Accusés du rapt d’une fillette, trois Nigérians ont été lynchés à mort, mardi à Bissau, par une foule de jeunes en colère. Le calme est revenu dans la capitale bissau-guinéenne après l’intervention de l’armée et des forces de la Cedeao.
La justice populaire fait des victimes à Bissau. Après la disparition d’une fillette, au petit matin du 8 cotobre, la rumeur s’est rapidement propagée dans la capitale bissau-guinéenne qu’elle avait été enlevée par des Nigérians.
Rassemblée près du centre-ville, une foule surexcitée s’est attaqué à trois Nigérians. Les infortunés ont alors été lynchés jusqu’à ce que mort s’en suive. Un journaliste de l’AFP a confirmé avoir vu deux des corps de ces Nigérians à la morgue.
"Des centaines de personnes, essentiellement des jeunes armés de cailloux et de bouteilles, ont pris à partie une voiture de police dans laquelle se trouvait un des kidnappeurs présumés qu’ils ont réussi à sortir du véhicule et qu’ils ont ensuite lynchés devant des policiers impuissants", a constaté le journaliste de l’AFP.
"Mort aux Nigérians, trop c’est trop, Basta ! Que les Nigérians s’en aillent", hurlaient la foule.
Intervention de l’armée
Outre des tirs de sommation, la police a fait usage de gaz lacrymogène, mais très vite débordée, elle a fait appel à l’armée et aux forces de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) présentes dans le pays, qui se sont déployées dans la ville et ont réussi à ramener le calme dans l’après-midi.
L’ambassade du Nigeria à Bissau, où des ressortissants nigérians ont trouvé refuge, a été cernée par les forces de sécurité. La plupart des commerçants de la ville ont fermé boutique, par crainte d’un déchaînement de violence généralisée.
Depuis deux semaines, sept rapts d’enfants ont été rapportés à la police par leurs familles et ces enlèvements sont au cœur des conversations dans tout le pays et sur les ondes des radios locales, alimentant de nombreuses rumeurs sur d’autres enlèvements présumés.
Les enfants non accompagnés ont désormais interdiction de se déplacer et des personnes en compagnie d’enfants avec lesquels ils ne peuvent justifier des liens de parenté, sont immédiatement arrêtées.