J’étais dans les hauteurs de la pensée, loin des agitations concrètes. J’étais au-dessus de la majorité et de l’opposition pour mieux les observer. Mais voici, j’amorce ma descente. Je me mêle du quotidien.
Au nom de la raison présente en chacun de nous, et de l’objectivité qui en découle lorsqu’on en fait bon usage;
Au nom de la parcelle de souveraineté que chacun de nous détient, et de la force irrépressible qui nait lorsqu’elle est associée à celles des autres;
Au nom de la vérité qui n’est amie ni de la partisannerie ni de l’hypocrisie;
Considérant que la politique de ces dernières années est un leurre, et que notre peuple s’est laissé prendre;
Considérant que l’Exécutif au lieu de gouverner se gave, que le Législatif au lieu de légiférer cherche des viatiques, et que le Judiciaire au lieu de dire toute la vérité rien que la vérité, tergiverse;
Constatant que notre peuple au lieu de renaitre, se meurt;
Que le paysan peine à se nourrir et qu’il ne peut nourrir les Nigériens;
Que le fonctionnaire égraine les mois sans salaire;
Que le commerçant se lamente sur ses pertes;
Que l’enseignant n’enseigne plus;
Que l’élève et l’étudiant désapprennent;
Et que le militaire est débordé par notre défense;
Nous, philosophes, convoqués au tribunal de la Raison, assistés par le procureur de la Conscience, déclarons :
Nul ne doit vivre comme un étranger dans le pays de ses pères ni être dépossédé des richesses qui appartiennent à tous.
Nul ne peut être contraint d’être spectateur de sa propre déchéance ni d’être impassible devant la déliquescence de sa patrie.
Personne ne doit être apatride. Par l’action, par la parole, par sa parcelle de souveraineté, par ses moyens, que chacun se préserve de cette calamité et mette sa descendance à l’abri de ce fléau.
Le pouvoir est un instrument. On le donne au chef comme on donne un outil à l’ouvrier.
Les chefs sont les ouvriers du peuple. Ils doivent –sous peine de se le voir retirer – user à bon escient de l’outil que le peuple place entre leurs mains.
Que chacun regarde son sort et consulte sa raison.
Que chacun observe l’état de son pays et interroge sa conscience.
Vous êtes tous des philosophes. Les uns le savent, les autres l’ignorent.