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Majorité au pouvoir : la politique de l’autruche
Publié le mercredi 27 mars 2013   |  L'Evènement




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« Même s'il n'est pas dans les habitudes de la MRN de réagir face aux rumeurs, il nous a semblé nécessaire de le faire cette fois-ci en raison du contexte sécuritaire dans lequel se trouve notre sous région en général et notre pays en particulier » ont déclaré les partis membres de la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN), dans une déclaration rendue publique le 13 mars dernier afin d’apporter un démenti catégorique sur ce qu’ils appellent des « rumeurs faisant état de dissensions au sein de la mouvance au pouvoir ».

Selon nos informations, la déclaration originelle qui devrait apporter un « soutien sans faille à Hama Amadou » aurait été vidée de sa subsistance, du fait de la résistance de certains partis membres de la MNR, pour faire place au « racolage » qui a été lu ce jour là. Cette « mise en scène » a été appuyée la veille par la déclaration de Hama Amadou à l’occasion de la rentrée politique de son parti, le 10 mars 2013, en ces termes : « Aujourd’hui, il n’y a aucun problème entre nous et le PNDS, mais je ne sais pas ce qui va se passer plus tard». Puis d’ajouter à travers des propos musclés sans pour autant avoir le courage d’aller jusqu’au fond de sa pensée, que « ce qui s’est passé dans l’histoire récente du Niger ne se répétera plus. Celui qui va tenter quoique ce soit dans ce sens, portera une lourde charge qu’il ne pourra pas supporter. Ils ont intérêt à arrêter dès maintenant les petits complots sournois qu’ils tentent de fomenter contre ma personne. S’ils n’arrêtent pas, les choses vont se gâter ». Alors, qui complote contre Hama Amadou ? La question en vaut la peine d’être posée parce que sous les youyous de ses partisans, l’homme menace en ces termes : « Tu ne peux pas tout entreprendre pour empêcher une personne de participer aux compétitions électorales sous le prétexte que cette personne ne te plaît pas. Tu ne peux pas envisager des poursuites judiciaires contre la personne uniquement pour lui mettre des bâtons dans les roues. Tout celui qui va tenter de s’aventurer sur cette voie est prévenu : Je jure au nom d’Allah que ce cela va mal se terminer », faisant allusion aux misères qu’il a vécues quand il avait perdu la confiance de Tandja Mamadou en 2007. A qui s’adresse Hama ? Qui détient le pouvoir ? C’est pourquoi, au regard de ces déclarations et des propos musclés à tout vent, sans que leurs auteurs n’aillent au-delà de leurs pensées, et malgré la profession de foi des « alliés » au pouvoir pour rassurer la communauté nationale et internationale, et démentir la presse, force est de reconnaitre que l’embellie n’est pas pour demain. Et pour cause ! La situation similaire s’était produite sous la 5ème République, au moment où l’atmosphère était tendue entre l’ancien président de la République Tandja Mamadou et son Premier ministre et probable dauphin Hama Amadou.

A l’époque également, les médias nigériens étaient les premiers à informer l’opinion. La suite on la connaît, Hama Amadou était sorti de ses gongs pour fustiger cette dernière. Quelques mois plupart, la crise atteignait son paroxysme et Hama débarqué de son poste se retrouve au bagne de Koutoukallé, accusé d’avoir piqué dans des fonds destinés à cette même presse indépendante.

Au regard de ce qui précède, on peut dire sans risque de se tromper que l’histoire est têtue et elle semble se répéter. La mouvance présidentielle empêtrée dans ses multiples divergences, à la recherche d’un bouc émissaire, adopte la politique de l’autruche, cet oiseau qui refuse d’affronter la réalité des choses en se cachant la tête pour ne pas voir le danger qui le guette. Une malheureusement situation pour notre pays au regard de nombreux défis qui se présentent en lui et qui ont pour noms, la situation sécuritaire avec son lot des réfugiés, la crise qui secoue l’école nigérienne, la situation alimentaire peu reluisante, etc.

La MRN, une entente de façade

En concoctant à la hâte une alliance que tout divise, le Président Issoufou savait mieux que quiconque que la plupart des leaders des partis qui l’ont soutenu trainent des casseroles. Issoufou sait également que la majorité des nigériens qui l’ont porté au pouvoir peut être sans même la kyrielle des partis « Jacinthe d’eau » qui suivent les cours d’eau, attendent toujours de lui que justice leur soit rendue face à la prédation dont ont été victimes les finances publiques de la part de ceux qui sont sous l’ombre de ses grands boubous. C’est pourquoi, on constate qu’à chaque fois qu’un « leader prédateur » a des soucis judiciaires en perspective, il se réfugie au sein de cette mouvance pour verser des larmes de crocodile.

Tandja en sait quelque chose avec son tristement célèbre « tazartché ». En portant les lunettes en bois pour faire sa déclaration le 13 mars dernier, la MNR a refusé de voir la réalité en face. Les innombrables réunions nocturnes organisées par la mouvance pour la renaissance du Niger afin de désamorcer les crises constituent des preuves s’il en est, de la perte de confiance entre les deux grands partis de la majorité.

