En visite de travail dans le pays où la multinationale française tire une grande partie de son uranium, Philippe Knoche, le PDG d’AREVA a évoqué devant les autorités, la conjoncture difficile du marché. La conséquence directe sera la remise aux calendes grecques du projet géant d’Imouraren. Une mauvaise nouvelle pour le gouvernement qui attend l’entrée en service de cette mine, la deuxième plus grande d’Afrique, afin de renflouer les caisses de l’Etat.
La mine géante d'Imouraren de la multinationale française AREVA au Niger ne verra pas le jour en 2017 comme annoncé et attendu par les autorités. En visite cette semaine au Niger pour la première fois depuis son entrée en fonction, le PDG du groupe nucléaire français, Philippe Knoche, a dressé une situation sombre sur le marché mondial de l'uranium où les cours continuent à baisser. « Le marché de l'uranium reste encore très dégradé. Les prix qui ont baissé de près de 50% depuis l'année dernière » a argué le PDG d'AREVA qui s'est entretenu avec plusieurs responsables nigériens notamment le chef du gouvernement Birgi Rafini. La tendance va même se poursuivre pour les prochaines années puisque aucune reprise du marché n'est prévue à court terme, ce qui présage encore des « années difficiles avant l'éclaircie » selon Philippe Knoche.
Le PDG d'Areva s'est toutefois voulu rassurant en pronostiquant une reprise des cours à moyen terme.
« Le nucléaire se développe, donc le prix de l'uranium pourra encore augmenter dans quelques années » a-t-il présagé dans un de point de presse qu'il a animé au cours de sa visite à Niamey.
La mine géante d'Imouraren encore reportée aux calendes grecques
La visite du PDG d'AREVA a été donc de mauvaise augure pour les autorités nigériennes. La conséquence de cette poursuite de la morosité du marché de l'uranium, c'est un probable nouvel report de l'exploitation de la mine géante d'Imouraren qui à son démarrage, disposera d'une capacité de 5.000 tonnes par an. Annoncé pour 2014, son entrée en service a été reportée à plusieurs reprises en attendant des plus beaux jours sur les cours internationaux.Le contexte actuel risque donc de creuser le manque à gagner pour l'Etat. Ce dernier va devoir, en effet, envisager une baisse des entrées fiscales qu'il tire de l'exploitation des deux autres mines exploitées par les filiales nigériennes d'AREVA à savoir la Société minière de l'AÏR (SOMAÏR) et la Compagnie minière d'Akouta (COMINAK).
Les chinois en embuscade
AREVA est présente au Niger depuis une cinquantaine d'années à travers trois filiales opérant dans l'exploitation de l'uranium dont le pays est l'un des plus grands producteurs au monde. Ces dernières années, les relations ont été très tendues entre les deux parties notamment à la suite qu'a connue la conclusion de nouveaux contrats d'exploitation. Le Niger et AREVA ont finalement pu parvenir à un accord en mai 2014 mais depuis, sa mise en œuvre a été retardée par la situation sur le marché international. Très impacté par les répercussions de la baisse des cours qui a commencé depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, AREVA a engagé depuis le début de l'année, une stratégie de réduction des coûts de production de ses sites au Niger afin de faire face à la situation.
Les autorités nigériennes se sont jusque-là montrées compréhensibles aux arguments d'AREVA sauf que leur patience risque d'atteindre ses limites. Le gouvernement compte en effet sur les revenus tirés de l'exploitation de cette mine pour financer plusieurs de ses programmes de développement surtout que le pays traverse actuellement une crise de ses finances publiques. Les autorités ont engagé une vaste opération de mobilisation des ressources internes en attendant le démarrage des activités de la mine prévue officiellement pour 2017.
L'échéance risque donc de se prolonger, ce qui pourrait pousser les autorités nigériennes à chercher de nouveaux partenaires surtout que plusieurs entreprises chinoises se sont montrées intéressées par le projet.
Le Niger est le 4e producteur mondial d'uranium et le 2e fournisseur d'AREVA dont un tiers de l'uranium utilisé dans les centrales nucléaires françaises provient des mines exploitées par la multinationale au Niger. Cependant, les bénéfices tirés de l'exploitation de l'uranium ne contribuent qu'à hauteur de 5% au budget général du pays, l'un des plus pauvres au monde.