Voici 56 ans que nous sommes indépendants et fiers de l’être. Mais force est de constater que nous sommes encore fortement dépendants de toutes les contraintes au développement : l’éducation ne décolle pas, avec moins de 30% de scolarisation primaire et plus de 80% d’analphabétisme ; la santé patauge avec moins de 20% d’accès aux soins de base et aux actes préventions des maladies les plus morbides, une mortalité infantile et maternelle parmi les plus préoccupantes d’Afrique ; l’accès à l’eau potable pour moins de 40% de la population, et l’électricité pour moins de 10%.
Faute d’avoir progressé sur ces fondations, plus globalement, le Niger, selon l’IDH (indice de développement humain) des Nations Unies reste l’un des 10 pays les plus pauvres du monde.
On aurait cru qu’avec le mot d’ordre de la « renaissance » les troupes nigériennes (gouvernementales, institutionnelles, civiles) allaient se mettre en marche pour faire émerger le pays de la pauvreté.
Aujourd’hui je m’intéresse à la question énergétique. Aujourd’hui, la capitale Niamey dépend à 80% de l’importation de l’électricité produite depuis le barrage de notre grand voisin tandis que les autres centres urbains sont dépendants sont de centrales thermiques dépassées ou au mieux d’un mixte (importation/thermique local).
Alors que le pays possède toutes les trois grandes possibilités d’énergie renouvelables (éolien, solaire, hydro-électricité) on ne connaît pas de plan énergétique national. S’il existait et si on y croyait, il aurait été connu de tous parce que toutes les compétences nationales auraient été appelées à l’élaborer et à le défendre auprès des COP 21 et 22 comme l’ont fait beaucoup de pays de la CEDEAO et du reste de l’Afrique.
Pour le pays le plus pauvre du monde, sahélien et enclavé, participer aux COP où se présentent et se construisent de formidables opportunités pour se mettre sur les rails du développement durable sans un plan ambitieux et faisable est encore une fois un fiasco qui nous relègue dans les fatalités. De surcroît Le projet de barrage hydro-électrique de KANDADJI traîne toujours de contrat rompu en contrat rompu jusqu’à fatiguer les derniers bailleurs de fonds.
L’éolienne, on en parle même pas !
Concentrons uniquement sur l’énergie solaire. Tout le monde se souvient que le Niger, grâce au Pr ABDOU MOUMOUNI, est un des pionniers de la théorie et de la pratique de l’énergie solaire . Des années 1970 à 90, le Pr MOUMOUNI a développé à travers l’ONERSOL les chauffe – eau solaires, les pompes à eau solaires, les cuisinières et les séchoirs solaires. Non seulement nos gouvernements successifs de 1990 à nos jours ont laissé se dégrader les capacités de l’ONERSOL, mais encore ils se sont tournés vers la facilité perverse de la consommation de produits finis extérieurs ; on préfère maintenant signer en toute opacité des contrats extérieurs à coups de milliards de F CFA pour installer quelques lampadaires solaires, vite défectueux parce que mal suivis et coûteux en batteries que nous ne fabriquons pas !
Ainsi, on renonce de facto à créer et à développer au sein de l’Université A. MOUMOUNI une véritable unité des énergies renouvelables capable de former les personnels et de mener des recherches en produits adaptés. Au lieu de se contenter d’acheter, de consommer et de jeter, pourquoi ne chercherions – nous pas de véritables partenariats pour développer nos propres capacités de l’Université à des usines de fabrication ? C’est trop compliqué et ça ne rapporte pas gros et vite dans certaines poches dit – on ?
D’autres pays où les gouvernements sont plus soucieux de la construction nationale nous ont pourtant donné l’exemple : le MAROC a installé l’une des plus grandes centrales solaires thermiques au monde ; le Maroc sera autosuffisant et pourra exporter à terme ; plus près de nous le Sénégal, pour 7 milliards de F CFA s’est doté d’une ferme solaire pouvant fournir en permanence 160000 foyers ; le Burkina Faso a fait de même, le Mali, l’Ouganda, le Rwanda ont déjà des réalisation similaires ; il suffit d’aller sur le site de la COP pour comprendre combien nous sommes loin de nos pairs, en dehors des discours et des mots creux, en matière de réalisations et de plan énergétique.
On ne fera aucun pas dans la construction nationale et la « renaissance » restera un slogan creux si aucun sérieux n’est accordé à la planification, à la réalisation et au suivi de la construction nationale.
Le citoyen