L'Association Nigérienne pour la Promotion de la Finance Islamique a organisé, jeudi dernier dans l'après-midi, au centre Amir Sultan de Niamey, une conférence-débat sur la finance islamique. Cette conférence animée par M. Boubkeur Ajdir, directeur de projets au sein de Islamic Finance Advisory and Assurance Services (IFAAS), cabinet spécialisé en finance islamique s'articule autour de deux principaux thèmes à savoir : « Introduction à la finance islamique; les fondements et pratiques contemporaines» et « Actualité de la finance islamique et perspectives de développement de la sous-région». L'objectif de la conférence est d'avoir une approche pédagogique permettant aux agents économiques locaux de comprendre de quoi, il s'agit quant on parle de finance islamique.
La conférence s'est déroulée en présence de M. Abdoulaye Guédé, de M. Ahmed Sidi Ibrahim, respectivement président et secrétaire général de ladite association ainsi que de plusieurs responsables des banques au Niger. Le terme finance islamique recouvre l'ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la Charia, qui supposent l'interdiction de l'intérêt, de l'incertitude, de la spéculation, l'interdiction d'investir dans des secteurs considérés comme illicites (alcool, tabac, paris sur les jeux, etc.), ainsi que le respect du principe de partage des pertes et des profits. Au cours de cette conférence, M. Boubkeur Ajdir a tout d'abord présenté les cinq piliers dits religieux de la
finance islamique qui sont en fait les grandes valeurs fondatrices de l'éthique à mettre en relief. Les cinq piliers sur lesquels sont fondés la finance islamique sont : Pas d'intérêt ; Pas d'usure ; Pas de spéculation, de jeux de hasard ; Pas d'objets illicites et Obligation de partage des profits et des pertes et adossement obligatoire à un actif tangible.
A travers l'analyse de ces points d'exigence avec pragmatisme et objectivité, il s'agit de principes éthiques fondateurs des grandes religions avec un fonctionnement articulé sur l'économie réelle. Selon le conférencier, l'introduction de la finance islamique ne manquera pas de rehausser le taux de bancarisation. En effet, la demande est présente mais l'offre se fait toujours attendre. Dans un pays où la finance islamique n'existe pas ou très peu, il est bien nécessaire de la présenter dans son authenticité tout en la ramenant à la réalité des pratiques contemporaines. «Après avoir partagé les connaissances, il faut que, les experts locaux s'approprient ce sujet parce que c'est une finance dans laquelle, il y a une potentialité énorme à exploiter. Ces agents économiques ne sont pas simplement des consommateurs de l'information mais ils vont devenir des acteurs pour développer cette finance au Niger parce que les pays voisins sont très actifs dans le domaine notamment la Côte d'Ivoire et le Sénégal», a-t-il déclaré.
Le conférencier a attiré l'attention de l'assistance sur deux expressions à savoir ; « Rizk » et « Risque ». Du point de vue de la question de l'appréciation et de la gestion du risque, les produits de la finance islamique se démarquent et se différencient fondamentalement des autres. Ainsi, tous les produits définis comme conformes à la Charia doivent tenir compte du paramètre risque. Il est d'ailleurs assez singulier de relever à ce propos que le mot risque est étymologiquement d'origine arabe, venant de « Rizk » qui veut dire bienfait, bien légitime, chose bénéfique au sens large. Donc, il faut souligner que, tous les produits proposés par la finance islamique sont imprégnés par cette notion d'évaluation du risque. Cela est vrai des produits et titres de financement courant comme de ceux du marché obligataire. La conférence-débat a été enrichie par la participation active du public à travers des contributions et des questions liées aux deux thèmes débattus.