« Le secteur privé africain génère 90% des emplois sur le continent ». C’est par la force des statistiques que le burkinabé Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank, s’est adressé aux chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Nairobi, les 26 et 27 août dans le cadre de la TICAD. Face à Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad et Président en Exercice de l’Union Africaine, au président Kenyan, Uhuru Kenyatta, hôte du sommet et au premier ministre du Japon, Shinzo Abe, à la tête d’une délégation de 100 grandes personnalités de son pays, le fondateur du groupe Coris a eu les mots justes pour exprimer le point de vue du secteur privé africain. Autant le dire, monsieur Nassa rejoint beaucoup d’économistes en déclarant que le continent africain ne peut se développer qu’en créant les conditions d’un secteur privé fort et dynamique. L’Afrique, déclare Nassa, peut et doit tirer un meilleur parti de son secteur privé en réunissant et en consolidant les conditions de la paix, de la promotion de l’Etat de droit ; de la stabilité de l’environnement macroéconomique, du développement des infrastructures, du renforcement de la capacité des acteurs privés, de la garantie de l’accès aux services financiers ainsi que de l’approfondissement de l’intégration régionale afin de pallier à l’étroitesse des marchés nationaux .
Et d’invoquer le concept de l’Etat visionnaire lequel a réussi au Japon, initiateur du TICAD, conférence qui se veut le cadre d’un véritable partenariat avec l’Afrique.
Voici les points saillants du discours prononcé par Idrissa Nassa
« Permettez-moi tout d’abord d’adresser mes vifs remerciements aux organisateurs, et à l’Union Africaine en particulier, pour l’honneur qui m’est ainsi fait de dire un mot au nom du secteur privé Africain devant cette auguste assemblée sur les conditions nécessaires à l’émergence d’un secteur privé dynamique, vecteur principal de la croissance économique, de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté en Afrique .
Parce que les politiques publiques lui ont reconnu sa place durant les deux décennies passées, le secteur privé africain a eu une contribution essentielle aux bonnes performances macroéconomiques enregistrées sur le continent et marquées par un taux moyen de croissance de 5% sur la période 2000-2014.
En effet, le secteur privé fournit environ 70% de la production et des investissements et 90% des emplois générés sur le continent.
Le Groupe Coris que j’ai créé et dont j’ai l’honneur de diriger avec une équipe d’un millier de jeunes compétences Africaines, qui exerce dans les métiers de la banque, de l’assurance, de la bourse et de la gestion d’actifs, est une illustration parfaite de la capacité du secteur privé à assumer ses responsabilités dans la recherche de solutions pour un développement durable de notre continent.
Conscient de l’importance stratégique des Petites et Moyennes Entreprises (PME) en matière d’accélération de la croissance, de création d’emplois décents et de réduction de la pauvreté, le Groupe Coris contribue de manière significative à l’amélioration de leur accès au financement ainsi qu’à la bancarisation des couches sociales peu servies par le système financier (les femmes, les jeunes, le monde rural, etc.).
Avec une croissance soutenue de ses activités depuis 2008 du fait de la portée singulière de ses choix stratégiques , le Groupe est aujourd’hui au cœur des investissements transfrontaliers dans la zone UEMOA , avec des implantations au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire au Mali au Togo au Senegal et au Benin, avec de grandes ambitions pour le reste de l’Afrique.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Les modèles de croissance en Afrique posent des défis pressants au nombre desquels la diversification des sources de la croissance, l’inclusion sociale et le développement durable.
Je veux partager avec vous l’intime conviction, mais également la leçon de l’expérience du développement dans le monde, que l’émergence d’un secteur privé dynamique est indispensable pour relever ces défis.
L’Afrique peut et doit tirer un meilleur parti de son secteur privé en réunissant et en consolidant les conditions: (i) de la paix, de la promotion de l’Etat de droit ; (ii) de la stabilité de l’environnement macroéconomique ; (iii) du développement des infrastructures; (iv) du renforcement de la capacité des acteurs privés ; (v) de la garantie de l’accès aux services financiers ainsi que de l’approfondissement de l’intégration régionale afin de pallier à l’étroitesse des marchés nationaux .
La plateforme offerte par la Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique nous donne l’occasion de nous inspirer de la formidable expérience du capitalisme nippon, forgé par un Etat visionnaire et stratège et porté par un secteur privé montée en puissance en quelques décennies pour servir de socle aujourd’hui à l’essor mondial d’une économie prospère et d’une société d’humanité.
De façon plus concrète, la TICAD pourrait contribuer aux initiatives de développement des capacités productives des entreprises africaines par la mise en œuvre d’actions conjointes Afrique-Japon. A cette fin, la coopération dans les domaines technologiques et de l’ingénierie est capitale pour équiper la force de travail africaine des compétences requises pour faire face aux défis de l’émergence.
Nous souhaitons que la TICAD puisse également favoriser l’implication du secteur privé dans la réalisation des priorités de développement de l’Afrique contenues dans l’agenda 2030 et l’agenda 2063 pour des objectifs de développement durables.
Excellence Mesdames, Messieurs,
Le temps de l’Afrique a sonné ! Ce temps de l’Afrique est celui du secteur privé africain, un secteur privé dynamique ouvert sur le monde et assumant sa mission de développement économique et de progrès social du continent.
Par une ambitieuse politique de développement régional et bientôt international, le Groupe Coris assume et assumera sa part dans cette mission historique assigné aux acteurs privés africains.
Le secteur privé africain est prêt et a besoin du soutien des Etats africains, des partenaires de l’Afrique, de la TICAD, pour bâtir tous ensemble , « un continent prospère, intégré et en paix ».