Limogé il y a deux mois environ de son poste de Wali (Gouverneur) d’Afrique de l’Ouest par l’Etat islamique (EI), Abu Bakr Shekau n’a pas accepté cette décision. Se considérant toujours comme l’Emir légitime de Boko Haram, Shekau a contesté son éviction dans deux vidéos, diffusées les 3 et 7 août. Récemment, dans un troisième document de plus de 38 minutes, diffusé dans la nuit du 24 au 25 septembre, Abu Bakr Shekau a maintenu l’ensemble de ses positions doctrinales qui sont désormais plus que contestées par son rival Abu Mus‘ab al-Barnawi, le nouveau leader de l’EI en Afrique de l’Ouest.
Dès le début de son discours, Abu Bakr Shekau se présente comme l’Imam du Groupe Sunnite pour la Prédication et le Jihad (GSPJ) – le nom officiel de Boko Haram [1] –, dans l’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique. Cette appellation lui permet à la fois de se distinguer de son rival, Abu Mus‘ab al-Barnawi, tout en continuant à reconnaître la légitimité de l’EI d’Abu Bakr al-Baghdadi, avec qui il n’a jamais formellement rompu. Dans cette troisième vidéo, depuis le début du déclenchement de la crise, à aucun moment le discours d’Abu Bakr Shekau ne critique al-Baghdadi ni ne mentionne le différend qui les oppose. Cette précaution oratoire semble indiquer une volonté d’éviter d’attiser tout conflit avec le Calife de l’EI, au moment où Shekau n’a jamais été autant contesté par une grande partie de ses hommes. En effet, si ses qualités de commandant militaire n’ont jamais été remise en cause depuis sa prise de commandement en 2010, ses compétences en matière religieuse sont loin d’égaler celle de son prédécesseur Muhammad Yusuf, le père de son nouveau rival soutenu par le commandement de l’EI : Abu Mus‘ab al-Barnawi.... suite de l'article sur Autre presse