Le récent épisode des « Minutes de discussions » d’Areva ayant entraîné une passe d’armes entre le directeur de cabinet du Président de la République et le ministre en charge des mines sont là pour démontrer que malgré les professions de foi du PNDS et du Lumana, les choses sont loin d’être au beau fixe. De plus, comment convaincre les nigériens que tout est beau fixe au « pays du MRN » quand on sait que la dynamique actuelle de lutte contre l’impunité et la promotion de la bonne gouvernance a de fortes chances de déboucher sur des péripéties judiciaires qui vont impliquer certaines personnalités du principal parti allié ?

Une question qui s’impose quand on sait que des nombreuses affaires scabreuses impliquant lesdites personnalités et celles du principal parti au pouvoir ont été mises à nu par cette presse que des hommes politiques cherchent vaille que vaille à vilipender. Et pour couronner le tout, il y a ce qui constitue l’évidence même, à savoir le fait qu’un succès du mandant du Président Issoufou pourrait mettre fin aux ambitions de certains hommes politiques assoiffés de pouvoir. D’où probablement les critiques acerbes concernant la gratuité de l’éducation, le fonctionnement de l’administration et l’explosion de la masse salariale. A cela, il faut ajouter la critique ouverte concernant la politique de la main tendue du gouvernement concernant les dégâts causés par les inondations.

Les indirectes de Hama

Pour se convaincre que les choses sont loin d’être parfaits dans les rapports qu’entretiennent les principaux acteurs de la gestion du pouvoir actuel, il suffit de se reporter sur la dernière sortie médiatique du principal allié lors de la rentrée politique de son parti. Tout au long de son discours, Hama Amadou n’avait fait que des « indirectes », pas à l’endroit de la presse qu’il méprise pourtant, comme en témoigne son discours du 4 mars dernier, mais certainement à l’intention de ceux avec qui il gouverne.

Alors, Hama Amadou avait averti « ceux qui sont en train de comploter pour lui mettre les bâtons dans les roues ». Mais de qui voulait-il parler ? Que voulait-il dire lorsqu’il fait le parallèle entre sa disgrâce sous le régime Tandja et les prétendus complots contre sa personne à l’heure actuelle? Hama n’avait-il pas prévenu que le sort qui lui avait été réservé avec son emprisonnement à la prison de Haute sécurité de Koutoukallé n’allait plus se reproduire ? De qui Hama voulait-il parler lorsqu’il évoque cette prétendue sélection de dossiers scabreux afin de nuire à sa personne ? Autant de questions et bien d’autres qui prouvent que les partis de la majorité ont décidé au vu de la multiplication des déclarations, de dresser une façade afin que le peuple ne puisse pas constater de lui-même les signes de cette mésentente qui les secoue depuis plusieurs mois.

Des propos qui semblent prémonitoires et qui dénotent d’un certain malaise concernant les relations entre le président du Lumana et le Chef de l’Etat, surtout quand l’allié dit qu’« aujourd’hui, il n’y a aucun problème entre nous et le PNDS, mais je ne sais pas ce qui va se passer plus tard ».

L’histoire se répète

Aujourd’hui encore, sous la 7ème République, c’est à ce même modèle qu’assistent les nigériens depuis quelques jours avec la majorité au pouvoir qui tente par divers canons de communication à faire avaler au peuple le contraire de ce qu’il connaît déjà.

Du discours du président du Lumana FA à l’occasion de la rentrée politique de son parti avec des mots très aimables à l’endroit du PNDS et du Président de la République, en passant par la sortie très lamentable sur les médias de la place du vice président au titre de ce parti, Mahamadou Salissou Habi qui, dans ses tâtonnements, cherchait à corriger la bourde de son patron et profiter de l’occasion pour réaffirmer la bonne santé des rapports qu’ils entretiennent avec le principal parti au pouvoir, puis cette déclaration de la MRN, suscitée afin de pouvoir sauver les meubles, tous les moyens sont donc mis en œuvre pour convaincre l’opinion à accepter que tout va bien au sein de la majorité au pouvoir ou du moins entre Issoufou et Hama.

Malheureusement pour ces défenseurs des causes perdues, les nigériens sont aujourd’hui aguerris de ce type de communication à chaque fois que des problèmes surgissent dans les rapports entre les gouvernants.

Qu’est-ce qui n’a pas été dit aux nigériens relativement à la perte de confiance qui s’était installée sous la 5ème République dans les rapports entre Tandja et celui qu’on présente aujourd’hui comme le principal allié dans la gestion de la 7ème République ? Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?

C’est sous cet angle que le peuple nigérien apprécie d’ailleurs la déclaration faite, le 13 mars dernier, par la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN) pour d’abord qualifier de « simples rumeurs », toutes les informations concernant le fonctionnement de l’alliance au pouvoir, portées à la connaissance de l’opinion par la presse nigérienne, et ensuite pour apporter un démenti catégorique sur les fondements de ces informations.

Devant cette situation qui renferme des dangers pour son mandat, le Président Issoufou doit tirer les leçons de la situation politique actuelle du pays, ainsi que celle qui prévaut au sein de la majorité, marquée par un « je t’aime moi non plus » de son allié principal. Une prudence, doublée à une fermeté qui doit être le cheval de bataille du Chef de l’Etat à quelques jours du deuxième anniversaire de son accession à la magistrature suprême du Niger. La moindre erreur d’appréciation risque de lui être préjudiciable et servir ainsi les intérêts de ceux qui mènent un travail de sape en souterrain.

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