Session extraordinaire du Comité interparlementaire (CIP) de l’UEMOA : Les parlementaires planchent sur plusieurs sujets dont la sécurité dans l’espace commun
Les membres en exercice et anciens du Comité interparlementaire (CIP-UEMOA) tiennent depuis hier à Niamey, la 22ème session extraordinaire dudit comité. L’ouverture des travaux a eu lieu au palais des congrès, au cours d’une cérémonie qui a enregistré la présence de plusieurs invités notamment, les présidents des institutions de la République, les vice présidents de l’Assemblée nationale, l’ancien président du CIP-UEMOA SE. Mahamane Ousmane et les membres du gouvernement.
C’est le président de l’Assemblée SE Ousseini Tinni qui a dirigé la cérémonie avec à ses côtés le président en exercice du CIP-UEMOA, SE Lancina Dosso et le représentant résident de l’UEMOA au Niger M. Sérigne MBacké Sougou.
A l’agenda de cette 22ème session du comité, les députés des pays membres de l’UEMOA auront à se pencher sur trois points essentiels se rapportant à l’accord de partenariat économique EU-ACP, les conflits et la sécurité dans la sous-région.
Dans son intervention, le Président du CIP-UEMOA, SE Lancina Dosso, a exprimé la gratitude et les remerciements des membres du Comité pour l’accueil chaleureux et les bonnes dispositions de séjour et de travail dont ils ont été l’objet. Il a ensuite expliqué et justifié point par point les raisons qui ont conduit au choix des trois thèmes. Tout au long de la session, les parlementaires seront édifiés par des conférenciers et experts chevronnés a-t-il dit avant d’affirmer sa confiance que des recommandations pertinentes seront formulées à l’issue de la session.
En procédant à l’ouverture des travaux, le Président de l’Assemblée Nationale, SE. Ousseini Tinni, a évoqué l’impérieuse nécessité pour les pays de l’UEMOA de «constituer de grands blocs économiquement intégrés pour conduire la bataille contre le sous-développement». Le Niger, a-t-il assuré, a tellement conscience de cette nécessité d’intégration qu’il a inscrit dans sa constitution «la possibilité d’abandon partiel ou total de souveraineté» pour réaliser l’Unité africaine. Car, a soutenu le Président Ousseini Tinni, le chemin de l’unité passe par la création des sous ensembles régionaux à dimension maitrisable tout en affirmant qu’il faut travailler à renforcer les blocs que l’histoire et la géographie ont rendus assez homogènes.
(Lire ci-dessous l’intégralité du discours d’ouverture prononcé par le Président de l’Assemblée Nationale, SE. Ousseini Tinni) Zabeirou Moussa(onep)
Discours prononcé par le Président de l’Assemblée Nationale à l’ouverture de la 22ème Session extraordinaire du Comité interparlementaire de l’UEMOA :
«Il est impératif pour nos pays de constituer de grands blocs économiquement intégrés pour conduire la bataille contre le sous-développement», déclare SEM. Ousseini Tinni
« Monsieur le Président du Comité Interparlementaire de l’UEMOA,
Monsieur le Représentant du Gouvernement, Messieurs les Ambassadeurs et consuls honoraires, Messieurs les députés membres du CIP/UEMOA, Honorables collègues, Mesdames et Messieurs,
Au nom de la Représentation nationale du Niger, je voudrais très sincèrement remercier le Comité Interparlementaire de l’UEMOA pour avoir fait à notre pays l’honneur de tenir sa session extraordinaire à Niamey.
Monsieur le Président et chers collègues députés du CIP, soyez donc les bienvenus en cette terre africaine du Niger où depuis les indépendances l’on a compris que l’avenir des pays africains est conditionné par leur capacité à s’unir. Nous avons, en effet, très tôt, compris qu’aucun de ces pays ne réunit véritablement les conditions d’un développement endogène.
Autant dire alors qu’il est impératif pour nos pays de constituer de grands blocs économiquement intégrés pour conduire la bataille contre le sous-développement. Au Niger, nous en sommes si convaincus que nous avons retenu dans notre loi fondamentale la possibilité d’abandon partiel ou total de souveraineté «en vue de réaliser l’unité africaine».
Nous savons, cependant, que le chemin menant à cette unité passe par la création de sous-ensembles régionaux à dimension maîtrisable. Dans cette optique, il me semble «qu’il faut d’abord travailler à renforcer les blocs que l’histoire et la géographie ont rendus assez homogènes comme l’espace UEMOA. En effet, de l’héritage de la fédération coloniale à nos jours, les pays composant cet espace ont pu saisir maintes occasions de rapprochement, maintes occasions d’ouvrir des chantiers d’intégration.
