Les magistrats du Niger ont accusé mardi le régime de mener "une infiltration massive" de l’appareil judiciaire par des nominations de proches du pouvoir à la tête des juridictions du pays.
"Le pouvoir exécutif entreprend une infiltration massive de l’appareil judiciaire à travers la mise à l’écart progressive des magistrats professionnels", souligne un communiqué du Syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) dont l’AFP a reçu copie.
Ce syndicat pointe principalement deux nominations début septembre, "en violation des textes", de personnalités proches du président nigérien Mahamadou Issoufou : Alkache Alhada - ex-adjoint au directeur de cabinet du président - au poste de Premier président du Conseil d’Etat, et Saidou Sidibé - ancien directeur de cabinet de la Présidence - comme Premier président de la Cour des Comptes.
Saidou Sidibé qui occupait jusqu’ici le poste de ministre des Finances, remplace M. Alhada à la tête de la Cour des Comptes. Tous les deux ont été nommés par le Conseil supérieur de la Magistrature (CSM) présidé par le président Issoufou devant lequel ils ont prêté serment vendredi.
La Cour des Comptes a pour mission de "contrôler" les Finances publiques et de juger les comptes de l’Etat. Le Conseil d’Etat examine "les recours pour excès de pouvoir" des autorités administratives et est également juge du contentieux électoral pour les élections locales.
"Comment peut-on espérer une justice impartiale et neutre, lorsqu’on remplit ces juridictions de personnalités dont l’appartenance politique ne fait l’ombre d’aucun doute ?", s’insurge le Saman.
Le Saman demande l’annulation de ces deux nominations, et menace d’observer une journée "Justice morte" en guise de protestation.
"On ne retirera rien du tout. Ces nominations sont conformes à la loi" et les deux personnalités "vont exercer leur fonction", a répondu Marou Amadou, le ministre de la Justice sur une télévision locale.
Leur "qualité d’hommes politiques" ne remet pas en cause leur "compétence", a-t-il insisté. "La loi dit clairement +qu’il faut nommer un magistrat ou une personnalité+", pour diriger ces deux institutions, a justifié Marou Amadou, jugeant "excessive et incompréhensible" la réaction du Saman.