Tentative de coup d’Etat avorté en Turquie les 16 et 17 juillet 2016. Il s’en suit une des plus grandes chasses aux sorcières dirigée par le Président Erdogan qui estime que les partisans de son rival et ancien mentor, Gülen, doivent payer le prix fort de cette insurrection armée qu’il est arrivé à interrompre.
L’onde de choc se propage jusqu’au Niger où il a été demandé aux autorités de fermer les établissements scolaires turcs qui appartiennent aux partisans de Gülen. Le complexe scolaire Bédir fait partie de ce lot.
Seulement en date du 20 juillet 2016, trois (3) Nigériens dont deux (2) dames se portent acquéreurs de ce complexe scolaire. Il s’agit de Monsieur Salim Nasser, opérateur économique, Madame Dominique Billa Marie et Madame ELH. Ibrahim Mariama dont les professions ne sont pas mentionnées sur le document.
Si les deux (2) premiers acquéreurs sont des inconnus pour nous, la nommée ELH. Ibrahim Mariama, née le 27 juin 1960 à Mainé Soroa et disposant d’un passeport diplomatique ne peut être que l’honorable députée et ancienne ministre de l’Enseignement primaire.
Le complexe scolaire Bédir dont ces Nigériens viennent de faire l’acquisition est construit sur plusieurs hectares de terre appartenant au domaine public et coûte quelques milliards de francs CFA. Dans cette école des enfants de parents aisés côtoient quelques boursiers issus de milieux modestes mais sélectionnés sur des bases objectives.
Quand le fondateur de ce complexe a demandé de créer Bédir, il voulait honorer la mémoire de sa fille disparue à l’âge de 17 ans et pensait trouver son bonheur à travers les milliers d’enfants qui allaient fréquenter cette école. Beaucoup de Nigérien y voyaient alors le début d’une œuvre caritative au profit des enfants qui allaient avoir la chance d’évoluer dans un environnement moderne et à l’abri du besoin pour faire des études dans le calme et la sérénité. Malheureusement, ils déchantèrent rapidement car le caractère sélectif et élitiste a très tôt fait de prendre le pas sur la charité.
Bédir est donc devenu un établissement hautement côté car très rentable (juteux serait plus approprié dans le contexte nigérien actuel) ; ce qui naturellement ne peut qu’attirer la convoitise de certains Nigériens dont ceux-là qui mirent à profit l’occasion pour l’acquérir en trois (3) jours seulement à moins que les négociations n’aient commencé avant le coup d’Etat et la requête du Président Erdogan.
Si Mariama El Hadj Ibrahim ne figure pas parmi les acquéreurs, probablement que cette cession d’actifs ne fera pas de vagues car les deux autres copropriétaires sont des inconnus même si pouvant aussi être des boîtes postales de politiciens ou parents de politiciens qui veulent investir dans la discrétion la plus totale.
Rappelons que Mariama ElH. Ibrahim a été ministre de l’Enseignement primaire pendant cinq (5) ans. Elle connaît les tenants et les aboutissants de la création de Bédir, ses orientations commerciales, sa solvabilité, etc. Aussi, prendre des parts dans le capital ne relèverait-il pas du délit d’initié ? Les juristes donneront peut-être plus d’éclaircissements sur la question.
L’opportunisme des acquéreurs peut être salué ici aussi si la personne de Mariama ElH. Ibrahim n’est pas impliquée car, profiter des conditions défavorables à un opérateur économique pour acquérir son activité relève du pur jeu du commerce. Mais quand des personnalités politiques sont dans le jeu, ne peut-on pas parler de trafic d’influence car madame Mariama ElH. Ibrahim est députée de son état et ancien ministre de l’Enseignement primaire ?
Cette acquisition ne peut pas être saluée car pouvant surtout friser le viol de la constitution en son article 52 qui dit ceci : « : « Durant son mandat, le Président de la République ne peut, ni par lui-même, ni par autrui, rien acheter ou prendre en bail qui appartient au domaine de l’Etat ou de ses démembrements. Il ne peut prendre part, ni par lui-même, ni par autrui, aux marchés publics et privés de l’Etat et de ses démembrements.
Les dispositions du présent article s’étendent aux présidents des institutions de la République, au Premier Ministre, aux membres du Gouvernements et aux députés. »
Mais, cet article 52 ne peut être évoqué qu’à la condition que Dame Mariama ELH. Ibrahim et les deux autres n’aient acheté que le fond de commerce de Monsieur Resul Ekrem Eligen, car le Complexe Bédir est bâti sur un terrain public qui est « inaliénable, insaisissable et imprescriptible ».
Le Complexe Scolaire Bédir coûtant plusieurs milliards, en dépit du contexte politique de la Turquie, il est illusoire de penser qu’il a été cédé pour une broutille par des hommes d’affaires qui sont venus à Niamey par avion privé pour implanter l’établissement. L’acte de cession des parts nous apprend que Monsieur Salim Nasser a acheté 33% des actifs soient 330 parts. Dans les 670 parts détenues par les deux autres partenaires, de combien dispose Madame Mariama ELH . Ibrahim ? Quelque soit l’intensité du trafic d’influence qui serait exercé par Madame et ses coacquéreurs d’une part et la pression du Président Erdogan d’autre part, il est fort à parier que quelques milliards ont dû être déboursés pour se procurer cet établissement. Vu qu’il n’est pas donné à n’importe qui de « palper » de tels montants, on peut effectivement penser que ces acquéreurs sont riches, à moins qu’ils ne soient passés par les banques.
Madame Mariama est-elle en faute ? Si oui, faut-il sauver ce soldat de la Renaissance ? L’avenir nous le dira.