationale de désespérer le peuple qui avait si gentiment placé son espérance en elle.
Afin de sortir des ténèbres la démocratie nigérienne et relever le niveau de la politique en mettant fin à la politique de cynisme, la nouvelle génération doit impérativement baser son tout militantisme sur l’idéologie qui transcende les hommes et les générations, il n’y a pas d’autres options. Ainsi, l’éducation des militants est plus qu’un devoir.
Les alliances ne doivent plus se faire avec n’importe quel parti pour parvenir au pouvoir ou pour le consolider, les partis doivent aussi avoir la dignité de décliner les alliances pour une simple incompatibilité idéologique ou raison d’alliance incestueuse. Un parti ne peut pas être un allié potentiel de n’importe quel parti, c’est de l’imposture, une hérésie et de l’escroquerie politique, ce qui constitue la marque de fabrique de ces partis qui dominent la scène politique aujourd’hui et qui par ailleurs avaient contracté entre eux toutes les alliances possibles.

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