Célébration, hier, de la troisième édition de la liberté de la presse au Niger : Bilan critique sur les six ans de dépénalisation du délit commis par voie de presse
La ministre de la Communication, Mme Sani Hadiza Koubara Abdoulaye, a présidé, hier, à la Maison de la Presse, la troisième édition de la Journée Nationale de la liberté de la Presse. C'était en présence des représentants des Institutions de la République, des membres du gouvernement, des représentants de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique, et du Représentant résident du PNUD.
En souvenir de la signature, le 30 novembre 2011, de la ''Déclaration de la Montagne de la Table'' par le Président Issoufou Mahamadou, le 30 novembre de chaque année est dédié à la liberté de la Presse au Niger. En effet, le Président de la République est le premier chef d'Etat africain en exercice à souscrire à l'engagement visant à abolir les lois sur la diffamation et l'injure politique en Afrique.
Dans le cadre de cette célébration, un accent particulier a été mis sur le bilan des six ans de dépénalisation. Des échanges et des débats sur des thématiques autour de ce thème central ont été animés pour dresser la véritable cartographie de l'exercice de la liberté de la presse au Niger. Toujours au courant, de cette journée, des prix ont été également décernés aux meilleures œuvres journalistiques dans les domaines de l'audiovisuel et de la presse écrite. En outre, des distinctions ont été décernées à des vétérans du secteur et à d'autres personnalités pour leur précieuse contribution à la promotion de la liberté de la presse.
Dans son allocution, le président de la Maison de la Presse, M. Ibrahim Harouna, a relevé qu'il est opportun de tirer après six (6) ans de dépénalisation un bilan avec l'ensemble des acteurs des médias afin de voir ce qui a réussi, ce qui n'a pas fonctionné, et d'apporter des correctifs pour renforcer l'indépendance de la profession. Le Niger, dans les six derniers classements de Reporters Sans Frontière (RSF) a fait un bond spectaculaire, passant de la 104ème à la 29ème place. Hélas, le pays perd 14 places en 2013 en se retrouvant à la 43ème place.
Tantôt le recul est imputé à l'irresponsabilité de quelques journalistes tentés d'abuser de la liberté qui leur est accordé, et tantôt les causes du recul sont imputées à l'Etat du Niger, du fait des interpellations répétitives des journalistes à cause de leurs opinions. « Ces rappels prouvent à suffisance tout l'intérêt pour nous, acteurs des médias, de nous pencher tous ensemble, avec les différents partenaires, pour trouver les voies et moyens devant nous permettre d'harmoniser nos rapports en faisant en sorte que chacun puisse jouer son rôle en toute responsabilité pour la promotion de la liberté de la presse au Niger. L'espoir est permis de voir au Niger l'état de la liberté de la presse s'améliorer davantage», a dit le président de la maison de la presse.
Il affirme qu'un nouveau bureau de la Maison de la Presse a entrepris dès son installation, des rencontres avec l'ensemble des partenaires dans le sens de la consolidation des acquis et de la promotion de la liberté de presse. Et, les perspectives s'annoncent prometteuses au vu de l'évolution de certains textes dont, l'adoption de la Convention collective interprofessionnelle des médias et le décret sur la publicité. M. Ibrahim Harouna a par ailleurs exhorté le gouvernement à tout mettre en œuvre pour que les textes précités soient adoptés dans les meilleurs délais.
En prenant la parole, le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Niger et Représentant Résident du PNUD, M. Fodé Ndiaye a tenu à citer les propos du Secrétaire général des Nations unies, qui disait dans son message du 03 mai 2016 sur la journée mondiale de la liberté de la presse : « Les droits de l'homme, les sociétés démocratiques, et le développement durable sont tributaires de la libre circulation des informations et le droit à l'information est fonction de la liberté de la presse».
M. Fodé Ndiaye, a également rappelé les dispositions de l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui stipule que: « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi». Il a enfin indiqué que l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nation Unis stipule aussi que : «Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit ».
