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Le député Oumarou Abdourahamane sur plusieurs préoccupations de l’heure
Publié le lundi 12 decembre 2016   |  Tamtam Info




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Député national élu sous la bannière du Mouvement Patriotique Nigérien (MPN Kishin Kassa) au titre de la région de Niamey, Oumarou Abdourahamane est également Président Directeur Général du Groupe de Presse Liptako. Avec lui, le Canard Déchaîne a fait un tour d’horizon des plusieurs sujets de l’heure, notamment celui relatif à la représentation et à la participation politique des jeunes au Niger. Dans les lignes qui suivent les questions du Canard Déchaîné et les réponses du jeune député. Interview très, très riche.
Bonjour, Honorable. On vous a vu récemment, très actif, sur les réseaux sociaux, aller à l’encontre du projet de modification de l’article 52 de la Constitution. Aujourd’hui, le texte est retiré. Parlez-nous un peu de votre engagement qui a été salué par un grand nombre de Nigériens.
Merci pour l’honneur que vous nous faites de nous donner l’occasion d’échanger les préoccupations du moment. Nous n’étions pas seul dans la lutte contre la modification de l’article 52 de la Constitution. Plusieurs de nos collègues, aussi bien de la Majorité et de l’Opposition ne sont pas d’accord avec un tel projet. Si cette disposition existe dans la Constitution, c’est parce que la question a été largement murie par le constituant. Il s’agit d’éviter une rupture d’égalité entre les citoyens.
Et, cela découle certainement d’un constat antérieur parce que cette disposition n’existait pas avant dans les constitutions antérieures. Je veux dire, avant, dans les textes antérieurs à ceux de la 7ème République, les députés pouvaient postuler aux marchés publics. Fort de leur statut, ils influençaient sans doute l’accès aux marchés publics. Dans tous les cas, ils en avaient les moyens, mieux que leurs potentiels concurrents qui, eux, n’avaient aucune marge de manœuvre. Aujourd’hui, avec la disposition qui empêche aux députés de prendre part aux marchés publics, la rupture d’égalité est amoindrie. Je dis bien amoindrie dans la mesure où dans la réalité des choses, les députés peuvent influencer l’accès de ces marchés à leurs proches.
Comme vous pouvez le constater, la rupture d’égalité n’est pas entièrement sautée comme le voulait le constituant. La Constitution de la 7ème République qui contient cette disposition a été approuvée par référendum par le peuple. Et, au moment de la campagne référendaire, aucune voix, en ma connaissance, n’a été enregistrée, en tout cas publiquement, pour contester contenu de l’article 52. Il faut donc respecter la volonté du peuple dont nous sommes les représentants. Sur le genre de dérives, parce que pour moi, c’est une dérive que de vouloir modifier l’article 52, nous ne faillirons pas.
Rassurez-vous, nous ne serons pas les seuls, au sein de l’hémicycle, à aller à l’encontre des déviations. L’Assemblée nationale dispose en son sein de braves qui ont la pleine conscience de leurs rôles, de ce pourquoi ils ont été élus.
Vos collègues membres de l’Opposition ont, dans une déclaration récente, plaidé pour la réduction du train de vie de l’Etat, au regard des difficultés financières du moment. Mais selon plusieurs sources, vous étiez le premier à faire une telle proposition sur votre page facebook sur lequel vous êtes très actif. Est-ce à dire que si vous avez choisi les réseaux sociaux pour vous exprimer le plus souvent, c’est parce que vos messages ne passent pas au sein de la Majorité ?
Absolument pas. Vous avez-vous-même vu la dynamique qui s’est manifestée au sein de la Majorité parlementaire pour aller à l’encontre du projet de modification de l’article 52 de la Constitution. Les réseaux sociaux sont incontournables aujourd’hui. Ils offrent un large éventail de canaux de communication. Ils sont très facile à utiliser et sont à la portée, aussi bien des Nigériens de l’intérieur que ceux de l’Extérieur et accessibles aux jeunes qui constituent la frange la plus importante de la population. Et, puis, ils sont visibles par tout le monde. Je veux dire ici qu’ils sont publics et presque gratuits. Ce ne sont pas les jeunes de toutes les contrées du pays qui ont droit aux journaux, à la radio ou à la télévision. Mais grâce à l’internet, les opérateurs œuvrant dans le domaine leur offre la possibilité d’accès à l’information et aux messages à temps réel.
Donc, vous êtes nombreux au niveau de la Majorité parlementaire à demander la réduction du train de vie de l’Etat ?
Vous savez, la réduction du train de vie de l’Etat dans le contexte actuel de difficultés de trésorerie est une nécessité. Demander aux Nigériens, à tous les Nigériens, sans exception de serrer les ceintures par ces temps durs n’est pas un péché. Il faut réduire les dépenses. Mais ce ne sont toutes les dépenses qui sont flexibles. Il faut préserver les investissements dans les secteurs sociaux de base comme la Santé, l’Education.
Avec les menaces sécuritaires le long de nos frontières, il est aussi pratiquement impossible de jouer sur les dépenses en matière de défense du territoire. On ne s’amuse pas avec la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire. Par contre, il est possible de rationnaliser plusieurs dépenses. A tout seigneur tout honneur, les députés que nous sommes se doivent de donner, en premier, l’exemple, en réduisant certains leurs avantages. Les députés peuvent par exemple ne plus voyager en classe affaire mais en classe économique, revoir certaines de leurs indemnités, se préserver des certains voyages inutiles et couteux.
