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Niger : inquiétude et réprobation face à la présence des bases militaires étrangères
Publié le dimanche 9 octobre 2016   |  Xinhua


Visite
© AFP par Byline
Visite du Président Mahamdou Issoufou à l`armée française à Diffa, l`est du Niger.
Samedi 21 Février 2015. Niger. Le Président Mahamdou Issoufou à l`armée française à Diffa, l`est du Niger pour aider les troupes du Niger, le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Bénin dans la lutte régionale contre Boko Haram.


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La multiplication depuis quelques temps de bases militaires étrangères sur le sol nigérien que certains citoyens qualifient de "recolonisation militaire du Niger", suscite des polémiques au sein de la population.
Depuis près de deux ans, certaines puissances occidentales ont décidé de faire du Niger, vaste pays du sahel à cheval entre l'Afrique noire et le Maghreb, leur base en Afrique subsaharienne pour mener efficacement la lutte contre les forces terroristes et autres trafiquants de drogues qui opèrent dans la bande sahélo-saharienne.
Le Niger fait frontière sur toute sa partie sud et sud-est avec le Nigéria où sévit depuis 2009 le groupe terroriste Boko Haram qui a fait près de 20.000 victimes et poussé à l'exode plus de 2,6 millions, à l'ouest, avec le nord Mali qui abrite depuis près de cinq ans plusieurs groupes terroristes proches d'Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), d'Ançar Dine et d'autres mouvements rebelles ayant à leur actif plusieurs attaques meurtrières sur le sol malien et dans les pays voisins.
L'attaque jeudi dernier au Niger de ces narcoterroristes, venus du Mali, tuant 22 soldats nigériens chargés d'assurer la sécurité du camp de Tazalit abritant des refugiés maliens, en est une illustration malheureuse.
Le Niger est également voisin de la Libye dont la partie sud-est sous le contrôle de groupes armés et autres bandits de tout acabit depuis le renversement en 2012 du régime de Kadhafi.
Depuis octobre 2014, dans le but de démanteler la base arrière de ces groupes qui pullulent la zone sahélo-saharienne, l'armée française installa une base à Madama, dans la région d'Agadez (nord), en plein désert du Sahara, proche du sud libyen. C'est également le corridor des trafiquants d'armes et de drogues.
Sous prétexte de soutenir l'opération française Barkhane au Sahel, ce fut au tour des Etats-Unis de positionner ses drones à Niamey, avant d'annoncer la semaine dernière, à travers le porte-parole du Pentagone, Michelle Baldanza, la construction d'une autre base militaire à Agadez.
Cette fois-ci, c'est l'Allemagne qui annonce la construction très prochaine au Niger d'une base aérienne, en "appui", dit-elle, à la mission onusienne au Mali.
Selon l'ambassadeur allemand à Niamey, Bernd von Münchow-Pohl, c'est dans ce cadre que la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel, effectuera une visite officielle le 10 octobre prochain au Niger.
Cette présence militaire étrangère suscite pourtant des critiques de la part des Nigériens, notamment des leaders de la société civile dont certains accusent ces puissances de vouloir "transférer le combat chez nous".
Pour l'acteur de la société civile Laouali Aboubacar, le Niger est en train de devenir une sorte de panacée pour les puissances occidentales ; aujourd'hui le nord-est du Niger est entre les mains de ces puissances qui ont pratiquement le contrôle de l'essentiel du territoire national.
"Ces puissances avec leurs moyens de communications plus sophistiqués sont plus informées que notre armée sur ce qui se passe sur le territoire national; la sécurité des Nigériens est entre leurs mains; nous sommes en train d'assister à une recolonisation militaire du Niger", a-t-il regretté.
Un autre, Mahamadou Tahirou, trouve déplorable que son pays soit envahi par des bases militaires étrangères. "Sous peu de temps, on n'aura aucun contrôle sur le territoire national. On en n'a pas besoin ; nous croyons toujours à nos forces de défense et de sécurité".
"C'est déplorable que la sécurité de notre pays soit léguée aux puissances étrangères. Il s'agit de mettre à la disposition de nos forces armées des moyens conséquents pour répondre à toute attaque d'ennemis", préconise Sirajo Issa, également de la société civile.
"C'est dommage. C'est un déni de souveraineté. On doit avoir honte. Ces autorités doivent des explications au peuple nigérien", s'exclame un ancien diplomate nigérien à la retraite.
Pour d'autres, ces genres de questions méritent d'être débattues par les représentants du peuple, à défaut d'un referendum.
"Le Niger serait devenu un +hub+ convoité par les armées occidentales ?", écrit le directeur de publication de l'unique quotidien privé du Niger "L'Enquêteur", Soumana Maiga

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