A la veille de la fête du 18 décembre 2015, à deux mois des élections générales de février 2016, le président Mahamadou Issoufou annonce,dans son message à la Nation : " Le Gouvernement vient de déjouer une tentative malheureuse de déstabilisation. L'objectif de ces individus, animés par je ne sais quelle motivation, était de renverser le pouvoir démocratique élu en utilisant les moyens mis à leur disposition par le peuple pour assurer sa sécurité. Ils envisageaient notamment d'utiliser la puissance de feu des moyens aériens qu'ils ont bloqués délibérément depuis des semaines à Niamey, alors que je les pressais de les envoyer à Diffa sur le front de la lutte contre Boko Haram où nos vaillants soldats, leurs frères d'armes, en ont le plus grand besoin.
Il s'agit ni plus ni moins d'une haute trahison non seulement contre les institutions civiles de l'Etat mais aussi contre l'institution militaire elle-même. Il s'agit d'un coup de poignard dans le dos de leurs frères d'armes affectés au front ". Le discours est habile parce qu'en même temps qu'il permet d'épingler des militaires indésirables, " ethnicistes " dirait Bazoum, il vise aussi à canaliser la colère des militaires sur le terrain d'actions de Boko Haram les frères d'armes incriminés, leurs supérieurs hiérarchiques de surcroit, qui les ont exposés à la mort en leur refusant les armes de combat contre Boko Haram. D'une pierre plusieurs coups alors. Mais bien qu'habile, le discours est caractérisé par sa légèreté, comme dans du " Wassankara " parce que de coup d'Etat, le peuple n'a jusqu'à présent vu que du vent. Parce qu'on nous a dit que ce coup d'Etat a été préparé au moyen de….sms. Voici des militaires aux épaules lourdes et poitrines décorées, dont certains ont fréquenté les grandes écoles militaires internationales de renom, et fait leurs preuves sur nombre de terrains d'opérations, qui préparent un coup d'Etat avec des sms. En plus, le discours fait ressortir un fait grave, si les propos sont vrais : les ordres du président de la République, chef suprême des armées sont ignorés par certains militaires, même quand il les " presse ". Toujours est-il que les jours qui suivent sont scandés d'arrestations dans les rangs des militaires, parmi lesquels le Général Salou Souleymane, inspecteur général des armées et le colonel Hambally, désormais habitué des coups d'Etat-SMS. Il y a également des colonels des douanes et des civils. Mahamadou Issoufou est aussitôt relayé par ses ministres dont Massoudou Hassoumi de l'intérieur, et Mahamadou Karidjo de la défense, celui-là même qui annonçait, devant la presse, que certains officiers supérieurs mis en cause, ont " plongé ". Pour donner force à sa déclaration, il a même juré sur son honneur de… guriste. Presque un an après, les prévenus croupissent en prison. Aucun jugement en vue. Aucun aveu. Du fond de sa prison le présumé chef des putschistes, le Général Salou Souleymane, oncle de l'autre Général Salou, apportera dans une lettre un démenti formel aux propos " sur l'honneur " du ministre de la défense. Comme dans les goulags de Staline l'Exterminateur dont les marxistes léninistes nigériens sont les disciples, les prévenus sont devenus de véritables otages, plus précisément les civils qui sont indiscutablement des prisonniers politiques. La moindre des preuves annoncées par le régime à plusieurs reprises, dans le but de faire sérieux, n'est encore fournie au peuple nigérien et à l'opinion internationale.L'on note aisément que, deux mois après, Mahamadou Issoufou remporte les élections présidentielles presque au premier tour, et que tous les civils impliqués dans le fameux coup d'Etat sont de l'opposition politique, du moins à l'époque. Ce sont Sani Balla Dan Sani du MNSD ; Seini Mereda, Oumarou Dogari, Issoufou Issaka, Mamane Issa du MODEN FA LUMANA AFRICA, parti de Hama Amadou. Ils seront rejoints par 3 autres proches de Hama Amadou : Mala Ari, Idé Kalilou et Bakary Seidou dans une affaire vieille de 10 ans. Que ce fameux coup d'Etat ait servi à neutraliser, en instrumentalisant la justice, pour affaiblir l'opposition et penser réussir le fameux " coup KO " fabriqué par Mahamadou Issoufou et ses zélateurs, est de plus en plus l'hypothèse la plus plausible. Au demeurant, dès l'annonce de ce coup d'Etat par le chef d'Etat lui-même, l'opposition et les observateurs sérieux ont douté de sa véracité. Car la Renaissance n'est pas à son premier coup en la matière. En 2011, juste quelques mois après son investiture, le même Mahamadou Issoufou annonçait avoir échappé à un coup d'Etat. Selon le pouvoir, et ses relayeurs médiatiques, les auteurs du coup d'Etat qui n'était que le produit de l'imagination débordante et malveillante de ceux qui l'ont annoncé, voulaient éliminer physiquement le chef de l'Etat comme ce fut le cas du Président Ibrahim Mainassara Béré, le 9 avril 1999. Huit (8) mois après, le principal accusé, le lieutenant Hambally, est innocenté par la justice. Le même Hambally se trouve parmi les " putschistes " de décembre 2015 et moisit dans la prison de Ouallam, aux côtés du capitaine Issoufou de la cellule antiterroriste, du colonel des douanes Hamidou Moumouni et de Sani Balla Dan Sani, grand militant du MNSD-Nassara. Ce dernier fut mis aux arrêts, de retour d'une visite qu'il a rendue à Hama Amadou, arrêté et transféré dans l'illégalité totale, le 14 novembre 2015 à sa descente d'avion à l'aéroport international Diori Hamani. Sani Balla Dan Sani est aujourd'hui complètement oublié par son parti qui, à la différence du MPN Kiishin Kassa qui a exigé et obtenu la libération de Attia avant de rejoindre Mahamadou Issoufou, s'est jeté dans les bras du pouvoir comme un collégien amoureux et transis sans aucun préalable, moyennant quelques postes, quelques millions et quelques agents de sécurité. Dans sa haine irrationnelle contre le président du MODEN FA LUMANA, le régime de Mahamadou Issoufou, a voulu même impliquer, comme le ridicule ne tue pas, celui qui, de l'aéroport, a été transféré par le ministre de la justice, dans un mépris total de la loi en fabriquant de propos accordés à Hama Amadou qui aurait annoncé du fond de sa prison qu'il serait libre à partir du 18 décembre.
De l'enfumage qui n'a pas prospéré, tout comme le fameux coup d'Etat d'ailleurs. Sinon pourquoi les prévenus ne sont jusqu'à présent pas jugés ? L'instruction est-elle même terminée ? Pourtant, un coup d'Etat est une affaire grave. Les auteurs doivent subir la rigueur de la loi, tout comme les menteurs qui imaginent de faux coups d'Etat pour priver d'autres citoyens de leur liberté et leurs droits. Mais quand le programme d'un chef d'Etat, de son gouvernement se résume à vouloir détruire un homme, il ne peut qu'échouer, qu'il fasse mille ans au pouvoir, en se mettant en même temps la corde au cou. Car, il a toujours tendance à vouloir réparer le tort d'hier par un mal plus grave aujourd'hui. Et le mal que l'homme fait, des pères de familles innocents enlevés et emprisonnés sur la base du faux en l'occurrence, le poursuivra toujours.