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A Galata, village du Niger, où la malnutrition infantile recule doucement
Publié le lundi 29 aout 2016   |  Le Monde.fr


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© Autre presse par dr
Des enfants africains


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Bilyamini n’aime pas jouer au football. Quand les garçons du village se font des passes dans le sable, il n’arrive jamais à attraper le ballon, encore moins à marquer un but. Il s’essouffle et retourne, le pas traînant, pleurer dans les bras de sa mère. A 3 ans et demi, il est plus petit que ses camarades, plus maigre aussi. Santé fragile, croissance faible et humeur lunatique. Bilyamini est atteint de « marasme ». L’un des deux types de malnutrition infantile avec le « kwashiorkor », célèbre par son exposition médiatique à chaque crise alimentaire en Afrique. Leur différence ? Le kwashiorkor est un déséquilibre alimentaire marqué par les carences protéiques, le marasme, par les carences caloriques. Les deux entraînent une fonte musculaire, des œdèmes, l’apathie et, parfois, la mort.

Bilyamini est né en 2012 dans le village de Galata au Niger, un éclat de verdure dans un paysage lunaire, isolé, à 35 km de Tahoua, la ville la plus proche. Sa mère, Rabi Amadou, 35 ans, a péché par méconnaissance. Sur les conseils de la famille, elle a remplacé le lait maternel qu’elle donnait à son bébé de 3 mois par de l’eau, plus abondante au puits, mais dangereuse car insalubre et ne contenant pas les nutriments indispensables à la croissance du nourrisson. « Je lui cuisinais la boule », justifie-t-elle, une préparation liquide à base d’eau, de mil et de lait de vache. Cette bouillie crue fermente rapidement et les bactéries prolifèrent. Un met que ne peut pas supporter l’estomac d’un jeune enfant. « Il a eu des diarrhées, il a perdu du poids rapidement et son ventre a gonflé », se souvient-elle.

Elle pensait au départ que c’était dû à la poussée dentaire, ou à une inflammation de la luette, une excroissance qui pend à l’entrée de la gorge et que l’on coupe par tradition dans cette région. Mais son état s’affaiblissant quatre mois après sa première gorgée d’eau, et les décoctions de plantes ne faisant pas effet, elle s’est décidée à l’amener dans un centre de santé.
Morosité et difficultés motrices

Le village n’ayant pas de relais communautaire pour prodiguer les premiers soins, elle a dû marcher 9 km dans le désert à l’ouest de Galata. Bilyamini y a été placé en « récupération nutritionnelle ambulatoire sévère ». « Quand un enfant arrive dans un état de malnutrition aiguë, nous lui donnons immédiatement un traitement à base de lait thérapeutique et de suppléments alimentaires, d’acide folique, de vitamine A, d’antibiotique et d’un antipaludique », explique Zakaria Yaou Alou, médecin chef du centre de santé.

Bilyamini a survécu grâce aux soins. Il a récupéré des forces et du poids, mais son corps sera marqué à vie par les séquelles de la malnutrition. Il ne sera jamais aussi grand et aussi fort que ses camarades du même âge. Près de trois ans après cet épisode, il en a aussi gardé la fatigue, la morosité et des difficultés motrices. Aux jeux d’enfants, il préfère la pénombre du foyer dans laquelle il se réfugie l’œil curieux.
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