Dans le bras de fer qui l’oppose à l’Etat du Niger, la société AFRICARD CO LTD passe à la vitesse supérieure. Conséquence, le jet d’Issoufou Mahamadou a subitement disparu des radars. Du coup, le régime de la Renaissance s’agenouille littéralement devant des huissiers parisiens pour récupérer le Mont Gréboun. Pathétique style de gouvernance politique.
L’affaire, ou disons le scandale, AFRICARD CO LTD, illustre à souhait la mauvaise foi si caractéristique de l’actuel régime. La mésentente, rappelons-le, est née du retrait unilatéral de l’attribution d’un contrat de confection de passeports biométriques pourtant régulièrement attribué par la République du Niger à la société AFRICARD CO LTD. Se sentant lésée, AFRICARD CO LTD porta l’affaire devant les Tribunaux français où elle eut gain de cause, en atteste la sentence arbitrale rendue le 6 décembre 2014 par M. Boubacar Dicko. Cette décision de la justice française est un sésame accordé à AFRICARD CO LTD pour pouvoir recouvrer ses droits.
Du coup, le groupe Areva devient la cible privilégiée de quelques huissiers parisiens : les avoirs du Niger seront gelés. C’est la panique à Niamey, car des milliards de FCFA sont en jeu. Désormais en position de force, AFRICARD CO LTD fera planer l’épée de Damoclès jusque sur l’avion présidentiel nigérien. Au finish, le Mont Gréboun sera saisi à son tour. Jamais l’Etat du Niger n’a subi un tel affront. Une honte nationale qui vient s’ajouter au scandale entourant l’acquisition de ce jet, lequel selon l’opposition politique : « aurait coûté au contribuable nigérien sur fonds de corruption, de détournement d’objectif, de surfacturation une somme cumulée de 45 milliards de FCFA ». D’où certainement l’embarras du président Issoufou Mahamadou répondant aux citoyens via Twitter à l’occasion de la fête du 3 août. À la question de savoir où sont nos aéronefs, Issoufou Mahamadou répondra laconiquement : « ils sont en révision ».
En vérité, un de ces avions a été saisi, le Mont Gréboun. Il fallait l’avouer au peuple, monsieur le président. Pour se sauver la face, le régime guriste envoya en catastrophe à Paris une équipe de « négociateurs » composée de Saidou Sidibé, le Ministre de l’Economie et des Finances et de Gandou Zakara, le Secrétaire Général du Gouvernement. La mission de ces hauts commis étant d’amener AFRICARD CO LTD à des meilleurs sentiments en ordonnant une main levée de la saisie pratiquée sur l’aéronef présidentiel. En clair, le régime d’Issoufou Mahmadou s’agenouille en demandant un accord amiable. C’est ainsi qu’à l’article 2 de l’entente partielle obtenue, il est dit : « AFRICARD s’engage à donner instruction immédiate à son huissier de justice de donner mainlevée de la saisie qu’elle a pratiquée le 27 juillet 2016 sur l’aéronef Boeing 737 NextGen-MSN 28976, immatriculé sous le numéro 5U-GRN, appartenant à la République du Niger ». Bien évidemment, ce geste magnanime à un coût, notre pays s’est vu contraint de verser à AFRICARD CO LTD un acompte de 3.300.000 €•, soit un peu plus de deux (2) milliards FCFA. Une goutte d’eau, quand on sait que le montant de la sentence (principal et intérêts) infligée au Niger s’élève à quelque 22 milliards FCFA. Les prochaines semaines nous diront si les guristes sont sortis de l’auberge, car, AFRICARD CO LTD ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, elle réclame jusqu’au dernier centime. Décidemment, avec le régime d’Issoufou Mahamadou, nous aurons tout vu.