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Niger : Des coups d’éclat qui nourrissent la démocratie.
Publié le mardi 8 octobre 2013   |  Lepays.bf


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© Autre presse par DR
Assemblée Nationale: Cérémonie d’ouverture de la session budgétaire au titre de l’année 2013


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La rentrée parlementaire au Niger, s’ouvre par une crise politique majeure ; la tension qui couvait depuis près de trois mois entre Hama Amadou, chef du parti Moden Lumana, et le président Mahamadou Issoufou, a fini par éclater en crise ouverte le samedi 5 octobre 2013.

Hama Amadou a ainsi décidé de mettre fin à la coalition que son parti avait formée avec celui du président Mahamadou Issoufou, et de retourner à ses anciennes amours ; il rejoint le Mouvement national pour la société de développement (MNSD) de Seini Oumarou et la convention Démocratique et sociale (CDS) de Mahamane Ousmane. La fronde de ces trois leaders de l’opposition nigérienne a donné naissance à une nouvelle formation politique appelée l’Alliance pour la République, la Démocratie et la Réconciliation, en abrégé ARDR.
Au-delà des accusations de « dictature personnelle » qu’il porte à l’encontre du président Issoufou, que faut-il penser de ce coup d’éclat politique de Hama Amadou ?

Il faut dire qu’avec ce énième revirement, l’enfant terrible de l’opposition nigérienne affiche, sans ambages, ses ambitions ; empêcher le président Mahamadou Issoufou de rempiler en 2016, année de la fin de son premier quinquennat. Et pour atteindre ses objectifs, Hama Amadou n’a pas hésité à retourner vers ceux dont il avait rejeté l’offre d’alliance en 2011.

Pour avoir passé plus de 7 ans à la primature nigérienne, puis occupé la présidence du parlement, Hama Amadou n’a plus qu’un objectif, pour couronner sa carrière d’homme politique ; cet objectif, évidemment, c’est le fauteuil présidentiel. Et pour cela, comme le confie Habi Mamadou, ancien député « il est prêt à marcher sur n’importe qui, pour atteindre ses objectifs. L’essentiel c’est qu’il réussisse tout ce qu’il fait. » En effet celui que ses adversaires politiques appellent « le caméléon » ne recule devant rien, au grand embarras de ses militants, pour obtenir ce qu’il veut. Evidemment, Mahamadou Issoufou qui connait bien l’homme, pour ses humeurs instables, ne doit pas être surpris. C’est donc en homme avisé qu’il affirme que « cette coalition est un non événement, et que les trois principaux partis de l’opposition ne sont que l’ombre d’eux-mêmes ».

En attendant de suivre l’évolution de cette alliance contre nature, qui, du reste, a déjà échoué en 2011, il faut néanmoins saluer ce courage politique de Hama Amadou, dont l’action n’est pas sans nous rappeler certains hauts faits de la politique nigérienne.

Effectivement, la vie politique nigérienne est jalonnée d’actes et de prises de position courageuses qui l’animent et la revitalisent régulièrement. De telles actions d’éclat participent à la vitalité de la démocratie nigérienne. C’est malheureusement ce qui manque dans nombre de pays voisins du Niger où les opposants politiques, ayant coalisé avec le pouvoir, ressemblent plutôt à des guignols que ce dernier manipule à volonté et qui sont prêts à baisser la culotte à la moindre menace de remaniement gouvernemental. Ce sont des opposants œsophagiques qui font honte à leurs propres militants.

Il faut espérer que le président Issoufou saura surmonter cette crise somme toute naturelle en politique, et surtout qu’il saura manœuvrer avec prudence pour ne pas provoquer un blocage des institutions politiques du pays. Et dans un contexte sous régional marqué par l’insécurité, il doit tout faire pour éviter que les Djihadistes, tapis non loin de ses frontières, n’en profitent pour déstabiliser son pays. Le cas du Mali doit lui servir de leçon.

Dieudonné MAKIENI

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