Qu’est-ce que Hadiza a fait pour mériter un tel sort ? Selon elle, rien. Tout simplement, elle a vu ce qu’elle ne devrait jamais voir. C’est en chaudes larmes que l’innocente raconte son histoire. Dans les lignes qui vont suivre, son récit.
Le visage triste, les yeux larmoyants, Hadiza raconte son histoire : ‘’Au cours de 7 ans de mariage, je n’ai jamais manqué de respect à mon époux ou disons que je me suis gardé d’avoir un comportement peu honorable et irrespectueux à son endroit. Cela tient de mon éducation. Je me contentais de mon rôle d’épouse. Je voulais vivre en paix, cette paix que j’ai connue durant mon existence dans ma famille. Car, chez moi, dans la maison de mes parents, on ne connait pas d’histoires. Nous avons été éduqués à l’ancien système. Mon père, sans être un des ces patriarches à la cravache facile, nous a toujours inculqué les bonnes manières, la politesse et le respect de la différence. Ces bonnes manières, je les ai transportées dans mon foyer car je voulais garder cet héritage pour ma progéniture.
Je savais mon époux du genre Casanova, mais pour moi la majorité des hommes sont pareils. Mais, comme il y a un temps pour tout dans la vie, je me disais qu’avec l’âge, il s’assagirait. » Après avoir planté ce décor, elle marque une pause et poursuit : « Je partais à la maternité centrale pour voir une voisine qui venait de subir une césarienne. La veille, j’avais pourtant demandé la permission auprès de mon époux et je l’ai obtenue. Sans doute, avait-il oublié le temps que je lui avais indiqué. Aux environs de 13h, j’avais donc pris mon taxi à partir de Lazaret, le quartier où nous habitons depuis notre mariage. Je ne me doutais de rien, je ne pensais pas que la voie empruntée par le taxi allait être la cause de ma perte. Arrivé à un carrefour dans les parages de la mairie commune II, l’un des pneus arrière de la voiture creva.
C’est alors que nous nous mîmes à l’abri sous un grand arbre collé à une vaste cour qui, j’apprenais par après, n’était qu’un hôtel. Dans les dix minutes qui suivirent notre escale forcée, le temps pour le taximan de changer sa roue, j’entendis mon fils qui criait : papa ! Quand je retournais les yeux pour comprendre la réaction de mon fils, il courrait déjà en direction de son père qui marchait nonchalamment avec une superbe demoiselle à ses côtés. J’avais gardé mon sang froid, n’étant pas habituée aux scandales. C’est la petite amie à mon époux qui s’était mise à insulter et à crier à la trahison que mon homme lui a caché son statut, qu’il a toujours clamé être un célibataire. Il s’en suivit une altercation entre les deux amants qui a ameuté les passants. J’ai alors pris mon enfant et abandonnai le lieu. »
Le reste de la narration s’est poursuivi dans les larmes. Difficilement, Hadiza de terminer son histoire : « Le soir, mon époux rentra à la maison dans tous ses états. Pour la première fois, il porta la main sur moi et me demanda de quitter le domicile conjugal. En dépit de l’intervention de mes voisins, il a refusé de renoncer à me chasser. Néanmoins, il se calma et sortit de la maison. Il revint à une heure tardive, un moment où j’avais déjà commencé à somnoler et me força à lui laisser sa maison. C’est donc au milieu de la nuit que j’ai pris mon sac et mon petit garçon pour rentrer chez moi à Banifandou. Quand vinrent la médiation et les explications, mon époux n’a rien trouvé pour se défendre que de dire qu’il m’a surprise à côté d’un hôtel sous un arbre, et que j’attendais probablement un autre homme.
Pour laver mon honneur, j’avais exigé une confrontation qu’il continue encore de refuser. Je suis la victime de cet homme infidèle. Je peux tout pardonner et tout supporter sauf cette fausse accusation et je m’en remets à Dieu. » Voila la version de dame Hadiza. Et elle n’est pas la seule à être victime malheureusement de l’égoïsme des hommes.
