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Misère de la démocratie : Par Dr Farmo Moumouni
Publié le samedi 19 novembre 2016   |  Niger Diaspora


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© Autre presse par DR
Post scriptum : Par Dr Farmo Moumouni


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Il existe des idées fortes et des mots puissants qui se portent à l’assaut des esprits et des époques, les conquièrent, les occupent et les placent sous leur tutelle. Ils s’enracinent, colonisent tout ce qui s’y trouvent, et règnent de manière absolue.

La liberté, l’indépendance, le développement et la démocratie appartiennent à cette tribu d’idées et de mots. On les chante, on les invoque à tout propos, on les honore, on les vénère. Votre sort est scellé si vous ne les applaudissez pas. Si devant eux, vous ne vous prosternez pas, vous êtes désigné comme obscurantiste ou réactionnaire.

La liberté et l’indépendance ont régné sur la période coloniale. Le développement et le progrès ont dominé l’ère postcoloniale. La démocratie trône sur les anciennes colonies depuis la fin de la guerre froide.

Dans l’ordre des régimes politiques, la démocratie est bien la vedette de ces dernières années. Tout le monde s’en réclame: ses amis comme ses ennemis. On agit et parle en son nom. La démocratie est comme la liberté décrite par Valery un de ces mots «très bons pour la controverse, la dialectique, l’éloquence» Elle sert toutes les causes : celle de la paix, celle de la sécurité, celle de la stabilité, du statu quo et de la mauvaise gouvernance.
La misère de la démocratie débute quand elle s’africanise et se métamorphose. Alors, elle devient hideuse, et détestable. En réalité cette démocratie a deux faces : une face charmante qu’elle offre à l’extérieur et une face monstrueuse qu’elle présente à l’intérieur. Elle considère tous ceux qui ont œuvré pour son avènement comme des ennemis à abattre.

Comme la révolution, la démocratie dévore ses fils. Les partis politiques sont assimilés ou inféodés. L’opposition est décapitée. La société civile est étêtée. Les syndicats sont guillotinés. En son nom, on muselle, et bâillonne, on embastille et emprisonne.
Notre démocratie est ennemie de l’alternance. Sa vocation est de se perpétuer. Elle dispose des moyens pour réaliser ses fins : le pouvoir de l’argent supplante la force des voix, les bureaux de votes deviennent des officines de falsification. Dans les institutions fortes, elle place des hommes faibles et des femmes molles.

À mes yeux, une démocratie qui fait sortir des urnes des hommes et des femmes, et qui les place au-dessus des citoyens pour qu’ils les martyrisent, n’est que simulacre et souffrance. Il y a là, quelque chose qui relève de l’auto flagellation, car nous usons de nos mains pour fabriquer nos bourreaux. Mais il y a aussi du pervers car c’est le régime que nous avons érigé qui tend à nous faire du mal.

On ne le dit pas assez, le caractère distinctif de notre démocratie est sa muabilité. Elle peut si on ne prend garde se transformer en monarchie, en oligarchie ou en ploutocratie, c’est-à-dire des régimes dans lequel un seul, quelques individus ou les riches détiennent le pouvoir.
Pour moi, la démocratie est l’association de la liberté et de l’égalité dans le gouvernement de nos pays. Il ne saurait y avoir de démocratie sans liberté ni de de démocratie sans égalité. Ceux qui prétendent nous les donner ne sont que des contempteurs, car nous sommes les artisans de la liberté et de l’égalité.

Farmo M.

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