La marche citoyenne suivie de meeting organisée, mercredi après midi, par le collectif de la société civile nigérienne en lutte contre la gestion prédatrice de l'Etat a drainé un monde fou. Les manifestants qui ont pris d'assaut la Place de la concertation peuvent être estimés à plus de 20.000 personnes. Certains observateurs avancent un chiffre encore plus important, au regard des attroupements humains visibles dans les différents axes conduisant au lieu du meeting.
Ils étaient, en effet, nombreux les manifestants qui n'ont pas pu accéder au podium tant la place était bondée de monde. ''Tayi Tawri ! Tayi Tawri !'' Tel est le slogan scandé à tue-tête par les manifestants pour exprimer leur dépit vis-à-vis de la gestion des guristes, qui ont réussi le tour de force de se mettre sur le dos tous les partenaires sociaux. ''Tayi Tawri ! Tayi Tawri !'', qui signifie littéralement en langue haoussa : ''c'est dur ! La situation financière du pays est insoutenable'', était l'expression vociférée par les manifestants pour dire non à la mauvaise gestion du pays par le président Issoufou Mahamadou et son régime. Et pour cause, il n'y a pas aujourd'hui un seul secteur dans lequel les indicateurs sont au beau fixe. Qu'il s'agisse de l'éducation, de la santé, des activités commerciales ou encore des activités extractives, etc., partout c'est la morosité pour ne pas dire tout simplement la paralysie totale. ''Tayi Tawri, rien ne marche''. Le régime, qui a criblé le pays de dettes après avoir hypothéqué les ressources extractives et concédé la gestion de certaines infrastructures économiques à des multinationales étrangères, se retourne aujourd'hui vers le peuple déjà suffisamment meurtri pour chercher à mobiliser l'argent. Par tous les moyens, il faut soutirer l'argent avec les citoyens qui tirent le diable par la queue pour assurer le quotidien ; par tous les moyens, il faut les presser comme l'on presse le citron jusqu'à la dernière goutte de jus. La grande mobilisation, de ce mercredi 21 décembre, des acteurs de la société civile et des citoyens lambda auxquels se sont joints les opposants politiques visait à dénoncer et à dire non aux dérives et à l'amateurisme du régime. Ali Idrissa du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab) et Moussa Tchangari de l'Association Alternative Espaces citoyens ne sont pas allés du dos de la cuillère pour énumérer tous les griefs que les Nigériens retiennent contre le régime Issoufou. Lequel régime continue malheureusement à foncer tête baissée, insensible aux cris du peuple.