Le président Issoufou est finalement parvenu à obtenir le ralliement de la totalité du MNSD-Nassara (dans sa version originale). "Une première tranche" en 2013 et le reliquat en 2016. Certes ce dernier ralliement ne fait ni l’unanimité au sein même du MNSD, ni au sein de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), encore moins au sein du parti présidentiel, le PNDS-Tarayya, mais le vin est tiré et il faut le boire, car l’arrivée de l'ancien au pouvoir dans la famille présidentielle va sensiblement faire baisser la tension politique à Niamey pour permettre à la classe politique de se consacrer aux problèmes qui assaillent le pays, notamment la pauvreté, le sous développement et le terrorisme.
Calmer la tension
L'attaque meurtrière en Juin dernier d'une position de l’armée à Bosso et l'occupation momentanée de cette ville frontalière du Nigeria nous a rappelé jusqu’à quel point nous sommes exposés aux attaques de la secte Boko Haram." Avant de se chamailler à Niamey, la classe politique doit d'abord s'assurer que le pays existe, son intégrité territoriale, la sécurité de ses populations et de leurs biens sont assurés" souligne un diplomate nigérien...
L’arrivée du MNSD-Nassara au sein de la MRN va forcement aussi imposer une véritable compétition au sein de la majorité, donnant ainsi plus de marge de manœuvres au président de la République. Désormais soutenir le président Issoufou ne garantit plus un poste ministériel ou “une coquille pleine”, il faudra être à la hauteur. D’emblée, on peut estimer que seuls les ministres intègres et compétents de l'actuel gouvernement peuvent aspirer à la prochaine équipe. Fini le jeu de la Tombola, place au mérite et à la compétence Pour les ministres et hauts responsables, il y aura désormais une obligation de résultats. Les partis politiques seront eux-mêmes contraints d'envoyer au cabinet présidentiel les CV de leurs meilleurs militants pour les différents à postes pourvoir.
Couteau à double tranchants
Mais comment former une équipe homogène et efficace avec ses farouches adversaires. Car si “la seconde tranche” du MNSD-Nassara a rejoint le camp présidentiel, ce n’est certainement pas de gaieté de cœur, mais pour ne pas totalement “sombrer”. En tant que deuxième force politique de la majorité, le MNSD-Nassara s’attend logiquement aussi à un traitement à la hauteur de son poids. Un traitement de faveur qui se fera au détriment du MPR Jamhuriya. Or, Albadé et ses camarades estiment avoir fait le plus gros du travail en évitant il y a trois (3) ans une cohabitation au président Issoufou. La bataille pour le leadership au sein de l'ancien au pouvoir va-t-elle se transporter à la Mouvance pour la Renaissance du Niger? Les deux camps qui s’affrontaient jusqu' en fin 2015, vont-ils jouer les prolongations au sein de la MRN? Enfin, le grand baobab n'a pas renoncé à sa première place. Avec un peu de ressources, il va tenter de s’enraciner à nouveau, de réactiver ses multiples réseaux et de reconquérir sa position d’antan.
Pour de nombreux observateurs de la scène politique nationale, la formule du Gouvernement d'Union Nationale s’apparente donc à un couteau à double tranchants pour le chef de l’état. S'il parvient à former une majorité unie, cohérente et efficace face aux multiples défis qui assaillent la Nation, il aura marqué son second mandat d’une pierre blanche et peut donc quitter le pouvoir par la grande porte. Par contre s'il échoue, il risque de se mettre tout le monde à dos, y compris son propre parti.