En revenant sur la célébration de cette journée, M. Fodé Ndiaye, a relevé que l'actualité ne s'arrête pas seulement à Niamey et n'est pas que politique. Il ajoute que les citoyens ont besoin d'informations de qualité, fiables, crédibles et disponibles à temps sur les objectifs de développement durable, sur les engagements des dirigeants au plan national mais aussi local, sur les enjeux socio-économiques des territoires et du pays, sur les connaissances nécessaires à un mieux-être. C'est tout cela qui forge le citoyen afin qu'il joue son rôle comme gardien de la démocratie et de la reddition des comptes des dirigeants nationaux et locaux.
Le Premier vice-secrétaire de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique au Niger, M. Philipe Nelson, a pour sa part souligné que le gouvernement nigérien et les journalistes du Niger ont réussi la prouesse historique de hisser le Niger au premier rang des pays respectueux des valeurs de la liberté, et de la démocratie. Et, sans conteste, le Niger a enregistré des progrès notoires dans le classement des pays qui ont fait des efforts dans l'abolition des peines privatives des libertés. Il a aussi cité un éminent écrivain américain, à savoir Mr. Michael Schudson, qui écrivait dans son ouvrage intitulé ''Le Pouvoir des Médias'' : «Dans une démocratie, les médias ont un rôle vital: Ils contraignent la petite minorité qui détient les rênes du pouvoir à ne pas perdre de vue les préoccupations de l'immense majorité de la population».
Pour M. Philipe Nelson, cette citation suppose aussi beaucoup d'efforts de la part des journalistes en termes de connaissance de leurs devoirs et obligations, et surtout des textes qui régissent leur profession pour atteindre le degré de professionnalisme que leur enjoigne leur liberté. Il a conclu en notifiant que l'Ambassade des Etats-Unis réitère son engagement à travailler avec le gouvernement, le peuple et la presse nigérienne pour accompagner la marche du pays sur la voie longue mais exaltante de la démocratie.
Samira Sabou(onep)
www.lesahel.org
«La dépénalisation ne signifie nullement licence à tout faire, et ne fait pas, non plus, des journalistes, des citoyens au- dessus des lois», déclare la ministre de la Communication Mme Sani Hadiza Koubra Abdoulayediscour
«Honorables députés nationaux,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et messieurs les représentants du Corps au Niger,
Mesdames et Messieurs les Responsables et Professionnels des médias,
Chers invités, Mesdames et Messieurs, en vos titres, rangs, grades et qualités,
Comme vous le savez, le 30 novembre de chaque année est dédié à la liberté de la Presse au Niger, en souvenir de la signature, le 30 novembre 2011, de la «Déclaration de la Montagne de la Table», par le Président Issoufou Mahamadou, premier Chef d'Etat africain en exercice à souscrire à cet engagement visant à «abolir les lois sur la diffamation et l'injure politique en Afrique ».
Il s'agit là, à l'évidence, d'une claire manifestation de la volonté politique des autorités de la 7ème République, de créer un environnement propice à l'épanouissement de la presse nigérienne et de faire ainsi de la liberté de la presse, un principe cardinal de bonne gouvernance.
Volonté politique des autorités de la 7ème République de créer un environnement propice à l'épanouissement de la presse nigérienne
La célébration de cette journée historique est également l'aboutissement d'une longue lutte, celle des professionnels de la communication engagés dans ce combat depuis la Conférence Nationale Souveraine de 1991.
C'est donc une fierté et un honneur, pour mon département ministériel, de célébrer avec l'ensemble des composantes du secteur, cette troisième édition d'une journée chargée de symboles pour les acteurs de la presse. En effet, la longue lutte des journalistes et des organisations socioprofessionnelles des médias pour davantage de liberté et de sécurité, a fortement marqué le processus de démocratisation dans notre pays et inspiré une batterie de textes, notamment les dispositions relatives à la dépénalisation des délits commis par voie de presse contenues dans l'Ordonnance n°2010-35 portant Régime de la liberté de presse.
Mesdames et messieurs,
Chers Acteurs de la Presse
Au nom de la liberté de presse et pour davantage de sécurité pour les professionnels des médias, le Niger est l'un des rares pays de la sous-région ouest africaine à abolir les peines privatives de liberté c'est-à-dire l'emprisonnement. Toutefois, la dépénalisation ne signifie nullement licence à tout faire, et ne fait pas, non plus, des journalistes, des citoyens au- dessus des lois.