Ce fut d’abord une vision administrative et une monnaie partagée, puis, vint ensuite la ferme volonté de ces pays de créer ensemble un marché disposant de la taille critique indispensable à un véritable décollage économique. Aujourd’hui, il paraît nécessaire de poursuivre et de mener à bien tous les chantiers économiques, sociaux et même politiques ouverts depuis bientôt vingt-deux ans qu’existé l’UEMOA. Aussi est-ce pourquoi, tout en félicitant l’ensemble des organes qui donnent vie à cette organisation, je me permets de les exhorter à redoubler d’efforts afin qu’à brève échéance les États de notre espace commun entreprennent résolument leur marche vers l’émergence.
Parmi ces organes, je voudrais faire une mention spéciale au CIP dont le rôle de contrôle démocratique de la construction de notre Union est des plus essentiels. En effet, l’intégration que nous voulons, au-delà des États et des économies, concerne d’abord les peuples, il est donc impératif qu’à travers leurs représentants, ils y participent en jouant notamment un rôle de veille et de conseil. C’est pourquoi, je saisis l’occasion de cette session extraordinaire pour me réjouir avec vous de voir renaître votre comité Interparlementaire après qu’il ait failli disparaître, sans doute à la suite de certaines erreurs d’appréciations.
Monsieur le Président, Messieurs les membres du CIP,
Pour en revenir à cette session, permettez-moi de saluer la pertinence des trois thèmes qui en constituent l’ordre du jour. A propos du premier, portant sur «les négociations des Accords de Partenariat Économique» (APE), qui recouvre une brûlante actualité au regard des polémiques et controverses que ces négociations ont soulevé depuis leur lancement. En effet, comme vous le savez, certains pays africains et de nombreux leaders d’opinion pensent que ces APE comportaient de grand risque pour les économiques africaines. Mais, aujourd’hui que les passions se sont calmées, il est opportun que les élus, particulièrement les députés qui accompagnent le processus d’intégration de nos États, en appréhendent tous les contours.
Quant au deuxième thème, l’on ne peut qu’en saluer la pertinence dans le contexte africain actuel où le fait électoral génère ici et là maints et maints conflits. Il est donc de plus haute importance que les élus s’imprègnent des mécanismes de résolutions de conflits afin que nos corps législatifs, au-delà de leur mission traditionnelle, s’engagent dans un rôle de régulation politique ou sociale aussi bien au niveau national qu’au niveau international, notamment, à travers la diplomatie parlementaire.
S’agissant du troisième thème, Honorables collègues, je ne peux que vous exhorter à lui réserver la plus grande des attentions car, aujourd’hui, de nombreux faits nous rappellent qu’aucun des pays de notre espace commun n’est à l’abri des attaques terroristes. En effet, sans aucune raison objective, une certaine internationale terroriste nous a déclaré, à tous, une guerre aux contours imprécis dans le cours de laquelle, l’ennemi choisit cible et terrain, ne laissant à nos forces de défense et de sécurité que le rôle périlleux de réaction.
Dans un pareil contexte, je ne peux que me féliciter de voir vos assises se pencher sur la question sécuritaire. A cet égard, je souhaite que vos réflexions s’orientent vers les voies nous permettant de mieux mutualiser nos efforts afin de venir à bout du terrorisme et de tous les effets qu’il charrie dans son sillage.
En tout état de cause, comme vous le savez, le Niger assumera toujours sa part d’effort et de sacrifice dans le combat commun contre ce fléau. Je n’en veux pour preuve que la prompte réaction de SEM. Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, lorsqu’un de nos États voisins a été victime d’une attaque terroriste majeure : sans aucune hésitation, il a été le premier à faire intervenir les forces de défense et de sécurité nigérienne afin de contenir le péril qui s’annonçait; en la matière, aujourd’hui encore, son engagement et sa détermination restent aussi ferme que jamais. Pour ma part, mon souhait le plus sincère est que, s’agissant du terrorisme ou de tout autre danger qui pourrait menacer un des États de notre communauté, nos dirigeants puissent intervenir efficacement aussi vite que possible et de manière concerté.
Certainement que des assises comme celle que vous entamez aujourd’hui permettront de préparer les consciences individuelles et collectives à encourager et à soutenir ce type d’intervention, jusqu’à en faire un réflexe naturel. C’est dire alors combien nous avons pour vos présentes assises de grandes espérances !
Connaissant le comportement militant de chacun d’entre vous à l’égard de la construction de l’œuvre commune d’intégration de notre espace sous-régional, je ne doute pas un seul instant que ces espérances ne seront pas déçues. Vous souhaitant un agréable séjour à Niamey, je déclare ouverte la 22eme session extraordinaire du CIP/UEMOA.
Je vous remercie. ».