495 containers confisqués par la douane puis mis aux enchères. En droits et taxes, cette opération devait rapporter plus de six (6) milliards de FCFA à l’Etat du Niger. Hélas ! La vente aux enchères n’a rapporté que la modique somme de 410.095.215 FCFA. De ce montant, il faut soustraire 179 millions FCFA que les douaniers se sont partagés en termes de ristournes. En fin de comptes, au lieu de 6 milliards, l’Etat se retrouve avec 409 916 215 FCFA. Cela, parce qu’entre autres, des véhicules 4×4 d’une valeur d’au moins 20 millions de FCFA ont été bradés à 200.000FCFA. Aujourd’hui, des douaniers sont aux arrêts mais le Directeur général de la douane à l’époque des faits n’est toujours pas inquiété.
Voilà pour les faits en ce qui concerne cette affaire de douane qui défraie la chronique depuis qu’elle a été ébruitée. Naturellement, l’opinion publique est choquée, scandalisée. C’est inacceptable, inadmissible ! Comment de tels actes peuvent-ils avoir lieu dans un pays civilisé et rester impunis ? Sur ce dernier point, la sortie médiatique du procureur de la République Chaïbou Samna tenté de rassurer « une chose est certaine, c’est que ce dossier ne peut pas être tu. Il n’y a pas moyen! Mieux, mon objectif ici, c’est de faire rentrer l’Etat dans ses droits. Il faut que l’Etat récupère jusqu’au dernier centime de cette opération scandaleuse. On ne peut pas fermer les yeux sur une situation aussi inacceptable et de cette ampleur » a-t-il martelé chez nos confrères du quotidien gouvernemental Le Sahel.
Cette assurance du procureur Samna contraste avec les pratiques en cours depuis l’avènement de la Renaissance du président Issoufou. D’ailleurs, sur la même affaire, le limogeage suivi du « recasement » immédiat du Directeur général des douanes Issaka Assoumane au cabinet du président de la République en qualité de ministre-conseiller laisse planer de sérieux doutes sur la volonté du chef de l’exécutif à faire rendre gorge à ses proches impliqués dans des affaires de détournement et autres. On se rappelle que le même procédé a été utilisé par le président Issoufou lorsque ses amis et camarades politiques Ouhoumoudou Mahamadou et Kalla Hankouraou avaient été reconnus coupables de violation de la constitution relativement à la passation de marchés publics. Les exemples sont légions où des proches du chef de l’Etat sont impliqués et supposés comme tels dans des scandales financiers sans que jamais ils ne soient entendus par la justice. Le cas du concours du ministère de la Santé publique dans lequel le nom de la première dame Malika Issoufou est cité est plus qu’éloquent.
Mais lorsque le procureur de la République prononce les paroles suivantes : « les gens qui ont pris irrégulièrement de l’argent public doivent le réintégrer incessamment, même si c’est un seul copeck. De même, ceux qui ont pris irrégulièrement d’autres biens publics doivent les rendre sans délai, cela quelle que soit la personne et où qu’elle se trouve. Je répète bien quelle que soit la personne ! » On est tenté de croire en un changement de direction au niveau de l’exécutif. Applaudissons mais évitons de jubiler pour l’instant car les virages à la Yahya Jameh sont monnaie courante sous le ciel de la Renaissance. Le procureur Samna a fait montre d’une détermination inébranlable à combattre les détournements de biens et deniers publics. C’est incontestable. Ce qui est, en revanche, moins évident, c’est la volonté du président Issoufou à laisser la justice faire convenablement son travail. Surtout quand on sait que cette affaire tend ses tentacules dans les profondeurs du régime, bien au-delà du cadre de la douane. Alors, qui, du procureur et du président de la République triomphera ?