Exilé à Paris depuis son évacuation sanitaire, l’ex-premier ministre peine à revenir dans le jeu politique. Un contexte qui profite à son lieutenant, Soumana Sanda.
Hama Amadou cale face à la stratégie orchestrée par Mahamadou Issoufou pour imposer son second mandat. En quelques mois, le président nigérien, réélu en février après un scrutin controversé, a fait imploser la Coalition pour l’alternance (Copa 2016) et a rallié à sa mouvance le MNSD de son adversaire, Seïni Oumarou. Pour tenter de contre-attaquer, l’ex-président de l’Assemblée nationale enchaîne les rendez-vous en caressant l’espoir de reprendre le leadership de l’opposition après la désignation, le 21 octobre, de Seïni Oumarou comme haut représentant personnel du chef de l’Etat et l’entrée de six ministres MNSD au gouvernement formé deux jours auparavant.
Entre deux consultations à l’Hôpital américain de Paris (LC n°725), Hama Amadou reçoit ses conseillers - le français Emmanuel Dupuis et le franco-malien Hamidou Maïga - ainsi que des personnalités de passage dans la capitale française dans son appartement à Créteil, en banlieue parisienne, ou à l’Hôtel Pullman de Paris-Bercy. Il aligne aussi des séances de réflexion sur sa reconquête politique avec Yacouba Soumaïla, patron de la section française de son parti, le Moden Fa Lumana. Son assistant personnel Ibrahim Arami et son fils Ismaël lui remontent quotidiennement les informations sur la situation du Niger parallèlement à ses conversations téléphoniques avec les dirigeants de l’ex-Copa 2016, tels l’ancien président Mahamane Ousmane et l’ex-premier ministre Amadou Boubacar Cissé. Cette stratégie manque toutefois de souffle et de résultats. Les militants du Moden Fa Lumana, et les autres opposants l’ayant soutenu durant la présidentielle, s’agacent de plus en plus du silence public d’Hama Amadou depuis l’investiture de Mahamadou Issoufou, le 1er avril. Ces derniers ne comprennent pas davantage pourquoi l'opposant continue de résider en France au moment où le Niger s’apprête à modifier ses lois électorales et la Constitution du 25 novembre 2010. Cette absence profite directement à Soumana Sanda, principal lieutenant d’Hama Amadou, sorti de prison en septembre après avoir purgé une peine de dix mois. Ce dernier ne cesse de gagner en popularité et se pose désormais comme une alternative à son patron pour livrer les batailles électorales à venir.