Le samedi 24 décembre 2016, soit quelques jours seulement avant de souffler sa première bougie, le Mouvement Patriotique Nigérien (MPN Kiishin Kassa) de Yacouba Ibrahim a tenu en haleine les maradawas en tenant simultanément deux rassemblements antagonistes. L’un s’est déroulé à la chambre de commerce de Maradi sous la supervision et le contrôle des membres du Bureau politique National et a été intitulé « conférence régionale » pour le renouvellement du bureau de la coordination, l’autre s’est déroulé dans un immeuble appartenant au député Sani Attiya, érigé en « comité de redressement ».
Pendant que la « conférence régionale » regroupant les délégués de tous les départements procédait au renouvellement du bureau régional sous le contrôle du BPN conduit par le député Koroné Massani, le « comité de redressement » présidé par Sani Attiya et regroupant quelques délégués venus de Niamey, Dosso et Tahoua, procédait de son côté à la lecture d’une déclaration que les médias locaux ont qualifié d’incendiaire, au vu des « accusations graves et injustifiées » qu’elle contient.
Au finish en cette journée du samedi 24, d’un côté, un nouveau bureau régional présidé par Mahaman Laouali Dan Dano est mis en place, un bureau qui scelle la mise à l’écart « provisoire » du « clan Attiya » dans le leadership du parti. De l’autre, une déclaration patronnée par le même Attiya pour tirer à boulets rouges sur la personne de Yacouba Ibrahim, président national du Parti.
Les observateurs de la scène locale ne sont guère surpris des tournures prises par cette crise qui secouait depuis longtemps le MPN KK de Maradi. C’est tout simplement une crise régionale qui a rejailli au sommet du parti et s’est transformée en une crise nationale, avec toujours Maradi comme théâtre des hostilités. Ici à Maradi, les observateurs tiennent Sani Attiya pour unique responsable de tout ce qui se passe comme désordre dans son parti. Il a en effet, de part ses « comportements enfantins », provoqué la démobilisation des militants, notamment celle des « militants de premières heures ». Il est ainsi accusé d’avoir fait main basse sur la coordination régionale en y exerçant un contrôle effectif, notamment sur les « marchés et les nominations ». Son « arrogance » et ses relents de « petit dictateur en puissance », ont fini par rendre son personnage totalement infréquentable par bon nombre de militants de son parti.
Si dans la ville de Maradi, ses anciens amis tels que Maman Bachir Djano, premier président de la coordination régionale qu’il a écarté sans ménagement, se sont tus pour préserver les relations familiales, il n’en était pas de même dans les coordinations départementales qui elles, cherchaient depuis longtemps à en découdre. Elles ont saisi leur occasion en début de ce mois de décembre où elles ont convoqué une conférence qui balayait le bureau conduit par Saminou Dan Tachi, un protégé que Sani Attiya avait intronisé au moment de la mise à l’écart de Maman Bachir Djano. Depuis lors, il savait que son leadership au sein de la coordination régionale était fortement contesté.
Tout est parti de là. D’après ceux qui l’ont approché, Sani Attiya ivre d’argent et de jeunesse, ne veut être contesté ni par un militant, ni même par le Président du parti. Ainsi, il était persuadé que Yacouba Ibrahim était derrière cette contestation de son leadership régional. Il avait alors pris la décision de lui rendre la pièce de la monnaie. Il vient d’ailleurs de gagner son pari puisqu’il a réussi à transformer une « crise régionale » en une « crise nationale », en impliquant et manipulant au passage tous les mécontents du parti tapis dans le BPN.
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre comment deux ailes d’un même parti tiennent des rassemblements antagonistes le même jour dans une même localité. Sachant que le bureau politique national de son parti a donné son aval pour le renouvellement du bureau de la coordination régionale au cours duquel il allait être « dépouillé » de son pouvoir, Sani Attiya, fidèle à sa renommée, a convoqué lui aussi à Maradi le même jour, une réunion d’un « comité de redressement » histoire de mettre la pression et embêter sérieusement son « protecteur » d’hier.
Car selon des rumeurs de plus en plus persistantes, les agissements de Sani Attiya s’expliquent par le fait qu’il aurait trouvé un « nouveau protecteur », en la personne de Albadé Abouba. Son entourage ne jure plus que par lui et certaines sources indiquent que les pourparlers entre le patron de « Jamhuriya » et le jeune « fondeur du MPN » sont avancés et sont au stade de la concrétisation.
Mais de l’avis de nombreux observateurs ici à Maradi, Sani Attiya vient de commettre l’une des plus grosse gaffe de sa vie, en orchestrant une rébellion ouverte dans un parti qui lui a tout donné : Argent, protection, prestige, renommée, etc … Se faisant, il se met à découvert, à la merci de toutes les intempéries politiques.