Gataraoua est une île en plein désert. Un village abandonné des hommes lorsque le ciel leur tombe sur la tête, une fois par année. Chaque hivernage, la saison des pluies se précipite en torrents, gonfle la terre argileuse et noie les champs formant des marécages qui enclavent ce confetti perdu de l’Ouest nigérien. Toutes les routes qui mènent à cette butte de 1 134 âmes sont coupées. Dans le village, il ne reste presque que les femmes et leurs enfants. Elles doivent se nourrir, se soigner, survivre, sans l’aide des hommes, partis travailler durant plusieurs mois comme débardeurs, cantonniers ou bouchers sous des climats moins hostiles.
Dans de belles venelles ensablées, les enfants rieurs se réfugient derrière des murets en bonko, ce pisé local qui matérialise toutes les habitations. Dans leur poing serré, on aperçoit parfois une fronde en bois. Elle leur sert à chasser les passereaux sur les branches, seule nourriture abondante que donnent ici les arbres. Il n’y a presque pas de fruits dans ce paysage pelé, contrit, peu disposé aux générosités de la nature. Alors ceux que l’on parvient à disputer aux oiseaux, il faut savoir en faire bon usage. C’est ce qu’enseigne aujourd’hui Hadiza Abibou à ses voisines. Mangue, banane, arachide, carotte, épinard, courge et œuf sont les ingrédients de base qu’elle utilise pour ses recettes nourrissantes qui protègent enfants et mères de la malnutrition.... suite de l'article sur LeMonde.fr