Ces mesures de restriction doivent s’appliquer aussi aux membres du gouvernement et à ceux des autres institutions de l’Etat. Il faut que les leaders des partis de la Majorité au pouvoir se concertent pour penser à la réduction de la taille du gouvernement. Ils ont, certes, contribué à la victoire du Président de la République aux élections mais ils se doivent aussi de lui faciliter la tâche, si tant est qu’ils ont opté pour son choix parce qu’ils croient en ses capacités de présider les destinées du pays. Dans le contexte actuel, il est incompréhensible qu’on se retrouve avec un gouvernement d’une quarantaine de membres. Je suis persuadé que si les gouvernants donnent l’exemple, tout le reste suivra.
En ce moment personne ne s’opposera à consentir de sacrifices. Les revendications syndicales vont être réduites. Et il y aura moins de grogne sociale. Ces mesures de restriction peuvent même être incitatives à la mobilisation des différents impôts et taxes. A ce niveau, nous encourageons le Ministre des Finances, Hassoumi Massoudou dans son élan de mobilisation de recettes internes. L’incivisme fiscal est une réalité visible dans ce pays. Il faut identifier les niches fiscales et agir conséquemment. Mais bien entendu que cela se fasse dans l’équité la plus parfaite possible.
Le samedi dernier, vous avez co-animé avec Mr Abdoul Karim Mamalo au siège de l’association Alternative Espace Citoyens un débat sur le thème : Représentation et participation politique de jeunes ; quelles stratégies et actions pour donner plus de places à la jeunesse dans les instances de prise de décisions ? Pouvez-vous nous dire brièvement votre réflexion sur ce sujet ?
C’est un sujet étendu et d’actualité. Une préoccupation mondiale, je dirais. Depuis 2012, la dimension jeune est inscrite au premier rang dans les préoccupations des Nations-Unies. Dans son Programme d’action des ses cinq années pour son dernier mandat, le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon dans ses cinq impératifs générationnels avait inscrit l’impérieuse nécessité de promouvoir l’engagement des jeunes dans le développement social, économique et social.
Au niveau du PNUD et d’autres organismes internationaux, ce fut depuis le même leitmotiv qui est mis en avant. L’Union Interparlementaire par exemple a, lors de sa session tenue dans la période mars-avril 2010 à Bangkok, adopté une résolution intitulée « la participation des jeunes au processus démocratique ». En 2013, elle a mis en place un forum des jeunes parlementaires. Le parlement des jeunes existe chez nous au Niger et vous avez vu qu’il est très actif. C’est une initiation des jeunes à la politique, à la responsabilité.
Il faut combattre les stéréotypes autour des jeunes. Cette frange importante de la population est marginalisée dans les activités politiques. Ils sont taxés d’être de fauteurs de troubles. Au Niger, nous avons beaucoup à faire au niveau des formations politiques pour promouvoir la jeunesse. Tous les partis politiques disposent en leur sein de structures de jeunes.
Mais il est regrettable de constater que le rôle de ces structures se limite à leur participation dans l’organisation des meetings et au folklore ; Les congrès des jeunes n’ont pas de tonalité et les conclusions issues de leurs rencontres ne sont pas pour l’essentiel prises en considération dans la mise en œuvre des programmes des partis politiques ; Dans bien de cas, on a vu des moins jeunes s’accaparer des directions des structures des jeunes au niveau des partis politiques ; Dans les campagnes électorales, on les met dans le paquet des décorations (thé et musique dans des hangars frappés des couleurs et des effigies des partis politiques, rallyes, maintien de l’ordre lors des manifestations politiques) ; Leur représentation dans les instances de prise de décision sont faibles (Assemblée nationale, conseils locaux) ; Ils sont écartés des nominations aux hautes fonctions de l’Etat sous le prétexte qu’ils n’ont pas d’expérience.
C’est certainement ce stéréotype qui explique le retour quasi permanent des retraités dans les hautes fonctions alors même que des compétences énormes et modernes sont dans la masse des jeunes. Pour remédier tous ces maux que je viens de citer, je propose les pistes de solutions suivantes : Les jeunes doivent se déterminer davantage dans les formations politiques. Ils doivent sortir de leur torpeur pour s’exprimer ouvertement ; Ils doivent imposer au niveau des partis politiques et au-delà au niveau étatique des quotas de représentation et de participation aux instances de prise de décision ; Les partis politiques doivent intensifier les efforts pour faciliter et soutenir l’accès et la représentation des jeunes aux instances de gestion et de prise de décision en leur sein ; Il faut créer des espaces d’échanges, de dialogue et de mentorat intergénérationnels pour accompagner les jeunes intéressés par la politique et les outiller.
Les jeunes, eux-mêmes doivent tout faire pour transcender les clivages politiques pour s’organiser, et nouer une alliance stratégique interpartis de jeunes pour œuvrer ensemble et constituer au sein de leurs formations politiques respectives, des pôles de changement. Il y a plusieurs autres mesures à prendre qu’on ne peut citer ici.
On ne peut pas parler de Abdourahamane Oumarou sans parler de sport, disons précisément de football. Vous avez été un membre du Bureau Exécutif national de la Fédération Nigérienne de Football (FENIFOOT) qui enregistre en ce moment quelques bisbilles notamment entre l’instance dirigeante nationale et la ligue de Niamey. Avez-vous un commentaire à ce sujet ?
Vous savez, ce sont des disputes inhérentes à toute organisation. Je m’en tiendrai à cette appréciation. Maintenant en parlant de sport en général et de football en particulier, c’est une passion d’enfance. Tout ce qui en notre devoir et dans nos possibilités pour promouvoir le rayonnement du sport, de la culture, des jeunes, nous le ferons comme nous l’avons toujours fait. Cet engagement de notre part n’a pas de prix. C’est d’ailleurs cet engagement qui nous a poussés à la création du groupe de presse Liptako dont les activités sont principalement dédiées à la jeunesse.

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