L’expression devenue fétiche et dont le brevet appartient à un certain Ada qu’un séjour à la PJ a dû ramollir pour se raviser et abdiquer. Comme quoi il est difficile d’être un héros… Pourtant un créateur, un artiste ne recule jamais face à l’adversité. Et pourquoi oser quand on n’a pas le courage de ses idées, d’aller au bout de ses convictions ? La police a pu donc lui faire un lavage de cerveau ? Tant pis.
Le Niger traverse des moments difficiles. Le régime semble se planter, incapable de répondre aux attentes des Nigériens. Issoufou Mahamadou et son gouvernement, presque désarmés, assistent impuissants à la déconfiture sociale. Ils semblent n’avoir aucune solution pour les problèmes des Nigériens. La situation nationale se dégrade. Les Nigériens semblent être mis dos au mur, et à bout de patience, ne voyant plus aucune lueur d’espoir, ils ont compris qu’il leur fallait prendre leurs responsabilités en refusant de subir, pour agir, aujourd’hui, demain et toujours. Cela fait déjà longtemps que l’on savait que ça n’allait pas dans le pays. On le disait, on le criait, mais les princes roses dans chacun de leurs discours - bilans, décrivaient un autre Niger invisible pour les populations, refusant de reconnaître la réalité d’une situation sociopolitique difficile, gravissime. Ce refus de reconnaître la situation délétère du pays a fini par favoriser son pourrissement lorsque, aucune initiative ne venait détendre le climat devenu lourd et résorber les problèmes que vivent les Nigériens désemparés.
Le Niger est un pays pacifiste. Les Nigériens sont de nature conciliants au point de croire que leur pacifisme frise la couardise, la poltronnerie. Cette lecture a certainement trompé des camarades qui ont cru qu’en disposant de la force publique ils peuvent en abuser pour dominer, anéantir. La mauvaise gestion, les injustices criardes, le tâtonnement dans la conduite des affaires publiques, l’exclusion, la banqueroute, les décisions hasardeuses, et tant d’autres maux, ont fini par acculer les Nigériens, par delà leurs différences, de tous bords pour vouloir enfin se battre, pour leur dignité. Qui peut aujourd’hui nier la misère ambiante ? Peut-être que Seini Omarou et ses compères qui ont cru pouvoir trouver à manger sur les prairies ravagées de la renaissance, avaient sous-estimé la précarité pour croire qu’ils avaient de l’ingéniosité à sauver un régime embourbé, et pour leur propre santé, croire aussi qu’ils pouvaient glaner quelques nourriture frugale pour réparer amaigris par quelques minces années d’opposition devenues insupportables pour eux. Aujourd’hui, il va sans dire qu’ils ont déchanté pour comprendre la profondeur du problème et la sincérité des malaises pour lesquelles ces graves silences s’observent dans le pays. Les Nigériens ne mentaient donc pas en criant leur misère, les commerçants, les ouvriers, les transitaires, les douaniers, les médecins, les élèves, les étudiants, les enseignants, tout le monde, dans le pays vit les temps durs, « taouri » ayant envahi le pays d’Issoufou Mahamadou. Qui donc ne sait pas que ça ne va plus dans ce pays ? Il n’y a plus aucun homme honnête avec sa conscience qui peut le nier.
L’ancien ministre des Finances, devant la représentation nationale l’avait reconnu. Sans complexe. Puis, contrairement à un de ses ministre zélés qui semblait quand même ayant en charge la gestion du secteur ne pas reconnaître l’existence d’arriérés, le président, confirmant la « tawritude », reconnaissant des arriérés qu’il promettait d’apurer mais sans donner à quelques petits jours de distance de la fin du mois, des signes qui rassurent. Quand ces hommes après tous les discours trompeurs qu’ils avaient tenus, aujourd’hui en viennent à reconnaître à leur manière la réalité d’un fait que les Nigériens ont depuis longtemps dénoncé, c’est que aujourd’hui ″y a pas moyen″. Tout le monde sait, y compris des ministres que « taayi tawri » : l’honneur dû au rang est là, mais les privilèges se font toujours attendre. C’est dur la « tawritude » socialiste…
La situation a fini par excéder les Nigériens et ils sont sortis de leurs réserves. A l’appel de la société civile soucieuse de ce pays, les Nigériens étaient sortis massivement pour dire à l’unisson leur ras-le-bol dans un pays mal gouverné où tout sent la dèche et le cimetière. Pas de vie dans ce pays où le socialisme a tout tué, tout anéanti.
Tout le monde s’accordait pourtant à le dire. On voyait venir le vampire quand, dans le peuple, les colères couvaient, les silences se durcissaient, les rêves se brisaient. Tous les Nigériens ont compris, y compris ceux qui sont du bord du pouvoir que le socialisme lamentablement échouait et marquait l’histoire négativement. De Gaule n’avait pas tort de mal juger le socialisme. « La Gauche tire le haut de la société vers le bas… », se lamentait-il. Il ajoutait d’ailleurs comme pour avertir les Nigériens tentés par leur discours mielleux : « Je n’aime pas les socialistes car ils ne sont pas des socialistes. Parce qu’ils sont incapables, ils sont dangereux ». Qui peut mieux juger les socialistes ? L’histoire lui donne d’ailleurs raison car voilà qu’après plusieurs décennies, dans son pays, les socialistes poussent la France à l’abîme et au désespoir.
Le réveil du peuple…
Comme en France où les primaires de la Droite ont montré la volonté de la France à aller à une alternance, au Niger, la dernière manifestation de rue, a aussi révélé le dégoût du peuple, son amertume, son désir de changement. Les slogans scandés dans la foule, en témoigne la hargne des manifestants de tous âges et tous sexes confondus qui animaient ce soir les rues bondées de la capitale. Le temps est donc venu de se décider, pour un peuple de prendre son destin en main. Il n’y a rien à dire : les Nigériens sont en colère vis-à-vis de la gouvernance d’Issoufou Mahamadou, plus gentils avec des individus qu’il est décidé à protéger contre le devenir d’un Niger qui sombre. Il est évident qu’il ne pourra plus continuer à gérer comme s’il ne voyait rien, alors que les visages graves de ce soir, lui envoyaient le meilleur message qu’un conseiller ou un agent des renseignements ne peuvent lui donner. Comment d’ailleurs peut-on être insensible à ce déferlement humain ? Le peuple est désormais en marche et c’est de partout que fuse la grogne sociale. Depuis quelques jours le climat se durcit, les commerçants organisent une certaine guérilla urbaine, pendant que les scolaires mettent en gardent pour trouver des solutions aux revendications qu’ils posent.
Il faut donc redouter, sans être très pessimiste, le pire pour le pays. Tout a l’air de s’embraser et la renaissance est incapable. Les choses risquent de se compliquer pour elle d’autant que d’ici là, ce sont ses soutiens qui risquent de la lâcher. Car tous ces hommes qui se taisent aujourd’hui autour de lui, quand ils verront qu’il n’y a plus aucune lueur d’espoir, finiront par choisir entre un homme, pou disons entre un régime chancelant, et le pays, leur camp. Cheffou, Labo, Ladan, Mamoudou Djibo, Albadé, Ibrahim Yacoubou, Kassoum Moctar, quand les Nigériens pensent qu’il leur en reste encore du patriotisme, devront choisir le Niger au lieu de suivre aveuglement, un homme qui nous conduit à vau-l’eau.
Dans l’histoire des peuples, quand arrivent les heures graves, il y a des choix qui ne sont pas difficiles. A chacun, en attendant de passer devant la barre de l’histoire, de choisir son camp…