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Le Sahel N° du 18/10/2016

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Perspectives agricoles et alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest : Le CILSS lance une alerte sur le criquet pèlerin
Publié le vendredi 21 octobre 2016   |  Le Sahel


Criquets
© Autre presse par DR
Criquets pèlerins


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Le CILSS, de concert avec la Commission de Lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO) et la FAO, vient de lancer une alerte sur le criquet pèlerin dans la bande sahélienne. Cette alerte est issue des conclusions de la Concertation technique régionale sur les perspectives agricoles et alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest (PREGEC), tenue du 19 au 21 septembre 2016, à Lomé, au Togo.
Comme l’expliquent les experts du Centre ré­gional Agrhymet, à travers les colonnes du Bul­letin Spécial criquet pèlerin paru le 15 octobre dernier, « la situation acridienne se ca­ractérise en Mauritanie par la rentrée dans une phase de résurgence majeure qui pourrait aboutir à une recru­descence si elle n’est maitri­sée rapidement. Cette résurgence est marquée par la présence d’essaims et de groupes d’ailés solitaro­tran­siens en accouplement et ponte sur de grandes éten­dues réparties essentielle­ment entre le Trarza et l’Adrar et, dans une moindre mesure, dans l’Inchiri et le H. Chargui ».

Pour les experts, cette situa­tion est consécutive à la brusque augmentation des densités acridiennes dans les aires de reproduction es­tivale du sud de la Maurita­nie. Cela, expliquent-ils, a entraîné la formation de groupes d’ailés à partir de la mi­ septembre. « Par la suite, des adultes et des groupes en nombre croissant sont ap­parus dans le nord­ ouest et y ont pondu. Des éclosions sont observées et il est pro­bable qu’une résurgence se développe d’ici mi ­octobre, avec la possible formation de petites bandes larvaires et d’essaims », souligne le Bul­letin.

La même source indique que «les groupes d’ailés se sont formés dans le sud­-est de la Mauritanie près de Nema. En début octobre, plusieurs pe­tits essaims et des groupes d’adultes solitaires et tran­siens sont apparus dans l’ouest de la Mauritanie (Trarza, Adrar et Inchiri). Des pontes et des éclosions étaient déjà en cours dans cette zone et de petites bandes de larves des 1er et 2ème stades se sont for­mées. A la date du 10 octo­bre, plus de 4 200 ha ont été traités par voie terrestre. Dans le sud du Maroc, des ailés épars ont fait leur appa­rition dans l’Adrar Settouf ». Pour ce qui est des infestations dans l’ouest de la Mau­ritanie, elles sont, de l’avis des experts, le résultat de la reproduction estivale dans le sud, où des pluies bien ré­parties sont tombées ces derniers mois entraînant le verdissement de la végéta­tion bien plus au nord que la normale. « En outre, une re­production a eu certainement lieu dans le nord du Mali mais ni son étendue ni son importance n’ont pu être confirmées par des prospec­tions en raison de l’insécu­rité», ajoute le Bulletin spécial du Centre régional Agrhymet.

Pour le cas de notre pays, le Niger, la même source note que « les effectifs acridiens ont récemment augmenté dans les plaines du Tamesna et le long du versant occi­dental des montagnes de l’Aïr, où au moins un groupe d’ailés immatures s’est formé».
Pour ce qui est du Tchad, il apparait que les criquets se concentrent dans le nord­-est, où un petit groupe de larves a été signalé. Au Soudan, les criquets se concentrent et for­ment quelques groupes et des bandes larvaires de der­nier stade dans le Nord Kordofan et au nord de Khar­toum, dans le désert de Baiyuda, où on s’attend à ce que des opérations de lutte commencent sous peu. «D’importants effectifs de sauteriaux étaient également présents dans plusieurs pays dont le Niger (213 097 ha in­ festés), le Mali et dans une moindre mesure le Nord­est du Burkina Faso », prévient le Bulletin.

Selon les explications fournies par le Bulletin spécial, cette situation découle du fait que, au cours de la saison d’hivernage 2016, les zones habituelles de reproduction du criquet pèlerin en région occidentale ont enregistré des pluies relativement im­portantes. C’est notamment le cas dans le Trarzar, l’In­ chiri et l’Adrar, le Hodh en Mauritanie, le Centre et le Tamesna au Niger, le Tilemsi et l’Adrar des Ifoghas au Mali, ainsi que dans l’Ennedi au Tchad. C’est qu’u 30 septembre, des cumuls de l’or­dre de 50­100 mm voir 100­200 mm ont été observés par endroit. Ces pluies ont persisté durant le mois de septembre 2016 avec un cumul mensuel de l’ordre de 10 à 50 mm.

S’ajoute le fait que jusqu’à la 1ère décade d’octobre, les conditions écologiques sont restées très favorables à la survie et à la reproduction des criquets dans la majorité des zones de reproduction du criquet pèlerin où la végé­tation est encore verte et l’humidité du sol est proche de la surface.

En perspectives, les experts prévoient qu’au regard de la situation acridienne en cours marquée par la présence d’essaims et de groupes en mouvement et en accouple­ ment et ponte sur de très grand espace géographique de plusieurs centaines de km2, mais également par la présence de conditions éco­logiques favorables à la re­production des criquets sur de vastes étendues d’autre part, on doit s’attendre à la poursuite des éclosions, l’apparition des bandes lar­vaires, et l’observation d’es­saims et de groupes d’ailés. Surtout que les populations larvaires localisées au ni­ veau du Trarza ces derniers jours vont pouvoir former des groupes d’ailés d’ici novem­bre.

« Avec le dessèchement de la végétation dans ces zones, des groupes d’ailés et quelques autres petits es­saims vont probablement se déplacer vers le nord-ouest de la Mauritanie et se repro­duire dans les zones de pluie récente, s’étendant jusqu’au sud du Maroc », préviennent les experts.

Par conséquent, on pourrait s’attendre à ce que des groupes de larves et d’ailés, ainsi que des bandes lar­vaires et de petits essaims se forment au cours des trois prochains mois. « Tous les efforts devraient être réalisés pour traiter ces infestations. Les opérations de prospec­tion et de traitement doivent être poursuivies et intensi­fiées durant les semaines à venir d’où la nécessité d’accompagner les pays de la ligne de front (Mauritanie, Mali, Niger Tchad) en parti­culier la Mauritanie dans les efforts de lutte engagée. Un accompagnement des parte­naires pour la mise en œuvre du plan d’action mis à jour et proposé par la Mauritanie permettra une meilleure prise en charge de cette ré­surgence », conseillent les experts.

Assane Soumana

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