Les forces armées nigériennes ont enterré leurs 22 camarades : 14 gardes nationaux, 5 gendarmes et trois soldats, en présence du gouverneur de la région de Tahoua et du commandant de la zone de défense numéro 4.
Arrivés à la frontière malienne par la grande vallée de l’Azaouad, les assaillants, qui ont vraisemblablement préparé leur attaque, ont choisi l’heure du déjeuner, au moment où la majorité des soldats étaient rassemblés autour des plats, pour exécuter leur sale besogne.
Le poste de sécurité du camp a directement été la cible. Les 22 soldats ont ainsi été mitraillés sans grande résistance. « Une bande de criminels non identifiée », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, le colonel Ledru.
Le Haut-Commissariat aux réfugiés, dont les agences sont sur le site, a confirmé également la mort de 22 soldats, avant d’ajouter que seuls trois soldats affectés à la sécurité du camp de Tazalit ont réussi à fuir.
Des nouvelles en provenance du site de Tazalit indiquent que les assaillants sont restés maîtres des lieux pendant presque deux heures, le temps de piller les magasins de vivres, les produits pharmaceutiques du camp, les armes des 22 soldats ainsi qu’un véhicule de l’armée et un autre du HCR. Quant à l’unique ambulance du camp de réfugiés, elle a été complètement incendiée.
Cette agression ne restera pas impunie, a martelé le porte-parole du ministère de la Défense, avant d’exhorter ses camarades « à poursuivre avec courage la lutte contre cette bande de criminels ».
La région de Tahoua difficilement contournable pour les trafics en tout genre
La région de Tahoua, au centre-ouest du Niger, est bien encadrée : au nord, la frontière nord-malienne et ses groupes jihadistes comme Aqmi ou Ansar Dine. Au sud, le Nigeria et Boko Haram. La région, plus de 110 000 mètres carrés, est également sur le chemin de l'Algérie et de la Libye. En clair, un territoire difficilement contournable pour les trafics en tout genre : drogue, bien sûr, mais aussi armes et migrants.
« C'est un lieu de passage », confirme un diplomate africain en poste à Niamey, fin connaisseur de la bande sahélo-saharienne. Il explique notamment que le flux d'armes en provenance de Libye s'est réduit, avec l'intervention de la force française antiterroriste Barkhane : « Aujourd'hui, tout le monde a besoin d'armes et de munitions », affirme encore cette source, pour expliquer l'attaque de Tazalit. Après avoir tué 22 soldats nigériens, les assaillants sont repartis avec trois véhicules, des armes et des munitions.
Le centre de la région de Tahoua est un carrefour très vaste, mais surtout très peu militarisé. « C'est un lieu de déplacement, reconnaît-on au ministère nigérien de la Défense, mais pas un lieu d'installation ». De fait, le commando qui a mené l'attaque jeudi est reparti en direction du nord du Mali. Les autorités nigériennes promettent de renforcer la présence militaire dans la région de Tahoua.