Dans une interview accordée à l’agence Reuters, le ministre des Mines et du Développement industriel a annoncé l’audit des mines d’uranium exploitées par le groupe Areva. "Le Niger a or- donné un audit des mines d’uranium exploitées sur son sol par le groupe français Areva, dans l’espoir de conclure un nouveau contrat à long terme plus intéressant", a déclaré le ministre des Mines. Une déclaration favorablement accueillie par les organisations de la société civile, mais qui suscite un certain nombre d’interrogations.
L’objectif dira le ministre des Mines et du Développement industriel, "c’est de faire en sorte que les coûts de production de l’uranium baissent, pour que le Niger puisse tirer parti, non seulement en termes de taxes mais en termes de dividende en tant qu’actionnaire". Il ne s’agit pas d’augmenter la participation de l’Etat du Niger dans les sociétés d’Areva, à savoir la Société des mines de l’Aïr (SOMAÏR) et la Compagnie minière d’Akouta (COMINAK). Mais d’augmenter la part des recettes uranifères dans le budget de l’Etat qui est actuellement à moins de 5% environ 20%. "Ce qui est une bonne chose ", d’après le coordonnateur du ROTAB, Ali Idrissa dans une interview accordée à RFI, à l’annonce de cette information. Mais le ministre des Mines n’a pas précisé quel auditeur aura à conduire ce travail, encore moins le délai qui lui est imparti. En effet, les conventions minières des filiales d’Areva, à savoir la SOMAÏR et la COMINAK arrivent à terme le 31 décembre prochain. On est en droit de se demander si l’auditeur mandaté aura le temps de mener son étude d’ici cette date ? Les résultats de cet audit vont-ils influencer les négociations entre Areva et le Niger? S’agit-il d’un simple effet d’annonce ou une réelle volonté d’aboutir à un contrat "à terme intéressant " ? La question vaut la peine d’être posée, quand on sait que les conventions entre le Niger et Areva sont signées tous les dix ans et depuis près d’un demi siècle, le groupe français s’est toujours taillé la part du lion.
Pour rappel, en 2011 les autorités nigériennes avaient com- mandé l’audit en amont de l’activité pétrolière dans notre pays. Il s’est agi de déterminer la véracité des prix de l’exploration, de l’exploitation et du transport jusqu’à la raffinerie de pétrole de Zinder. En février dernier, l’auditeur indépendant Ernst&Young a rendu publics les résultats de son travail qui a révélé que les chinois de la CNPC doivent justifier près d’un milliards de dollars dans le cadre de la construction de l’usine de raffinage de Zinder.
Mais plus de sept mois après la transmission des résultats de l’audit, rien n’a encore changé dans le quotidien des nigériens. Encore moins le coût des hydrocarbures produits au Niger. Même si les autorités nigériennes se sont félicitées des recettes engrangées par le secteur pétrolier, il reste que les secteurs sociaux pour lesquels ces recettes doivent être destinées souffrent d’un manque de financement.
Le Niger continue encore de tendre la main pour subvenir à certains besoins de son peuple. Les dernières inondations survenues dans notre pays en sont une par- faite illustration, car pour faire face aux dégâts causés par la furie des eaux, les autorités nigériennes avaient fait appel à l’aide internationale. A quoi servent alors les audits tant annoncés par les autorités nigériennes ? La question reste posée.