C'est pourquoi, la liberté des journalistes doit s'arrêter là où, véritablement, commence celle des citoyens qui ont, eux aussi, le droit d'être protégés ; en l'occurrence protégés contre les abus et déviations de certaines pratiques du métier peu soucieuses des règles d'éthique et de déontologie de la profession.
La liberté des journalistes doit s'arrêter là où, véritablement, commence celle des citoyens qui ont, eux aussi, le droit d'être protégés...
De même, il reste entendu que la mission d'encadrement assurée par le Ministère en charge de la Communication, le Conseil Supérieur de la Communication et l'Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l'Ethique et la Déontologie, cette mission, dis-je, ne saurait remplacer l'honnêteté et le professionnalisme devant guider, à l'image d'une boussole, les journalistes, individuellement et collectivement,
Il est tout aussi évident que le contexte politique et l'environnement juridique des médias assurent aujourd'hui aux journalistes la totale liberté de leurs opinions ; mais ils doivent s'exprimer et travailler dans le respect des règles d'éthique et de déontologie qui fondent la noblesse de leur métier.
Mesdames et Messieurs,
Informer, éduquer et sensibiliser l'opinion pour un changement qualitatif de comportement dans la perspective d'un mieux-être des populations, conformément aux objectifs du Programme de Renaissance, telle est la vision prospective de mon département ministériel dans le cadre de ses missions visant à soutenir et accompagner les initiatives et les efforts du Gouvernement pour le développement économique et social du pays.
La présente Journée s'inscrit donc dans cette dynamique, avec un accent particulier sur le bilan de six ans de dépénalisation. Des échanges et débats sur des thématiques autour de ce thème central seront animés, dans un cadre participatif et une atmosphère de confraternité, afin de dresser la véritable cartographie de l'exercice effectif de la liberté de la presse dans le contexte nigérien, avec ses atouts et ses faiblesses.
A l'occasion toujours de cette journée, des prix seront décernés aux meilleures œuvres journalistiques dans les domaines de l'audiovisuel et de la presse écrite,
En outre, des distinctions seront décernées à des vétérans du secteur et autres personnalités pour leur précieuse contribution à la promotion de la liberté de la presse et à l'émergence d'un secteur qui sait toujours s'adapter au contexte sociopolitique et culturel de notre temps afin de mieux accompagner les actions de développement du pays,
Mesdames et Messieurs,
Chers Acteurs de la Presse
Le Gouvernement, et en particulier le Ministère en charge de la Communication, pour leur part, seront toujours là, à vos côtés, pour vous soutenir et vous aider dans l'accomplissement de votre noble mission pour la défense des acquis et valeurs démocratiques et pour réveil des consciences des populations, dans l'œuvre de construction nationale.
Une des illustrations de l'engagement du Gouvernement en faveur de la presse est l'allocation régulière du Fonds d'Aide à la Presse tandis que le projet de Décret sur la Publicité par voie de presse est en passe d'être adopté. C'est le lieu, pour moi, comme je l'ai fait, tout récemment, à l'occasion de mes visites de prise de contact avec les médias privés, de convier, à nouveau, toutes les parties prenantes à la Convention Collective de la presse, à relancer le processus de signature en vue de sa finalisation dans les meilleurs délais.
L'adoption du décret sur la publicité et la signature de la convention collective permettront, sans nul doute» de mieux assainir le secteur et fonder, dans la confiance réciproque, des relations de travail entre employeurs et employés sur des bases saines et décentes, dans l'intérêt bien compris des deux parties.
Je reste également convaincue qu'au regard des premiers contacts que j'ai eus avec le nouveau bureau de la Maison de la Presse, auquel je réitère mes félicitations et mes encouragements, l'espoir est permis pour un renforcement des conditions, en vue d'une meilleure pratique Journalistique, gage d'une presse indépendante et crédible.
C'est sur cette note d'espoir, que je déclare lancées les activités marquant la troisième édition de la «Journée Nationale de la Liberté de la Presse».